Depuis le 19 décembre, une équipe de huit jeunes en service civique parcourt la ville de Champigny-sur-Marne à la rencontre des locataires des bailleurs Valophis et Idf Habitat, ainsi qu’une partie du parc privé. Pendant plusieurs mois, ils réalisent des entretiens à domicile pour sensibiliser à la sécurité des installations intérieures de gaz et donnent des conseils pour faire des économies d’énergie.
Installés dans un petit local au rez-de-chaussée d’un immeuble de Valophis près de la Patinoire de Champigny, Binta, Maelyn, Hawa, Christopher, Simon et Emma se préparent à sortir malgré un froid qui mord les joues, pour se rendre à la résidence “La remise du verrou”, de l’autre côté de l’autoroute A4, à 20 minutes de marche. Ils viennent de Sucy-en-Brie, Saint-Maur-des-Fossés, Tremblay-en-France, Créteil ou Villeneuve-Saint-Georges, mais commencent à bien connaître Champigny après avoir arpenté ses rues plusieurs semaines durant. « Civigaz est un projet impulsé au niveau national par les ministères de l’Écologie et de la Jeunesse, la fondation Face (agir contre l’exclusion) et financée par le groupe Grdf. Il vise à sensibiliser à la sécurité du gaz, à la maîtrise des énergies, aux éco-gestes et à l’écoute et l’orientation des personnes en situation de précarité énergétique vers les services locaux adaptés», explique Claire Kalmbacher, coordinatrice de ce projet en Val-de-Marne. Elle fait partie de l’association Pevm ( Partenariat Emploi Ville et Médiation) basée à Rungis, où les huit jeunes ont reçu une formation pendant un mois pour se préparer à ces entretiens chez les particuliers pour être capable de répondre à leurs questions. «Les logements ciblés sont équipés d’une chaudière à gaz individuel et sur Champigny cela représente un potentiel de 4000 logements. Notre équipe de volontaires a pour objectif de visiter au moins 1300 foyers. Chaque fois il faut une sacrée logistique pour prendre contact avec les gardiens d’immeubles, effectuer des boîtages de documentation et planifier des porte-à-porte», confie Mireille Duchez, conseillère collectivité territoriale pour Grdf.
Une fois arrivés devant l’entrée de la résidence, les jeunes se réunissent par binôme et entament le porte-à-porte des bâtiments qu’ils se sont vus attribuer. Hawa, titulaire d’un DUT dans le domaine de l’énergie et Simon, étudiant en science politique, sonnent chez une locataire qui entrouvre la porte. La personne d’un certain âge est un peu méfiante mais les gilets bleus et les cartes d’accréditation des deux volontaires la rassurent. La locataire les fait pénétrer dans sa cuisine. «Mon mari éteignait la chauffage la nuit pour le rallumer le matin, mais ça consomme peut-être plus que si je le laissais en marche toute la nuit non ?» demande la retraitée, «Vous avez raison, il vaut mieux baisser le chauffage plutôt que de tout couper», confirme la volontaire. Suivent quelques explications sur le monoxyde de carbone et les fuites de gaz, la vieille dame raconte avoir été alertée une fois par le comportement de ses perruches.
Parfois, les locataires n’ouvrent pas ou se sont absentés, mais ce matin, les binômes ont de la chance. Christopher et Maelyn sont invités à entrer chez une autre résidente âgée, qui n’a pas hésité à interrompre sa conversation téléphonique pour les accueillir. «Vous pouvez économiser environ 100 euros sur votre facture en débranchant vos appareils électriques et limiter votre consommation d’eau en installant un mousseur sur vos robinets» détaillent-ils, «oui j’évite de laisser les veilleuses allumées le soir et je fais attention lorsque je prends des douches», opine la retraitée.
Si les retraitées rencontrées au cours de la mâtinée semblent relativement bien informées des éco-gestes et de la sécurité sur le gaz, elles apprécient de pouvoir discuter un moment, et cela dissipe toujours quelques doutes. Les binômes sont parfois accueillis dans des appartements moins bien isolés. Ils expliquent alors qu’il ne faut pas boucher les aérations ou utiliser en continu les chauffages d’appoint. Si au cours de leur visite les volontaires constatent la précarité énergétique d’une famille, ils peuvent les orienter vers la PRET (plateforme pour la rénovation énergétique pour tous).
Une mission de service civique pour préparer l’insertion professionnelle
Parallèlement au porte-à-porte chez les locataires et propriétaires campinois, d’autres moments sont dédiés à la cohésion du groupe. «Nous avons tous des parcours différents et nous proposons aux autres des ateliers basés sur nos centres d’intérêts ou nos compétences», explique Simon, qui initie ses camarades au cinéma. Maelyn, elle, compte bien les mettre à l’Anglais. Les jeunes ont aussi su se trouver d’autres missions sur le terrain. Hawa et Binta se sont rapprochées de l’association J’aide de la chance, qui lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Christopher a préparé des jeux de société pour de futures animations en pied d’immeuble au printemps. «Le but est qu’ils soient autonomes et acteurs de leur service civique de façon à ce que cette expérience puisse être valorisée dans leurs futurs parcours professionnels. Maintenant que nous connaissons un peu les souhaits des uns et des autres, nous allons leur proposer de découvrir des métiers au sein de Grdf », reprend Mireille Duchez.
Un premier bilan sur l’impact de leur intervention auprès des foyers concernés démarrera entre avril et mai prochain. Deux groupes similaires se sont formés en banlieue parisienne à Evry et à Clichy-Montfermeil.
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