Le nouveau ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’est rendu à Champigny-sur-Marne pour rencontrer les agents de police ce dimanche 21 octobre, dans le double contexte du tollé déclenché par la diffusion d’une vidéo montrant des agents se faire insulter par des jeunes aux Boullereaux, et de l’arrivée des 25 policiers dans le cadre de la Police de sécurité du quotidien. Un renfort bienvenu mais qui ne constitue qu’un morceau du puzzle.
Annoncés depuis le début de l’année, dans le cadre du dispositif de police de sécurité du quotidien que Champigny fait partie des quinze premiers sites à expérimenter avec renfort d’effectif, les 25 agents supplémentaires du commissariat du Bois l’Abbé ont pris leurs fonctions fin septembre. Un renfort notable pour la circonscription de police qui passe ainsi de 135 à 160 agents. Concrètement, ces 25 policiers composent une nouvelle brigade baptisée Brigade territoriale de contact (BTC) qui aura à la fois une mission d’intervention et de sécurisation mais aussi de contact avec les populations.
La ville s’engage sur la vidéosurveillance
Champigny-sur-Marne faisait déjà partie depuis 2013 d’un dispositif spécifique, la ZSP (Zone de sécurité prioritaire), qui demeure. Cette ZSP dédiée aux quartiers Bois l’Abbé et Mordacs vise à renforcer le travail judiciaire et la coopération entre les services. La police nationale est par ailleurs complétée localement d’agents municipaux de surveillance de la voie publique, de médiateurs et d’associations. “Pendant de nombreuses années, la police a été en sous-effectif à Champigny“, rappelle Christian Fautré, maire PCF de la ville, qui se réjouit de cette arrivée et indique que la ville, qui met aussi des moyens humains et techniques à disposition, va prochainement signer un contrat à ce sujet avec l’Etat pour préciser ses engagements, concernant notamment l’installation de caméras mobiles de vidéosurveillance. “Il faut que policiers et habitants se connaissent mieux. Nous sommes prêts à ce que notre service prévention jeunesse échange avec les jeunes pour expliquer pourquoi la police est utile“, plaide l’élu.
Un rattrapage d’effectif
De son côté, Yoann Maras, délégué Alliance police nationale Ile-de-France, rappelle également que ces 25 nouveaux policiers viennent renforcer des équipes qui avaient été fortement diminuées. “La BST (Brigade de sûreté territoriale) de Champigny était passée de 30 à 7 agents“, calcule le policier.
Traitement judiciaire et réponse pénale
Pour ce dernier, il convient aussi de compléter les effectifs de l’unité de police judiciaire, le Saip (service de l’accueil et de l’investigation de proximité). “L’Etat a mis l’accent sur ce qui se voit en mettant du bleu dans les rues mais il faut pouvoir traiter les nouveaux dossiers rapportés par la BTC. Surtout, la réponse pénale doit suivre. Sinon, à quoi cela sert-il d’interpeller des personnes que l’on retrouve dans la rue le jour d’après ? Cela crée un sentiment d’impunité totale qui explique les scènes comme celle qui a été partagée sur les réseaux sociaux. Ce qui m’hallucine n’est pas la vidéo elle-même mais le fait que les gens découvrent seulement une situation qui nous arrive tous les jours“, poursuit le délégué syndical. Dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux ces derniers jours, une scène filmée une nuit du mois d’août dans le quartier des Boullereaux, montre un agent qui se laisse stoïquement insulter par des jeunes, au pied d’un immeuble. “Si la police avait procédé à une interpellation pour outrage, il y avait neuf chances sur dix pour que cela dégénère en violence urbaine. Et puis, ce que l’on ne voit pas sur la vidéo, c’est qu’il y avait beaucoup plus de monde autour. Ce que l’on ne voit pas non plus sur la vidéo, c’est qu’il y a eu un échange calme ensuite“, détaille le policier.
