Mouvement social | | 09/03/2018
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Manifestation contre le projet de loi Asile et Immigration

Manifestation contre le projet de loi Asile et Immigration © Fb

Un rassemblement est organisé ce vendredi à 17 heures devant la préfecture de Créteil pour demander le retrait du projet de loi Asile et Immigration. Les associations et syndicats du Val-de-Marne qui accompagnent étudiants et travailleurs sans papiers dans leurs démarches de régularisation dénoncent un durcissement des critères et des mesures d’expulsion.

“Le gouvernement prétend que ce projet de loi doit rendre le droit d’asile effectif, or, il est en train de se passer l’inverse, avec de plus en plus d’embûches pour les sans papiers qui souhaitent déposer des demandes”, déplore Pablo Krasnopolsky, porte-parole du Réseau Education Sans Frontières en Val-de-Marne. Les associations et syndicats défendant les réfugiés, travailleurs et jeunes scolarisés sans papiers, qui tenaient une conférence de presse ce mercredi,  dénoncent un projet de loi qui entraîne de nouvelles régressions. “Le futur article 16-2 pénalise l’utilisation des alias, or, c’est par ce biais là que de nombreux travailleurs sans papiers se font embaucher. Après une mobilisation en 2008, Nicolas Sarkozy avait accepté de prendre en compte ces identités d’emprunt et nous pouvions obtenir la régularisation des travailleurs sans papier après signature d’un certificat de concordance et un Cerfa signé par l’employeur. La pénalisation de l’alias écarte cette opportunité de régularisation et met les salariés sans papier à la merci de patrons voyous”, explique Christian Schweyer, membre du comité des Travailleurs Sans-Papiers de Vitry.

Les responsables associatifs et syndicaux critiquent également l’allongement de la durée d’enfermement en centre de rétention de 45 à 90 jours. “Le but affiché de cette mesure est de faciliter les reconduites à la frontière, or, la Cimade, qui se rend dans ses centres, a constaté qu’au-delà de 12 jours passé en rétention, les migrants ne sont pas expulsés. C’est donc simplement une mesure punitive visant à les maintenir dans la peur”, pointe Philippe Cornelis du syndicat Solidaires 94. Les syndicats reprochent également la réduction des délais de recours pour les déboutés du droit d’asile.

Pour Jean-François Billoudet, président d’Assouevam 94, association au soutien des étrangers en Val-de-Marne, cette aggravation de la situation des sans-papiers s’accompagne d’une précarisation des étrangers en situation régulière: “Après avoir obtenu un premier titre de séjour, la personne se voit délivrer une carte pluriannuelle mais elle peut lui être retiré à tout moment si sa situation en cas par exemple de perte d’emploi. C’est très grave parce que ce genre de mesure va à l’encontre de l’idée d’intégration. Ce sont des mesures pour qu’ils rasent les murs et ne se fassent pas entendre”.

Les cas symboliques de 2 jeunes apprentis Amadou et Narek

Pour illustrer la complexité de leur situation, deux jeunes apprentis sans papiers étaient venus témoigner ce mercredi. Narek a quitté l’Arménie en 2012 pour venir s’occuper de son père très malade et vivant en France. Le jeune homme, qui n’a plus d’attache familiale dans la petite république du Caucase, a appris le Français pendant trois ans au lycée Branly de Créteil puis a obtenu un CAP de cuisine. Des employeurs le sollicitent mais, faute de régularisation, il ne peut être employé. Il se pré-inscrit finalement dans un centre de formation et trouve un restaurateur. Mais sa demande de carte de séjour mention “vie privée et familiale” est rejetée par la préfecture du Val-de-Marne et assortie d’une obligation de quitter le territoire. Cinq mois plus tard, le tribunal administratif annule l’arrêté préfectoral. Or, la préfecture a repris la même décision le 28 février dernier. “J’ai apporté des éléments pour prouver que ma vie était ici mais ils ne le prennent pas en compte. L’employeur dit qu’il me garde toujours la place mais j’ai de moins en moins d’espoir d’obtenir la carte”, craint Narek.

Même histoire à quelques virgules près pour Amadou,  arrivé du Mali 2012,  dont la plupart de la famille vit en France et possède la nationalité française. Après une année de lycée, il se met à travailler dans le nettoyage et le bâtiment car son oncle lui demande de subvenir à ses besoins. Recueilli par sa tante, il reprend ses études, obtient un CAP mode puis s’oriente vers le métier qu’il souhaite depuis longtemps, la boucherie. Un professionnel du Kremlin-Bicêtre accepte de l’embaucher mais le jeune homme se voit refuser ses titres de séjour mention “vie privée et familiale”, ou “salarié” et la préfecture accompagne son rejet d’une obligation de quitter le territoire. Mais Amadou n’a plus personne au Mali. “Dans ma situation, j’aurais pu mal tourner, travailler au noir ou vendre des produits illégaux mais je me suis toujours tenu en dehors de cela. J’ai choisi la France et je respecte les valeurs de la République.”

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