Trente ans après sa création dans un garage de Saint-Maur-des-Fossés avant de s’installer à Périgny-sur-Yerres, la société Microplast, spécialisée dans la conception de produits thermoplastiques, affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros et une bonne santé. Surtout, l’entreprise a réussi à éviter la crise d’une vente brutale au départ en retraite de son fondateur, Serge Lelard, grâce à une transmission réussie à deux de ces employés.
Dans l’atelier moulage, une vingtaine de presses à injecter le plastique livrent à court intervalle des dizaines de pièces pour un constructeur automobile. « Un aspirateur vient prendre des granulés de plastique qui sont ensuite réduits à un état quasiment liquide grâce à des résistances. Une vis d’Archimède libère ensuite la quantité voulue dans un moule. Par rapport à l’époque où j’ai commencé à travailler, beaucoup d’étapes ont été automatisées mais comme nous sommes sur des volumes plus ou moins importants, nos employés doivent assez fréquemment programmer les robots, monter de nouveaux moules et s’assurer des bons réglages », détaille Thierry Rouault, l’un des nouveaux dirigeants.
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Après un équivalent de bac pro en micro-technique à Créteil, c’est à l’occasion d’un stage en entreprise que cet associé a mis pour la première fois les pieds chez Microplast en 1987, alors basée à Saint-Maur-des-Fossés, avant d’être embauché. « Au départ je ne connaissais pratiquement rien au plastique, j’ai commencé comme manœuvre, puis je suis passé technicien d’atelier, opérateur, et enfin, matiériste. J’ai gravi les échelons en cinq ans et pris la tête de l’atelier en devenant responsable de production, ce qui imposait la gestion complète de l’atelier ainsi qu’un contact permanent avec les clients ».
Egalement dirigeant, David Anger a de son côté travaillé plusieurs années en Normandie avant de débarquer chez Microplast en 1995 comme fraiseur pour la réalisation de moules, l’autre activité de l’entreprise. « Mais je n’étais pas satisfait de la machine que je devais utiliser. Je mettais une journée à travailler une pièce alors que j’avais déjà eu entre les mains des machines beaucoup plus performantes», se souvient-il. Sans ambages, David Anger s’aventure dans les bureaux de Serge Lelard et lance le défi. « Je lui ai dit que je connaissais un fournisseur qui proposait des machines bien plus efficaces et lui ai proposé de nous en faire prêter une pour qu’il me chronomètre, en lui promettant que le travail d’une journée serait effectué en une heure à peine. C’était osé, mais c’est ce qui s’est passé le jour du test!» Progressivement, le fraiseur atteint le plus haut niveau de responsabilité dans son atelier.
Anticiper son départ à la retraite
C’est au milieu des années 2000 que Serge Lelard, alors âgé de 55 ans, propose à ces deux employés devenus cadres de racheter les parts de son entreprises leur laisse la direction une fois sa retraite prise. « Nous en avons parlé à nos conjointes parce que ce sont des responsabilités supplémentaires, mais nous n’avons pas attendu longtemps avant de donner une réponse positive. Nous craignions que l’entreprise soit vendue à quelqu’un d’autre et puisse partir n’importe où. Après avoir passé de nombreuses années dedans, nous avions à cœur de continuer », raconte David Anger, qui n’a pas oublié malgré tout le stress des premières années où, pour monter la holding chargée de racheter ses parts au dirigeant fondateur, les deux cadres ont pris de lourds crédits personnels avec des cautions conséquentes. « On sait qu’il y a un risque et que si on se loupe, la maison part à la banque, mais en même temps, nous nous savions accompagnés » ajoute l’ancien fraiseur. Pour assurer la transition, Serge Lelard laisse d’abord les deux associés gérer leurs ateliers et s’occupe de l’administratif.
En 2009, au moment de la crise, l’activité de l’entreprise chancelle légèrement avec une baisse de commandes et un pôle mécanique en souffrance, mais l’activité plastique parvient à maintenir la société au-dessus de la ligne de flottaison. « Nous avons la chance d’avoir une activité très diversifiée. Pendant la crise, les autres ateliers de moulage plastique qui étaient trop dépendants du secteur de l’automobile ont mis la clef sous la porte. Mais nous travaillons également pour le milieu médical, le bâtiment, la fibre optique, la domotique et même les jeux. Parmi nos clients, nous comptons aussi quelques multi-nationales comme Tyco Electronics ou Schneider Electronics, mais nous avons également de jeunes entrepreneurs qui viennent concevoir leurs prototypes chez nous. Dans les années 90 par exemple, un homme qui avait vu quelques portes se fermer devant lui était venu voir Serge Lelard en lui soumettant son idée de clé pour ouvrir des portails. Nous lui avons fait une empreinte pour qu’il teste son idée. Il est aujourd’hui à la tête d’une société qui pèse 20 à 25 millions d’euros. C’est un pari!» explique Thierry Rouault.
Transmettre à leur tour
Désormais, les deux patrons songent à leur tour à la suite, et ont d’ores et déjà jeté leur dévolu sur leur responsable commercial d’une quarantaine d’année, arrivé il y a à peine quelques années chez Microplast. « Il avait entendu les contraintes d’un client sur les bancs de montages des constructeurs automobiles et nous a ainsi permis de développer une technologie qui leur permet de réduire considérablement leurs coûts. En observant cette initiative, nous avons tout de suite vu son potentiel pour prendre davantage de responsabilités au sein de l’entreprise», explique David Anger, aux côtés de Barthélémy Gagnon, qui s’apprête à racheter les parts du dirigeant fondateur.
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