Cinq mois après le placement de la société MIM en redressement judiciaire, une cinquantaine de salariés de l’enseigne textile avaient fait le déplacement ce mardi, au tribunal de commerce de Bobigny, où les nouvelles propositions de reprise étaient examinées. Le jugement définitif sera rendu ce mercredi à 14 heures.
Dans une ultime tentative de maintien de l’activité, un groupe de salariés a monté un projet de Scop avec l’objectif de sauvegarder plus d’une centaine de magasins. Insuffisant pour la plupart des intervenants de l’audience qui ont demandé la mise en liquidation judiciaire immédiate de l’enseigne.
L’espoir est mince mais certains veulent encore y croire. Après une première décision rendue fin mars rejetant plusieurs offres de reprises et attribuant 71 magasins à Tally Weijl et Etam, sauvant ainsi 300 emplois sur les 1500 menacés, les salariés de MIM se préparent à recevoir leur lettre de licenciement dans les mois à venir. La semaine dernière, un cadre et deux membres de la direction de l’enseigne textile ont tenté le tout pour le tout en proposant la création du société coopérative de production (Scop) chargée de reprendre l’activité, moyennant 5,6 millions d’euros.
«Tout est allé très vite, grâce à mon syndicat, nous avons obtenu un entretien avec un proche conseiller de Myriam El Khomri, ministre du Travail, très enthousiaste, mais qui nous a dit que ce ne serait pas son ministère qui signerait le prêt de 5,6 millions d’euros que nous demandions. Nous avons ensuite rencontré l’administrateur judiciaire, pris un avocat, et travaillé tout un week-end sur un business plan. Nous nous en serions voulu de ne pas avoir tout tenté pour sauver cette entreprise de renom créée il y a plus de 30 ans», motive Michaël Gharbi, délégué syndical SECI UNSA.
Une dizaine de salariés et cadres du siège de MIM à Thiais ont rejoint les initiateurs du projet, dont le DRH, Mathieu de Mesmay ou encore le directeur commercial, Loïc Bossière. «Nous n’avions ni le temps, ni l’argent de repartir avec une nouvelle équipe dirigeante. Ce projet devrait permettre de conserver 650 salariés et de maintenir 126 magasins. Nous avons des lettres de recommandation de trois fournisseurs qui sont prêts à continuer à travailler avec nous. Maintenant ça passe ou ça casse», conclut le délégué syndical soulignant qu’il s’agirait de la première entreprise succursaliste dans l’habillement à devenir une Scop et qu’elle ferait désormais l’économie des coûteux dividendes à verser aux actionnaires.
Patientant dans la salle des pas perdus du tribunal de commerce, les salariés de MIM sont plus nuancés. «La façon dont a été articulé ce projet pose problème, d’une part, on y trouve une partie des dirigeants qui nous mis dans le mur, ensuite, il ne réunit que des employés du siège, aucun employé des magasins. Enfin, il a été fait dans l’urgence, les employés en ont été informé vendredi soir, veille de week-end pascal, nous avons l’impression d’être pris dans un étau», confie Audrey Vidal, secrétaire du comité d’entreprise national de MIM. «Depuis que les difficultés se sont amplifiées, beaucoup d’employés ont pris les devants et ont commencé à chercher du travail ailleurs. A côté de cela, le climat social est devenu de plus en plus tendu. Sur les réseaux sociaux où les salariés se tiennent au courant de la situation, il y a toute sortes de rumeurs. Je pense que la plupart des salariés n’ont plus la volonté de continuer. C’est dur de penser à l’avenir quand l’activité est à l’arrêt», glisse Carole, prête à mettre fin à 13 ans de carrière chez MIM, mais guettant la décision.
Au cours de l’audience, les avocats des propriétaires, l’administrateur judiciaire et les conseillers de l’agence de garantie des salaires ont demandé la mise en liquidation judiciaire le plus rapidement possible pour limiter les pertes de l’entreprise estimées à 75 millions d’euros, jugeant le projet de Scop inabouti, non financé, et hors cadre légal. «Il faut arrêter de reculer l’échéance pour des chimères qui entraîneront de grandes désillusions pour les employés et la collectivité», a lancé le procureur. «Nous avons la trésorerie pour attendre deux semaines, développer le projet et le faire connaître au plus grand nombre de salariés, si la volonté politique se précise, nous aurons le financement. On ne peut pas balayer d’un revers de main cette activité pérenne, les salariés connaissent leur outil de travail, ce projet leur appartient, il faut leur donner l’opportunité de le tenter», a insisté l’avocat de la Scop. Le parquet a requis la mise en liquidation judiciaire avec cessation d’activité de MIM dans un délais d’une semaine, une décision qui entraînerait le licenciement d’environ 800 salariés dont un quart en Val-de-Marne.
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