Initiative | | 02/11/2017
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Street-art à Créteil: ce transfo symbole du vivre ensemble

Street-art à Créteil: ce transfo symbole du vivre ensemble

Le transformateur électrique, c’est cette espèce de cahute un peu encombrante qui s’impose dans les paysages et inspire toujours méfiance en raison de l’écriteau “danger de mort” systématiquement apposé sur sa porte.

Dans le quartier Mont-Mesly de Créteil, rue Robert Delaunay, le poste de transformation, qui sert à convertir l’électricité de moyenne en basse tension afin d’alimenter les logements, revêt désormais une nouvelle dimension, celle du vivre ensemble. Durant toute la première semaine des vacances de la Toussaint, une douzaine de jeunes de dix à treize ans, encadrés par le service jeunesse, un street-artiste, Cokar, et quelques parents ravis de pouvoir taguer en toute légalité, ont totalement réhabillé ce machin en béton qui trônait au milieu du parking.  Le projet, soutenu par Enedis (ex ERDF), a commencé par un peu de pédagogie pour expliquer à quoi sert ce bâtiment et quelles précautions prendre à son égard, avant de laisser libre cours à l’expression. Ce jeudi 2 novembre, c’était la fête, et il y avait même Lilian Thuram…

Une ambassade du vivre ensemble

“Nous menons avec les jeunes un projet d’ambassadeurs du vivre ensemble, qui consiste à travailler sur ce que cela signifie,  les origines de chacun,  la diversité,  la devise républicaine…  Cela passe le plus souvent par des ateliers et des visites à la médiathèque et au centre social. En juillet 2016, il y a eu un premier projet autour d’un poste de transformation, dans le quartier du Palais. Les jeunes ont été voir la réalisation et avaient très envie de le faire. Comme cela s’était bien passé la première fois, Enedis a donné son accord pour que nous reprenions cette initiative qui laisse une trace dans la ville, contrairement aux animations éphémères”, explique Hicham Hadari, animateur du service jeunesse à Créteil.

Hicham Hadari, animateur du service jeunesse

En famille

“L’artiste nous a proposé plusieurs fresques et nous avons choisi Vivre ensemble car c’est la devise de notre ville, et puis le vivre ensemble, c’est un peu comme si on était tous égaux“, raconte Djailan, en classe de CM2 à l’école Aimé Césaire, et qui habite à la Pointe du Lac. Les moments que j’ai préférés, c’est lorsque l’on a utilisé les bombes de couleur, et aussi lorsque l’on allait manger tous ensemble.” Sur un autre mur, c’est un proverbe africain,  “Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin”, qui a été écrit comme sur un parchemin, en dessous d’un coeur formé par deux mains. Sur le mur de derrière, côté rue, la devise républicaine, Liberté, égalité, fraternité,  jaillit en bleu-blanc-rouge depuis une bulle orange. “C’est mon côté préféré”, insiste Halide, le père de Djailan, qui a aussi participé et encadré l’atelier avec trois -quatre autres parents. “On nous a sollicités et pour moi c’était LA chance de pouvoir graffer sur un mur de la ville… et qu’en plus ce soit légal ! C’est comme un rêve ! ” témoigne-t-il. Sur le dernier mur, un gros cœur contient une série de mots, chacun proposé par un participant. Halide a choisi ‘partage’, Djailan ‘cohésion’, son petit-frère ‘famille’. “Et le coeur, c’est nos soeurs!”, s’exclame Djailan.

Halide et Djailan. Père et fils ont participé à la fresque, avec le petit frère et les soeurs.

Street-art à Créteil : lentement mais sûrement

Cet après-midi de fête, on joue aussi à d’autres jeux dans la rue Delaunay, mais celui qui a le plus de succès, c’est la banderole à graffer. Les murs du transformateur étant déjà remplis de couleurs, c’est désormais sur une étoffe accrochée entre deux arbres que les gamins s’exercent, en compagnie d’un autre street-artiste, Henry Hang, cristolien.  En quelques dizaines de minutes, chaque face est entièrement recouverte, du rose fuchsia au doré qui brille, et plus aucun centimètre carré n’est à découvert.

“Il y a quatre ans, nous avons commencé à réfléchir sur le développement du street-art car pas mal de demandes nous remontaient en ce sens. Dans le même temps, plusieurs artistes cristoliens, Youl, Mirk, Nubs et Henry Hang, se sont manifestés à nous comme des coïncidences, et nous ont aidés à développer des projets“, explique Laurence Naudet, chargée de mission au sein du service culturel de la ville. Des manifestations éphémères commencent à se dérouler, notamment à la galerie d’art municipale, mais aucune trace sur les murs de la ville… jusqu’à il y a deux ans. C’est en 2015 qu’une opportunité se présente. La bailleur social Valophis a un mur disponible, sur le parking des Emouleuses. Un projet se monte alors, faisant participer les riverains. “Nous avons distribué 3000 tracts pour questionner les habitants sur ce qu’ils souhaitaient, et avons eu 300 retours”, détaille Laurence Naudet. De quoi nourrir un cahier des charges pour Henry Hang et Nubs, donnant lieu à la première fresque dans la ville au printemps 2016. Suit un nouvel à projets, toujours sur le mur des Emouleuses, avec deux artistes de Saint-Ouen, Ernesto Novo et Skio. Le premier reproduit des visages d’habitants, le second joue la couleur. Depuis, Nubs a entrepris le mur de la rue Charles Beuvin, aux Bleuets, tandis que d’autres murs de gymnases et écoles étaient investis. Progressivement, le street-art a trouvé sa place à Créteil, entre oeuvres de commande et initiatives spontanées,  en bonne place du Urban Focus, un festival dédié aux cultures urbaines dans la ville qui s’étend de la fin septembre au début novembre. Cette année, l’association Partage ta rue 94 a ainsi organisé une première visite guidée du street-art cristolien, à deux roues.

Henry Hang, street-artiste, et Laurence Naudet, chargée de mission au service culturel de Créteil

Sur la porte du transformateur, il y a toujours le panneau danger de mort, soins aux électrisés, mais désormais tout entouré de ciel, un coeur à gauche, une colombe à droite…

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