Concilier prévention et répression
Concernant le travail de lien avec la population et en même temps de répression, Yoann Maras s’avoue dubitatif. “C’est compliqué pour des agents qui se sont faits insulter par des jeunes dans la rue de s’asseoir au tour d’une table avec eux le lendemain pour aborder leurs problèmes sociaux. Au sein de la police, il y a une mission prévention, communication, c’est leur rôle. Les agents sur le terrain, eux, sont là pour protéger les personnes et les biens“, développe le délégué syndical. “Pour moi, il n’y a pas d’opposition entre répression et contact avec les habitants, considère pour sa part Christian Fautré. Du temps de la police de proximité, on voyait régulièrement la police et cela rassurait. La présence de services publics en général est nécessaire sur le terrain.”
En amont de la répression et de la réponse pénale, le maire insiste également sur la prévention au sens plus large. “C’est bien que le ministre de l’Intérieur se soit déplacé mais la réponse sécuritaire seule ne suffira pas pour éviter que d’autres gamins ne tombent dans le deal. Il faut aussi de l’éducation, du sport, de la culture, des emplois aidés…”, explique l’élu.
L’enjeu financier du trafic de drogue
Pour Yoann Maras, la grosse difficulté, en termes de prévention, est l’ancrage du trafic de drogue. “Comment donner envie à un gamin d’étudier pour gagner 1000 euros par mois alors qu’un point de deal rapporte 10 000 euros? Et que la réponse pénale, insuffisante, ne fait pas peur et ne sert pas d’exemple ? Lorsque nous “pétons” un point de deal, il se reconstitue immédiatement. Et lorsque nous allons au tribunal correctionnel voire la suite de nos affaires, nous avons l’impression de travailler dans le vide” pose le policier qui défend, pour les acheteurs, le principe d’une amende par contravention pour taper au portefeuille tout en évitant une procédure de police judiciaire. Pour le maire, il convient de se donner les moyens pour casser les réseaux rapidement afin d’éviter ces exemples.
“Le Bois l’Abbé n’est pas une zone de non droit”
Dans un communiqué, l’élu a toutefois appelé à éviter “un quelconque amalgame, entre la vie du Bois l’Abbé et de ses habitants, avec les trafics et méfaits divers qui ne font en rien de ce quartier, une zone de non-droit.” “Bien au contraire, j’ai fait écho à la vie « normale » de milliers de salariés, d’étudiants, de retraités ; à la vie citoyenne et associative qui y existe, aux réalisations qui s’y opèrent, et à l’urgence que des moyens nous soient accordés pour pouvoir mettre en œuvre l’ANRU 2. Nous devons reconstruire l’école Jacques Solomon, et maintenir la présence des services publics qui jouent un rôle indiscutable dans la cohésion et le lien social“, insiste Christian Fautré, rappelant que pendant la visite du ministre dans le mail Rodin, “la vie du Bois l’Abbé continuait : les enfants jouaient dans le square, des jeunes se rassemblaient sur la place du marché, une scène du film de Kerry James se tournait ….” Et d’ajouter que le Tribunal qui a jugé les incidents du réveillon du jour de l’an, a donné une suite positive à la plainte pour atteinte à l’image de la ville et de ses habitants.
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Entassez des gens dans des quartiers qui se transforment très vite en ghettos, ne leur donnez pas de travail et, pire, ne leur donnez pas d’espoir…alors ils se regroupont en bandes comme jadis les Chauffeurs, les Écorcheurs ou les Routiers et ils feront leur lois eux mêmes..!
Chaque année voit le besoin de policiers nécessaire au maintien de l’ordre dans ces quartiers augmenter…aujourd’hui il en faudrait 300 et on nous en envoie 25. Dans ces conditions soyez assuré qu’il en faudra 350 l’année prochaine…
Par votre laxisme et vos théories sulfureuses, vous avez créé un monstre et maintenant qu’allez vous faire..?
Le problème n’est pas tant la police, mais la justice et ses décisions.
Beaucoup des peines prononcées ne sont pas exécutées faute de place, d’où l’impunité.
