Entreprendre | | 29/05/2018
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A Bonneuil-sur-Marne, Pacific Colour sublime les motifs en 3D

A Bonneuil-sur-Marne, Pacific Colour sublime les motifs en 3D © Fb

Installée dans la zac des Petits carreaux à Bonneuil-sur-Marne, la PME Pacific Colour a redonné vie depuis 2014 à l’invention géniale d’un jurassien, Jean-François Chalumeau, qui consiste à imprimer tout motif de toutes couleurs sur des objets de n’importe quelle matière ou forme, par sublimation.

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Cet article s’inscrit dans le cadre de la rubrique Histoires d’entreprises et d’entrepreneurs, rédigée – en toute indépendance – grâce au soutien de la CCI du Val-de-Marne, pour donner à voir la géographie entrepreneuriale du département. Voir tous les articles publiés dans cette rubrique. 

L’encre du motif, d’abord imprimée sur un support, est chauffée pour passer à l’état gazeux avant de se re-déposer sur l’objet, également chauffé très peu de temps pour accueillir l’empreinte. Après quelques minutes au four, un flacon de parfum neutre arbore ainsi des motifs colorés incrustés, comme si le verre avait été conçu d’emblée avec les motifs.

Une technique révolutionnaire conçue en 1957, d’abord pour décorer les habits et tissus d’ameublement. Pendant plusieurs décennies, les applications industrielles de cette technique se limitent aux matériaux et objets plats, jusqu’à ce que l’ingénieur Jean-François Chalumeau n’invente dans les années 90 une machine pour sublimer en 3D. L’inventeur fonde alors la société Pacific Colour dont le modèle économique repose sur la vente des machines à des industriels, et travaille avec des grands noms comme Dupont. Mais atteignant l’âge de la retraite, le père de la décoration par sublimation 3D cesse son activité en 2006 sans en avoir anticipé la transmission. La société n’a donc plus qu’une existence statutaire jusqu’en 2014.

C’est à cette date que les époux Bonamy, qui désirent se mettre à leur compte, se prennent de passion pour le concept. “Nous souhaitions trouver une pépite et prendre du plaisir, alors, nous avons élaboré des critères de sélection des sociétés dont nous pourrions être intéressés : un savoir-faire français, un potentiel de développement grâce au numérique et une intervention au bout de la chaîne de fabrication sur un produit fini, marketable”, explique Rodolphe Bonamy, 20 ans de maison dans un groupe de stationnement urbain. “Au cours de ma carrière, j’ai eu l’occasion de travailler en bureau d’étude, en tant que commercial, puis à différents postes de direction en France et à l’international. A 46 ans, je me suis dit qu’il était encore temps de monter une belle aventure”, motive le dirigeant. Isabelle Bonamy, cadre sup au sein de la communication du groupe Sanofi,  bénéficie de son côté pendant 6 mois d’un accompagnement de son ex employeur qui dispose de son propre incubateur pour accompagner ses collaborateurs.

De la vente de machines à la vente de service

“Faute d’activité pendant huit ans, nous n’avions aucun bilan à présenter aux banques qui ne nous ont pas soutenus. Nous avons donc repris l’entreprise avec nos ressources propres et l’aide d’un ami pour environ 200 000 euros. Pacific Colour en elle-même a été reprise pour un euro symbolique mais nous avons remboursé le prêt personnel du fondateur et investi dans du matériel adapté au virage du numérique qui a bouleversé ce secteur industriel”, explique Isabelle Bonamy. Une fois aux commandes de la société, les entrepreneurs revoient le modèle économique et arrêtent de vendre des machines à des industriels pour sublimer directement des séries de produits. Ils arpentent alors les salons professionnels pour se faire connaître des sociétés et font une première rencontre déterminante. “Nous ne connaissions pas ce métier, il a fallu tout apprendre mais nous avons rapidement perçu le potentiel de cette technique que peu de gens connaissaient. La directrice marketing d’Opinel qui cherchait à faire une série spéciale de 20 000 pièces pour les 125 ans de la marque a compris l’intérêt de la technologie et nous a fait confiance. Cela nous a donné un sacré coup de pouce pour nous faire connaître!” Pour répondre à cette commande, les dirigeants font appel à dix salariés étudiants pendant l’été.

2016 : l’année du décollage

De fil en aiguille, de plus en plus de clients contactent la société mais cela ne débouche pas systématiquement sur des commandes. “Parfois certaines semaines, le téléphone ne sonnait pas. C’était des moments difficiles parce que nous dépensions beaucoup d’énergie. Nous nous étions même fixés un ultimatum à fin 2016 pour être prêts en cas d’échec à ce que l’un d’entre nous cherche un emploi”, confie Isabelle Bonamy. C’est justement à l’approche de cette date fatidique que tout s’emballe. “Les commandes ont repris et nous avons plus que doublé notre chiffre d’affaires l’année suivante. Début 2017, nous avons déménagé de nos locaux à Nogent-sur-Marne pour nous installer dans la zone d’activité des Petits carreaux à Bonneuil-sur-Marne, pour passer de 90 à 270 mètres carrés. Depuis, nous avons recrutés 7 salariés dont 4 en CDI, un en apprentissage et 2 en CDD. Dès le départ, notre but était de créer des emplois pérennes pour des jeunes”, note Rodolphe Bonamy.

SNCF, Téfal, luxe, artistes…

Aujourd’hui,  Pacific Colour a largement diversifié sa clientèle, entre la SNCF, qui leur a passé une importante commande de décoration de ses panneaux d’information passagers, Téfal, qui personnalise ses accessoires de la table, Nespresso, qui a personnalisé des coffrets par leurs soins, des marques de luxe ou encore des artisans et des artistes qui ont vu là un procédé original pour dupliquer leurs œuvres. Les machines de Pacific Coulour permettent de réaliser de la décoration de la très petite série, voire de la pièce unitaire, jusqu’à la très grande, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires.

Des photographies en haute définition sur plaque alu

La diversification est aussi technique. D’ici quelques jours, la PME mettra ainsi en service une nouvelle machine pour répondre à la demande croissante de sublimation en 2D, pour la signalétique et la photographie. Depuis plus d’un an, la société s’est en effet positionnée sur le marché encore balbutiant en France de la reproduction d’images de très haute qualité sur des plaques aluminium Chromaluxe. “C’est déjà très répandu aux Etats-Unis et au Japon, la sublimation photographique permet d’obtenir des reproduction d’images de très haute qualité, hautement résistantes avec un rendu exceptionnel. Depuis octobre 2016, la société possède l’agrément « Professionnal Chromaluxe Lab» pour la reproduction de ce type de photographie”, détaille Rodolphe Bonamy.

Une fois les supports de transfert placés sur les objets à sublimer, deux membranes viennent les comprimer sous vide. Vient ensuite la phase du four, pendant une durée de temps variant selon l’épaisseur et le matériau de l’objet.

Une fois la phase du four achevée, le support de transfert est enlevé à la main. Les pigments sont maintenant incrustés sur la bouteille de parfum.

Personnalisation de longboard

Personnalisation sur mosaïque de faïence

Personnalisation de tabourets Gouvy

Personnalisation de jantes automobiles

Personnalisation du couteau Opinel

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