Si l’organisation séparatiste basque ETA a annoncé qu’elle renonçait à recourir à la violence en 2011, et que son désarmement effectif est intervenu en avril 2017, une soixantaine de prisonniers proches ou membres de l’ETA font toujours l’objet de mesures particulières de détention. C’est dans ce contexte
qu’un mouvement de la société civile basque des Artisans de la paix, porté par l’association Bakebidea créée en 2012 pour soutenir et accélérer le processus de paix, organise une marche pou relier les prisons franciliennes qui accueillent des DPS (Détenus particulièrement signalés), avec le soutien des élus locaux basques de différents bords, et d’un certain nombre de personnalités politiques dont l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira ou d’artistes comme Marie Darrieussecq.
Rassemblements devant la prison de Fresnes les 8 et 9 décembre
Cette marche des prisons parisiennes, qui fait suite à un tour de France d’une vingtaine de prisons concernées, organisé par les associations Bagoaz, Sare et Etxerat et parti de la prison de Mont-de-Marsan le 16 novembre dernier, démarrera ce jeudi par le Centre de Détention de Réau (77) pour relier la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (91). Vendredi 8 décembre, le cortège repartira de la Maison d’Arrêt de Fleury Mérogis (91) en direction de la Maison d’Arrêt de Fresnes. Et le samedi 9 décembre, la dernière étape démarrera à Fresnes pour rejoindre la place du 18 juin 1940 située près de la gare Montparnasse, d’où partira une manifestation parisienne. Le mouvement des Artisans de la paix annonce faire venir quelque 10 000 citoyens basques à Paris à cette occasion, et affrété des trains à cet effet.
Cette manifestation intervient un an après le rassemblement de Louhoussa, au Pays Basque, lors duquel des membres du mouvement des Artisans de la paix devait symboliquement récupérer des armes de l’ETA pour symboliser le désarmement de l’organisation, mais qui avait donné lieu à l’interpellation de cinq personnes, accusées de port et détention d’armes et d’explosifs en relation avec une entreprise terroriste. Une série d’interpellations qui avait suscité l’indignation et entraîné des milliers de personnes dans la rue à Bayonne le lendemain, avant leur libération. Finalement, c’est le 8 avril que l’ETA a rendu les armes, en indiquant aux autorités les emplacements de huit caches d’armes et d’explosifs qui ont permis de récupérer quelques 3,5 tonnes d’armes et explosifs. A cette occasion, près de 20 000 personnes avait fêté cette journée du désarmement à Bayonne (photo de une).
Si l’organisation basque ne figure plus en priorité sur la liste des entités terroristes à surveiller, les En 43 ans, les 829 morts imputés à l’ETA durant sa quarantaine d’années de lutte ont néanmoins laissé des traces et les prisonniers proches de l’organisation sont toujours détenus avec un statut particulier, impliquant notamment une surveillance rapprochée. C’est ce statut particulier que le mouvement des Artisans de la paix souhaite voir disparaître, dans le cadre du processus de paix.
Avant le début du tour des prisons, une délégation basque composée du président de la Communauté d’agglomération du Pays basque Jean-René Etchegaray (UDI), du député des Pyrénées-Atlantiques Vincent Bru (Modem), du président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme Michel Tubiana, ainsi que de Michel Berhocohirigoin (collectif Artisans de la paix) et Anaiz Funosas, présidente de Bake Bidea, a été reçue au ministère de la Justice pour demander la levée du statut de DPS à sept détenus : Jon Salaberria (prison de Condé sur Sarthe), Didier Aguerre et Ibon Fernandez Iradi (Lannemezan), Itziar Plaza Fernandez (Réau), Jon Bienzobas Arretxe et Zigor Garro Perez (Saint Maur en Indre) et Asier Borrero Toribio (Poissy). Le 23 septembre dernier, la Communauté d’Agglomération du Pays Basque (représentant les 158 communes du Pays Basque) avait voté à l’unanimité une délibération appelant le gouvernement français à avancer dans le processus de paix en traitant la question des prisonniers. Le voeu appelait également à une mobilisation le 9 décembre à Paris.
De son côté, l’ETA a envoyé un signe début décembre, en indiquant dans un communiqué au journal Gara que le collectif des prisonniers basques ne répondait plus aux directives d’ETA.
Deux prisonniers basques détenus à Fresnes
A Fresnes, deux prisonniers basques restent actuellement détenus au sein de la Maison d’arrêt des hommes, précise Anaiz Funosas, présidente de Bake Bidea.
En avril 2017, le Tribunal d’application des peines de Paris avait libéré Oier Gómez Mielgo, atteint d’un cancer en phase terminale, incarcéré à Fresnes où il purgeait une peine de 15 ans suite à une course-poursuite avec les gendarmes en Creuse et en Corrèze en 2011, lors de laquelle des tirs avaient atteint à l’épaule l’un des chauffeurs des voitures de gendarmes.
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