La relance du transport fluvial en zone dense par le chantier du Grand Paris Express va se concrétiser un peu plus avec la réalisation d’ici quatre mois d’une plateforme pour traiter et évacuer les déblais de la ligne 15 sud depuis le port de Bonneuil.
De grands opérateurs du domaine fluvial tel que Voies Navigables de France, Haropa Port de Paris Seine Normandie, ainsi que la Société du Grand Paris, la préfecture de région et la ville de Bonneuil ont signé ce jeudi une convention pour l’installation d’une unité de traitement de déblais voués ensuite à être évacués par barges vers des filières de revalorisation. La plateforme va être bâtie sur une emprise de 3 hectares louée par le port de Bonneuil jusqu’en 2022 et doit permettre le traitement de près d’un demi-million de déblais. Le montant de cette plateforme avoisine 8,5 millions d’euros qui vont être financés à 56% par l’Etat dans le cadre du plan État-Région et à 44% par Haropa. Cette initiative vise à mettre un coup d’accélérateur au transport par voie fluviable, qui, à court terme, favoriserait l’acceptabilité sociétale du chantier du siècle en amoindrissant son impact sur la circulation routière, et à plus longue échéance, transformerait profondément la façon d’approvisionner les métropoles.
Il suffirait d’une barge de 5000 tonnes naviguant sur la Seine ou la Marne pour éliminer 250 camions du réseau routier francilien. Pourtant, à l’heure actuelle, le transport fluvial en région Île-de-France ne pèse pas lourd face au transport routier. “Le réflexe voie d’eau est encore trop faible. Il s’agissait avant la révolution industrielle du moyen de transport dominant et il a ensuite été petit à petit oublié. De nombreuses études estiment que nous pourrions multiplier par quatre l’activité fluviale actuelle sans impact financier sur nos infrastructures. Paris et toutes les grandes conurbations françaises confrontées à la saturation de leur réseau routier envisagent de plus en plus de poursuivre leur croissance en développant le transport par voie fluviale “, assure Thierry Guimbaud, directeur général des Voies Navigables de France.
Comment trie-t-on les déblais ?
La convention a désigné le groupement gestionnaire du lot T2B entre les futures gares de Créteil l’Echat et Bry-Villiers-Champigny pour assurer la gestion du centre de traitement des déblais générés par le tunnelier. Les boues vont devoir faire l’objet d’analyses pour s’assurer qu’elles n’ont pas été polluées. Dans ce cas, il faut parler de terres inertes, voire nobles. Elles peuvent être utilisées dans les travaux publics pour combler des carrières, dans le revêtement des routes ou dans des aménagements paysagers. “Après cinq jours d’analyse, si nous constatons que les déblais sont pollués, nous les envoyons sur notre site de dépollution au port de Bruyères-sur-Oise. Si les taux de pollution sont plus importants, ils partent en traitement en Belgique où la législation est plus souple. Une fois traités, ces déchets partent dans des filières spécifiques”, explique Karim Lalmas, référent Grand Paris pour Haropa.
Au terme de la convention qui s’achève en 2022 se posera alors la question de la suite à donner à la plateforme. Desservie par l’une des darses du port de Bonneuil, une ligne de chemin de fer et bientôt la RN406, elle pourrait continuer à servir de centre de traitement de déblais. La Société du Grand Paris et Haropa réfléchissent à l’implantation d’un site similaire à Lagny-sur-Marne lorsque les travaux de la ligne 16 auront commencé.
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C’est quand même incroyable de lire les propos d’un responsable référent du GP qui dit :”Si les taux de pollution sont plus importants, ils partent en traitement en Belgique où la législation est plus souple.”
La Belgique et la France c’est le même continent, la même communauté européenne.
comment peut-on considérer qu’il soit acceptable pour les Belges ce que l’on s’interdit en France?
Mais il est vrai que les Belges sont moins bêtes qu’on ne le dit: ils retraitent les pollutions de leurs voisins à bon prix sans doute. Il n’y a pas de sot métier dit-on.
Mais je ne devrais pas être aussi dur sur cet article: la meilleur nouvelle c’est quand même que ces terres partent sur la voie navigable et non plus sur les routes et autoroutes. On devient peut être raisonnable…à défaut de respecter les délais, mais çà c’est une autre histoire.
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