Transports | Val-de-Marne | 25/10/2018
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L’interopérabilité 15 Est-15 Sud de plus en plus compromise

L’interopérabilité 15 Est-15 Sud de plus en plus compromise © Fb

La manif de ce jeudi 25 octobre pour exiger le maintien de l’interopérabilité entre les futures lignes 15 Sud et 15 Est du Grand Paris Express n’a fait que confirmer la crainte de la quarantaine d’élus et riverains qui s’étaient rassemblés devant le siège de la Société du Grand Paris (SGP), maître d’ouvrage du futur métro.

Les élus du territoire Marne et Bois et du Val-de-Marne ont pu compter sur les riverains du chantier Grand Paris Express de Champigny-sur-Marne, lesquels avaient rempli un car complet pour exprimer leur colère de s’être fait raconter depuis plusieurs années que les nuisances qu’ils endurent en raison des travaux d’entonnement permettant cette interopérabilité risquent de n’avoir servi à rien malgré les discours récurrents de représentants de la SGP leur vantant la praticité de ce futur métro en boucle. L’interopérabilité, qui doit éviter d’avoir à changer de ligne pour effectuer le trajet en boucle, en allant par exemple directement de Créteil à Val-de-Fontenay, fait toujours partie des 770 pistes d’économie qui tiennent la corde sur les 1200 envisagées dès ce printemps pour réduire la facture globale du chantier du siècle de 10 %. Malgré les investissements déjà engagés pour l’interopérabilité, ne pas aller au bout éviterait en effet d’autres travaux et nuisances défend la SGP. L’interconnexion resterait, mais avec un changement de quai.

Informé de la manifestation le jour même du Conseil de surveillance de la SGP, l’établissement public avait préparé sa copie. Le président du Conseil de surveillance, Thierry Dallard, a reçu en personne la délégation, leur présentant une petite animation pour expliquer les inconvénients de l’interopérabilité. “Ils nous ont diffusé un film pour nous faire la démonstration que l’interopérabilité ne servait à rien et que le Grand Paris Express fonctionnerait très bien sans. Il y a cinq ans, ils ont convaincu les élus de la pertinence et de l’efficacité d’un tel système pour se rendre compte aujourd’hui que ce n’était plus vrai. Comment pouvons-nous avoir confiance en la SGP si elle est susceptible de changer d’avis régulièrement ?”, questionne en sortant Christian Fautré, maire de Champigny.

“C’est une présentation pour le moins ubuesque à laquelle nous avons assisté. M. Dallard nous a fait un exposé à charge contre l’interopérabilité à Champigny entre les lignes15 SUD et 15 EST remettant en cause avec une légèreté déconcertante plus de 10 ans de travail des techniciens et ingénieurs de la RATP  et d’IDF mobilités“, réagit de son côté le maire de Fontenay, Jean-Philippe Gautrais.

“Nous devions gagner un temps précieux sur nos déplacements alors nous étions enthousiastes et avons accepté les nuisances. Depuis deux ans maintenant, je dois prendre des médicaments et dormir avec une machine parce que j’ai développé des problèmes respiratoires à cause de la poussière. On nous avait dit que nous étions partis pour cinq ans. C’est un gâchis d’arrêter les travaux maintenant, une bourde énorme”, confie Najat, qui habite le quartier Salengro depuis 27 ans.

La SGP s’est-elle faite forcer la main en 2012 ?

De source proche du dossier, on laisse toutefois entendre que l’interopérabilité ne faisait pas l’unanimité au sein de la SGP dès le départ, mais que cette option était alors poussée par le précédent gouvernement. «L’interopérabilité résulte de décisions prises à l’été 2012 qui se sont imposées à la Société du Grand Paris. En 2018, alors que je prends mes fonctions et qu’il est encore temps d’étudier toutes les alternatives techniques, je souhaite à la fois partager mes interrogations sur les conséquences de ce choix, en discuter avec tous les acteurs concernés et aboutir à une décision collective dans le plus large consensus possible», a du reste fait valoir Thierry Dallard.

Toujours est-il que la documentation de l’enquête publique allait dans le sens de cette boucle, et que l’ensemble des temps de trajet ont été calculés sur cette base.

Le conseil de surveillance, qui s’est tenu après la réception de la délégation,  a également abordé le sujet. “Il a pris note de la poursuite par la Société du Grand Paris de la concertation avec l’ensemble des acteurs concernés, en présence d’Île-de-France Mobilités. Il s’agira d’analyser d’ici le printemps prochain l’ensemble des impacts de l’interopérabilité sur les calendriers et les modalités de réalisation des lignes 15 Sud et 15 Est”, indique la SGP dans un communiqué, précisant que  le président du directoire de la Société du Grand Paris “a accueilli favorablement les demandes de la délégation d’organiser des réunions publiques et de poursuivre les travaux dans un groupe de travail.

Double peine ?

Les élus ont aussi eu confirmation d’une possible double peine, au cas où l’interopérabilité serait annulée, celle de la nécessité de reconvoquer une enquête publique modificative pour la ligne 15 Est, ce qui occasionnerait 18 mois de retard supplémentaire… “Ces décisions fragilisent le projet de prolongement de la ligne 1 du Métro et pénalisent les populations de l’Est Parisien bien au-delà de la seule ville de Fontenay-sous-Bois. Au risque de me répéter, Fontenay-sous-Bois n’est pas la seule impactée par ces décisions. Ces projets sont utiles et nécessaires pour les plus de 100 000 voyageurs/jours qui passent par Val de Fontenay. Pour l’ensemble des usager.e.s de la Seine et Marne pour qui cette gare est leur porte d’entrée vers Paris.  L’outil de rééquilibrage entre l’est et l’ouest est en train de dérailler”, déplore Jean-Philippe Gautrais.

Habitant de Champigny à la retraite, Claude n’a pu résister au bruit des machines et aux conséquences des travaux sur son cadre de vie, qui a vendu son appartement à un jeune couple travaillant en horaires décalés et est parti s’installer dans un coin plus calme de Champigny. “Une partie de ces travaux ont été payés par les impôts. Cet argent a donc été dépensé pour rien ? Entre temps de nombreux commerces ont fermé. Sans cette jonction, la valeur immobilière du quartier risque d’être dépréciée”.

 

 

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