En pleine grève des cheminots, le gouvernement a ouvert un nouveau front ferroviaire depuis le port de Bonneuil-sur-Marne ce lundi matin.
Aux côtés de Guillaume Pepy, patron de la SNCF, ainsi que de ses ministres des Transports et de l’Ecologie Elisabeth Borne et Nicolas Hulot, Edouard Philippe a annoncé une réorganisation de l’activité de fret ferroviaire qui passera notamment par la filialisation et de nouvelles tarifications. Une centaine de manifestants étaient également au rendez-vous.
Outre sa proximité de Paris, le décor du Port de Bonneuil n’avait pas été choisi au hasard pour cette annonce. Cette plate-forme quadrimodale, reliée au fleuve mais aussi à la mer sans transbordement, à la route et au rail, constitue un modèle de réussite. Deuxième port fluvial d’Île-de-France, il a enregistré un trafic de marchandises par voie ferrée de 484 249 tonnes en 2017. Reconnaissant le retard pris par la France en matière de transport de marchandises par voie ferrée et fluviale, le Premier ministre a salué le port val-de-marnais comme un modèle de réussite.
Car le regain d’activité du port de Bonneuil en matière de ferroutage fait figure d’exception. Le transport de marchandises par voie ferrée ne représente plus aujourd’hui que 11% du trafic alors qu’il comptait pour 26% des flux en 1990. Et Fret SNCF, l’établissement public de la SNCF qui assure l’activité de transport ferroviaire est endetté à hauteur de 4,3 milliards d’euros. La demande est pourtant là et les quelques dirigeants d’entreprises installées sur le port de Bonneuil qui ont pu s’entretenir avec Edouard Philippe ont demandé la création de davantage d’infrastructures ferroviaires, expliquant que le manque de faisceaux limite pour l’instant la croissance du trafic.
“Si nous sommes venus ici aujourd’hui, c’est pour attirer l’attention sur cette question du fret qui nous parait essentielle en particulier en région dense où le réseau routier est déjà saturé. Ce mode de transport est moins coûteux et plus écologique, ils est donc important de remonter la pente et de développer davantage le transport ferroviaire et fluvial de marchandises. J’ai demandé à la ministre des Transports de se rapprocher notamment de la SNCF pour réfléchir à une nouvelle organisation, comme la filialisation, à de nouvelles tarifications, pour réaliser de meilleurs investissements dans le réseau capillaire”, a annoncé Édouard Philippe.
“J’ai le sentiment que le premier ministre a été à l’écoute des professionnels. Le port de Bonneuil fait la démonstration que ce modèle fonctionne. Nous avons encore de grandes marges de manœuvre. Il faut simplement pallier le manque d’infrastructures pour pouvoir absorber le volume de trains de marchandises que nous sommes prêts à compléter. Cette volonté affichée par Edouard Philippe est de bon augure pour tout le département avec les sites de Valenton et de Villeneuve-Saint-Georges”, s’est réjoui Eric Fuchs, directeur de l’Agence Seine Amont de Port de Paris Haropa, l’établissement public qui dépend du ministère de l’Ecologie et qui gère notamment le port de Bonneuil. Le port,qui accueille déjà environ 150 entreprises générant près de 2500 emplois directs, bénéficie également du chantier du Grand Paris Express et a été choisi pour accueillir une plate-forme de tri de 3,3 hectares opérée par un prestataire de la SGP (maître d’ouvrage du Grand Paris Express), en parallèle du port de Bruyères-sur-Oise.
Une centaine de manifestants à l’entrée du port
Un “comité d’accueil” d’une centaine de manifestants attendait aussi le convoi des ministres à l’entrée du port de Bonneuil ce lundi matin. “Nous ne pouvions pas les laisser venir déambuler dans le Val-de-Marne sans confrontation après toute la mise en scène médiatique de ces derniers jours où le président a continué à dérouler sa politique tout en affichant du mépris pour ceux qui s’opposent. Il y a parmi nous des cheminots, des territoriaux, des retraités, des jeunes, des employés de l’énergie, de la grande distribution, de la collecte de déchets. Nous allons lui montrer qu’il y a une convergence des luttes”, envoie Cédric Quintin, secrétaire départemental de la CGT.
“Sur la question du fret, il faut voir ce qu’il se passe au-delà de l’effet d’annonce sur la question du ferroutage. Nous avons déjà subi les effets des réorganisations imposées il y a quelques années lorsque la décision a été prise de basculer le trafic sur la route. A Villeneuve-Saint-Georges, ce sont près de 600 emplois qui ont été supprimés”, rappelle Yann Pirolli, secrétaire général de la CGT Cheminots à Villeneuve-Saint-Georges.
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