Après s’être rendu avec les enseignants devant le rectorat ce mercredi 14 mars, les élèves du lycée Mistral de Fresnes ont organisé un blocus depuis ce matin pour s’opposer à la suppression d’un des quatre postes de CPE (Conseiller principal d’éducation) à la rentrée de septembre 2018.
“Nous avons appris avec stupéfaction que le rectorat envisageait de supprimer un poste de CPE dans notre lycée à la rentrée 2018. Cette hypothèse est incompréhensible”, écrivaient il y a quelques jours les enseignants au recteur. “Notre lycée compte quatre CPE depuis sa création, sans que cela ne suscite de mesure de suppression de poste de la part du rectorat. Les effectifs ont augmenté de plus de 200 élèves depuis 2013, et, selon les prévisions du rectorat transmises au Conseil d’administration du 15 février, le nombre de 1 593 élèves devrait être atteint à la rentrée 2018. Pourquoi ce qui était admis jusque là est-il remis en cause précisément dans une phase d’accroissement soutenu des effectifs ? De plus, le public accueilli dans notre lycée évolue. Selon le diagnostic pédagogique 2013-2016 qui nous a été présenté à la pré-rentrée, entre 2013 et 2016, les PCS défavorisées ont crû de 5 points au LGT. Le taux a augmenté de manière significative à l’entrée en 2nde pro ces deux dernières années. De même, le nombre d’élèves en situation de handicap et/ou présentant des pathologies lourdes a augmenté. Nous constatons également l’accroissement du nombre d’élèves entrant en 2nde qui présentent des difficultés, tant sur le plan des comportements en collectivité que sur le plan des connaissances. La dynamique en cours réclame un renforcement de la vie scolaire, et non un affaiblissement, tel qu’envisagé, du rôle des CPE. Cette hypothèse est inacceptable”, développaient les enseignants. “Que signifierait une telle suppression de poste au regard du travail accompli ces dernières années par nos quatre collègues CPE ? Le rectorat refuserait-il de reconnaître leur travail ? Nous pouvons, enseignants du lycée Mistral, témoigner de la réalité de ce travail et de son efficacité sur les conditions d’apprentissage de nos élèves comme sur nos conditions de travail. Sans leur contribution active au conseil pédagogique, sans leur participation à tous les dispositifs de lutte contre le décrochage scolaire, sans leur appui pour faire rattraper les devoirs manqués, sans la mise en place d’heures de « surprésence » à visée pédagogique, sans leur présence systématique dans tous les conseils de classe, comment travaillerions nous dans notre lycée et quels seraient les résultats obtenus ? Sans le temps que nos CPE consacrent aux relations avec les familles, sans le temps qu’elles passent avec les collègues enseignants, notamment avec les professeurs principaux, sans les informations que nos CPE partagent sur les élèves, dans le respect de ce qu’autorisent les familles, comment pourrions nous prendre en compte la situation personnelle de nos élèves, alors même que leur situation sociale est en constante dégradation ? Sans les rappels à l’ordre dès le premier rapport informatif qu’elles effectuent, sans la prévention des incivilités, sans leur apport aux heures de vie de classe, sans leur présence pour accueillir les élèves malades lorsque l’infirmière est absente, quelle serait l’ambiance de travail ? Sans leur engagement dans le CVL et leur soutien à la Maison des lycéens, comment évoluerait l’implication de nos élèves du LGT comme de la SEP, dans la vie du lycée ? La perte d’un poste de CPE signifierait l’affaiblissement voire l’abandon de nombre de projets et de pratiques essentiels au bon fonctionnement de notre établissement : tutorat, A.R.E.S. (Aide à la Réussite en Seconde), entretiens de rentrée pour les doublants et néo-arrivants de niveau préoccupant, bac blanc, semaine d’intégration, JPO“, protestaient encore les profs.
C’est dans ce contexte qu’ils se sont rendus au rectorat pour demander audience ce mercredi 14 mars. “Nous avons appris dans le bus pour le rectorat que l’on nous proposait une audience pour la semaine prochaine mais nous souhaitions faire entendre notre voix avant le CTA qui se tient cette semaine, le vendredi 16 mars, nous avons donc maintenu notre demande“, indique un porte-parole de l’AG des enseignants, soutenue par les sections syndicales du SNES-FSU, du SNALC, de SUD Education et l’appui du SNIES UNSA-Education. En dehors d’un contact informel avec un représentant, la délégation n’a pas été reçue ce mercredi. Ce jeudi matin, les élèves ont pris le relais en organisant un blocus. “Nous espérons tenir le plus longtemps possible ce matin”, lance une élève. Ce vendredi, les enseignants prévoient à nouveau de se rendre au rectorat l’après-midi, au moment du CTA.
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