Société | | 17/10/2018
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Sentiment d’abandon chez les sinistrés de la dalle de Choisy-le-Roi

Sentiment d’abandon chez les sinistrés de la dalle de Choisy-le-Roi © Fb

Dix mois après avoir été évacués de leurs appartements menacés par le violent incendie des boxes de stationnement sous la dalle de Choisy-le-Roi qui a coûté la vie à un pompier, la perspective d’un retour chez soi n’est toujours pas d’actualité pour les résidents. Une situation dramatique pour des propriétaires qui ne seront plus indemnisés par leurs assurances début janvier.

Après avoir vécu le traumatisme d’un réveil en urgence, à quatre heures du matin, en laissant leurs effets personnels derrière eux pour échapper à un danger de mort, les sinistrés de la résidence Anatole France sur la dalle de Choisy pensaient que le plus dur était derrière eux. Mais les résidents ne sont pas au bout de leurs surprises près de dix mois après le violent incendie.

Tout avait pourtant plutôt bien commencé avec la désignation d’un expert par le tribunal administratif de Melun dès le 18 janvier. Le rapport rendu deux semaines plus tard avait diagnostiqué une situation de péril grave et imminent et recommandé la mise en œuvre de travaux de sécurisation. Dans la foulée, le 2 février, le maire de Choisy-le-Roi a pris un arrêté de péril prohibant l’accès à l’immeuble jusqu’à la réalisation des travaux préconisés. Le syndic de copropriété a alors désigné une entreprise qui a engagé des travaux de consolidation des boxes de stationnement où l’incendie s’est déclaré et a fait la plupart des dégâts, provoquant un effondrement de 70 m2 au niveau -1, fissurant deux piles porteuses de l’immeuble de même qu’un escalier d’accès aux logements.

« Au départ, les délais devaient être respectés et nous étions sensés retourner dans nos appartements dans des temps raisonnables. Le maître d’œuvre devait faire évacuer toutes les épaves et les véhicules en état et finir d’étayer le 31 juillet. Mais entre temps, le 3 août, un juge du tribunal de grande instance de Nanterre a désigné un expert après avoir été assigné par des assureurs et des particuliers souhaitant être indemnisés. Il est passé le 14 septembre mais a considéré qu’il lui faudrait davantage de temps pour faire ses constations et qu’il ne rendrait pas son rapport avant mars », explique Marie-Claire, ancienne élue au syndic, qui a acheté son appartement il y a 18 ans.

Sans solution, ils menacent d’aller dormir à l’hôtel de ville

Cette nouvelle a été reçue comme un nouveau coup dur pour les propriétaires, financier celui-là. En effet, la plupart des contrats d’assurances qu’ils ont souscrits leur permet d’être indemnisés tous les mois à hauteur de la valeur locative de leur bien, or cette garantie n’est pas éternelle et doit s’interrompre à la date anniversaire du sinistre, début janvier 2019. “Qu’est-ce que l’on devient à partir de cette date ? Nous allons nous retrouver à payer un loyer en plus des charges de copropriété, des taxes et du remboursement de notre emprunt que nous payons toujours alors que nous ne vivons plus chez nous. Si aucune solution n’est trouvée, nous irons dormir à l’hôtel de ville. Le pire c’est qu’il n’y a que deux appartements en rez-de-jardin dont les planchers ont été endommagés, les autres n’ont pas été impactés. Après un hiver sans chauffage et la prolifération de rats et d’insectes, dans quel état allons nous retrouver nos logements ?”, s’indignent Ludivine et Serge, un couple de primo-accédants parents d’un bébé né peu après l’incendie.

Les propriétaires ont demandé à l’assurance du syndic de copropriété de les prendre en charge dans le cadre d’une garantie pour la perte d’usage de leurs appartements mais celle-ci s’y refuse. Pour l’assureur, l’impossibilité d’utiliser tout ou partie des locaux doit résulter d’un sinistre imputable à l’immeuble et à ce jour, l’origine de l’incendie demeure inconnue, de même que l’enquête de la police judiciaire est toujours en cours. En réaction, les propriétaires planchent en ce moment sur la création d’un collectif pour rétribuer un avocat qui leur permettrait d’agir pour réclamer leurs droits sans provoquer à nouveau un arrêt des travaux. Ils songent également à arrêter de payer les charges de copropriété.

Ces derniers jours, Didier Guillaume, maire PCF de Choisy-le-Roi et conseiller départemental, a fait parvenir à la préfecture du Val-de-Marne un courrier pour alerter sur les risques de laisser trop longtemps cette barre d’immeuble au cœur de la ville inhabitée et demander de l’aide pour reloger de façon plus pérenne les différents types de résidents. Selon la mairie, 192 personnes dont 129 adultes et 63 mineurs vivaient dans la résidence Anatole France. Certains se sont regroupés rapidement après le sinistre au sein de l’association choisyenne du square Anatole France pour obtenir des informations et envisagent également de faire appel à des avocats pour faire évoluer la situation.

De gauche à droite. La propriétaire d’un box qui s’est effondré et dont le véhicule n’a pu être identifié que grâce au numéro de série du moteur. Lucie, locataire depuis 36 ans, hébergé chez son fils et craignant en cas d’annulation de son bail de ne pas trouver un logement aussi abordable. Marie-Claire, locataire puis propriétaire depuis 1999, ancienne membre du syndic de copropriété. Fernando propriétaire depuis 1976 avec sa femme aujourd’hui handicapée, son véhicule est intact dans l’un des boxes. Il doit se débrouiller pour transporter sa compagne à ses rendez-vous médicaux et ont fait une croix sur leur voyage annuel au Portugal. Ludivine et Serge, parents du petit Enzo ont acheté cet appartement dont ils remboursent le prêt et qui depuis le sinistre éprouvent des regrets.

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