Justice | | 23/03/2018
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4,5 ans de prison ferme pour la fausse victime du Bataclan

4,5 ans de prison ferme pour la fausse victime du Bataclan © WCC Fugitron

Florence, 49 ans, s’était faite passer pour une victime des attentats du Bataclan pour empocher 25 000 euros de dédommagement. Ce jeudi 22 mars, elle a été condamnée à quatre ans et demi de prison ferme par le Tribunal correctionnel de Créteil pour escroquerie aggravée. Une peine plus importante que les réquisitions du parquet.

En décembre 2015, quelques semaines à peine après les attentats qui avaient fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, Florence s’était présentée aux membres de l’association de victimes Life for Paris (LfP) comme étant proche d’une personne gravement blessée dans l’attaque du Bataclan. Elle avait créé un faux profil Facebook au nom de la prétendue victime, l’alimentant de photos et contenus. D’abord bénévole, elle s’était ensuite rendue indispensable à l’association qui l’a salariée pendant 9 mois pour s’occuper de prestations en événementiel, et s’était même faite élire au sein de Conseil d’administration de l’association. Selon des éléments de l’enquête communiqués lors de cette audience, Florence se serait servie de tickets de concerts fournis par des proches de victimes pour en fabriquer des faux.

Déjà condamnée pour escroquerie par le passé, Florence était ensuite allée voir la police il y a un an et avait donné de nombreux détails,  montrant notamment des tickets falsifiés du concert à son nom. Inscrite sur la liste unique des victimes par le parquet, elle avait ainsi obtenu 25 000 euros du Fonds de garantie des victimes de terrorisme, près de 13 000 euros de l’Assurance maladie et des points auprès de la mairie de Paris pour l’obtention d’un logement social.

Après cinq semaines de détention provisoire à la maison d’arrêt pour femme de Fresnes, Florence, de retour devant les juges du tribunal correctionnel de Créteil ce jeudi 22 mars, a reconnu l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés et a demandé pardon aux membres de l’association Life for Paris, qu’elle a dupé, et dont certains assistaient à l’audience. “Je regrette sincèrement ce que j’ai fait, mon incarcération m’a permis de réfléchir aux troubles psy que je pouvais avoir. Je présente sincèrement mes excuses auprès des victimes que j’ai pu heurter”, a-t-elle déclaré.

La défense a plaidé la fragilité psychique de la prévenue, mais les juges sont restés inflexibles et ont même prononcé une peine supérieure à celle requise par le parquet. Les résultats des expertises psychiatrique et psychologique lus au cours de l’audience ont dépeint une personnalité narcissique, tentée de s’inventer des identités pour compenser un manque d’affection chronique. Interrogée par les juges et les avocats des parties civiles, elle a expliqué avoir cédé et commis l’escroquerie parce qu’elle rencontrait des difficultés financières et qu’elle a perdu les pédales “à force de travailler constamment pour l’association, au contact des victimes”. Soupir des membres de l’association, également victimes de ces attentats assis dans le public.

L’avocat représentant les intérêts du Fonds de garantie des victimes d’actes terroriste a tenu à expliquer comment Florence M. avait pu bénéficier des 25 000 euros sans faire l’objet d’un contrôle. “Nous avons dédommagés 2585 victimes à hauteur de 69 millions d’euros. Le fonds souhaite une indemnisation rapide des victimes. C’est pourquoi nous leur faisons confiance et nous acceptons de débloquer des fonds sur la base des pièces sommaires qui nous sont fournies (…)”. Le conseil de l’une des parties civiles a décrit “la froideur et la méticulosité avec laquelle Florence M. a été voler la vie des morts tel un charognard”, s’imprégnant des déclarations de victimes qu’elle avait pu se procurer pour les ressortir aux policiers lors de son dépôt de plainte.

Les juges ont reconnu Florence M. coupable de l’ensemble des faits lui étant reprochés et l’ont condamnée à 4 ans et demi de prison ferme, révoqué le sursis d’une amende de 4000 euros infligée lors de son précédent procès pour escroquerie en juin 2016.

“Escroquer la solidarité nationale et profiter de la souffrance des victimes de terrorisme, comme l’a fait Florence M., sont des infamies que la justice a su aujourd’hui condamner fermement. Life For Paris, dont les pensées en ce 22 mars étaient tournées vers les victimes des attentats de 2016 à Bruxelles, continuera de se battre pour aider les victimes, les proches et les aidants des attentats du 13 novembre 2015, notamment face aux escrocs et aux profiteurs de tout poil”, a réagi le président de l’association Arthur Dénouveaux, à l’annonce du verdict.

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