Il faut des peines exécutées de travaux d’intérêt général avec l’encadrement adéquat ( tu casses, tu répares immédiatement en travaillant ). Pour la délinquance non psychiatrique, les remises de peine en prison, ne doivent se faire que si la personne prépare un travail pour que sa sortie puisse avoir lieu avec de bonnes chances de ne pas y revenir.
“C’est bien que le ministre de l’Intérieur se soit déplacé mais la réponse sécuritaire seule ne suffira pas pour éviter que d’autres gamins ne tombent dans le deal. Il faut aussi de l’éducation, du sport, de la culture, des emplois aidés… », explique l’élu.”
Toujours cette forme de déresponsabilisation de la part d’une certaine gauche. Et ces jeunes, ils n’ont pas de parents ? Quid de la responsabilité de leurs géniteurs ? Pourquoi est-ce que ce serait exclusivement à la société de payer/réparer la démission des parents ?
Par ailleurs, qui a créé ces ghettos urbains où se concentre la misère économique/sociale/culturelle ? Les élus locaux (et en particulier communistes) n’auraient-ils pas une part de responsabilité ? Trop facile après de hurler en admonestant l’Etat qui les aurait laissés tomber !
Ces ghettos comme vous dites ont été créés à une époque pour vider les bidonvilles (notamment à Champigny où il y avait le plus grand d’Ile De France). Sauf que le problème est que quasiment uniquement les villes communistes ont acceptés de construire ces logements sociaux tandis que les mairies UMP ou autres ne voulaient absolument pas en construire et d’ailleurs ces villes prennent encore aujourd’hui des amendes car ils n’en ont pas assez. Peut être que les coupables ne sont pas ceux que vous désigniez .
Je ne vois pas ce que viennent faire les villes “UMP” dans l’histoire. Qu’est-ce qu’empêchait les villes PCF d’inclure des programmes d’accession à la propriété dans leur territoire ???? Personne !
Par clientélisme et idéologie (les “bourgeois” sont des ennemis de classe), les communistes ont volontairement construit exclusivement des HLM. Que ces communes en assument les conséquences politiquement, financièrement et moralement. Leurs villes sont devenues des ghettos où le mal-vivre est généralisé et la délinquance avérée [et pas combattue par les maires communistes car, à leurs yeux, les délinquants sont avant tout des “victimes” du système capitaliste d’où leur refus de créer des polices municipales (cf. Ivry) ou lorsqu’elles sont crées leur refus de les voir assumer une mission répressive (cf. Vitry)].
Cette politique de ghettoïsation doit être combattue et Vlaérie Pécresse a pleinement raison de refuser l’aide financière de la région aux communes qui s’entêtent à construire des HLM là où leur pourcentage est déjà trop élevé.
Pour finir, je vous précise que la loi SRU est, pour moi, une très bonne loi car elle impose un minimum de logements sociaux dans toutes les communes. La mixité sociale est importante. Mais cette mixité doit être aussi pratiquée à gauche en obligeant les communes communistes notamment à construire autre chose que des logements sociaux.
Je ne suis pas socialiste n’ayant jamais voté à gauche mais en tant que gaulliste, je suis en effet favorable à la mixité sociale.
Votre analyse des tours si elle est factuellement exacte pour ce que j’en ai lu concernant certains quartiers n’est cependant pas le fruit de la volonté de leurs occupants (je vous rappelle qu’ils sont locataires et ne choisissent donc pas contrairement à un acheteur où ils seront logés) mais de certains offices HLM aux pratiques dévoyées.
D’ailleurs, en votre qualité de votant FN, vous devriez prôner également la mixité car c’est justement cette absence de mixité qui engendre des ghettos où l’islam politique se répand.
Enfin, vous semblez confondre mixité et multiculturalisme (que je réprouve) puisque, à vous lire, mixité = vivre avec des algériens, tunisiens etc… Oserais-je vous rappeler que les “basses” classes sociales ne sont pas exclusivement constituées de familles d’origine étrangère.
Seul point d’accord: effectivement ceux qui prônent la mixité ne sont pas toujours ceux qui la pratiquent (les enfants de profs en particulier qui sont bien souvent dans le privé alors que lesdits profs sont très majoritairement de gauche).
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