Ce lundi 11 juin, c’est une résidence de 22 logements sociaux toute neuve qu’ont inaugurée les élus de Joinville-le-Pont, à deux pas de la Marne. Il y a neuf mois, la commune a vendu l’ensemble de son parc HLM au bailleur social Polylogis, pour se conformer à la nouvelle loi tout en gardant la main.
La réforme de la Métropole du Grand Paris a en effet transféré cette compétence aux territoires. Si certaines villes ont accepté de voir leur OPH fusionner avec ceux de leurs voisines pour constituer un OPH au niveau de l’EPT, d’autres ont préféré céder leur parc à l’OPH départemental, Valophis Habitat, à un autre bailleur social, comme ce fut le cas à Joinville ou Vincennes, ou encore créer une société ad hoc pour externaliser la fonction tout en gardant le contrôle. Voir article détaillé de l’époque. Pour les communes en effet, l’un des enjeux de cette transition fut de garder un oeil sur leur parc. Car ce-sont les maires que les locataires sollicitent en cas de problème, ce-sont les maires à qui les habitants demandent un logement social, et ce-sont encore les maires à qui les riverains demandent des comptes quand s’érige dans un quartier un programme de logements sociaux.
A Joinville, le choix fut fait de céder les 1437 logements du parc à Logirep, une filiale de Polylogis (80 000 logements à ce jour), groupe appartenant à la société d’économie mixte Adoma (Etat et Caisse des dépôts), aux banques Crédit mutuel et Crédit coopératif, et à la coopérative européenne Lhedco. L’opération a été adjugée 75 millions d’euros en plus de garanties comme le maintien du personnel de l’OPH, et même l’installation du siège départemental de Logirep à Joinville. Neuf mois après la transaction, les projets se sont poursuivis et au-delà des 22 logements PLS (catégorie de logement social destinée aux revenus intermédiaires) inaugurés ce lundi, le maire LR de la ville, Olivier Dosne, a pu rappeler l’éclosion d’ici à 2019 de 63 autres appartements PLS en face de la mairie et de 17 en accession à la propriété sur l’ancien site Essilor. De quoi maintenir la proportion de 27% de logements sociaux en ville.
Concernant le fonctionnement au quotidien, l’élu insiste sur le maintien du lien de proximité entre la ville et la gestion du parc social. “Nous avons deux réunions par mois avec le directeur départemental et des élus pour faire le point sur les demandes, les revendications, les projets. Cela confère une bonne réactivité, même si nous n’avons plus la main comme avant pour donner le coup de peinture tout de suite”, détaille le maire qui avance également les 40 millions d’euros de budget d’investissement en nouveaux logements et les 30 millions d’euros de réhabilitation sur lesquels le bailleur s’est engagé. “J’ai également conservé toutes les attributions de logements ville et le maintien de l’antenne locale, qui sera bientôt l’antenne départementale”, ajoute le maire. Du côté de la CNL, organisation représentant les locataires, on ne partage pas le même avis. “Nous avons perdu en représentativité et en proximité. Avant, nous avions quatre représentants au sein de l’OPH de Joinville. Aujourd’hui, nous n’en avons plus qu’un seul au sein du Conseil d’administration de Logirep, et ce n’est pas un Joinvillais“, témoigne Alain Gaulon, président de la CNL Val-de-Marne.
Au sein de la résidence Espérance, dans le quartier Barbusse, l’Observatoire du vivre ensemble à Joinville-le-Pont (ex Collectif Habitants Espérance) créé fin 2015 pour stimuler le dialogue entre les habitants et les initiatives pour mieux vivre ensemble, a aussi déchanté. “Nous avions obtenu des avancées grâce à un dialogue avec l’OPH et avec la ville, mais la situation stagne à nouveau depuis la reprise par Logirep”, regrette Marie, présidente de l’association. L’observatoire vient d’envoyer une lettre ouverte au maire pour faire état de ses doléances et réclamer une réunion avec les locataires. Parmi les points de crispation : un bloc de boites aux lettres qui reste accessible à tous et se trouve donc régulièrement vandalisé, un seul gardien depuis plusieurs mois au lieu de trois précédemment, la surcharge du local poubelle, les difficultés de stationnement, et la lenteur dans le traitement des problèmes. “Nous sommes conscients des avancées qu’il y a eu avant mais aujourd’hui, plus rien ne bouge. Notre objectif n’est pas de susciter la polémique mais nous voudrions que le maire vienne nous écouter“, plaide la présidente de l’observatoire. De son côté, le maire rappelle “l’installation des caméras, la fermeture d’une salle culturelle qui était devenue cultuelle, l’installation d’associations culturelles, la reconquête des pieds d’immeuble…” et annonce la poursuite de la résidentialisation d’Henri Barbusse en intégrant des projets associatifs, citant l’ouverture d’une salle de boxe sous le bâtiment E en partenariat avec l’ex champion de boxe Mamadou Thiam – qui l’a coaché personnellement.
En attendant, ce matin, c’est à l’une des habitantes du nouveau bâtiment de la rue de Joinville que le maire a eu à faire avant de couper le ruban bleu-blanc-rouge. Celle-ci se plaignait de fuites récurrentes depuis son emménagement en décembre. “On en a marre d’habiter sous la pluie”, lâche la locataire. Du côté de Logirep, on la rassure. Les travaux ont été faits sur son appartement, après recherche de fuite par liquide coloré, mais il reste à effectuer les travaux encore au-dessus pour régler définitivement le problème, indique le bailleur. En dehors de ces petits soucis d’étanchéité, l’extérieur du bâtiment est très réussi et prouve que l’on peut faire du beau logement social, qui se fond parfaitement avec son environnement, s’est réjoui le maire. C’est représentatif de la qualité et de mixité des logements construits dans les villes de la circonscription, a abondé Michel Herbillon député LR.
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Ces quelques logements sociaux qui viennent d’être inaugurés à Joinville auraient dû être construits par notre Office Public de l’Habitat, dirigé lors du premier mandat du maire par la conseillère départementale Chantal Durand. Elle a été écartée lors du second mandat, et la construction a été réalisée par Logirep.
Ultérieurement la Municipalité vendait l’OPH à Logirep (la gauche votant contre mais soutenant publiquement l’opération, sans les écologistes bien entendu). L’affaire est mainenant dans le sac !
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