Grâce à leur technologie basée sur le big data, deux ingénieurs toulousains ont investi dès 2013 le marché émergent de la maintenance prédictive avec leur start-up, Monixo, incubée à Créteil.
Jamais à l’abri d’une panne. Avec le boom de l’exploitation des données, le fameux big data, il est maintenant possible d’anticiper la dégradation d’une machine, d’un véhicule ou d’une infrastructure au point de faire émerger un nouveau marché, celui de la maintenance prédictive. Ousmane Seck, ingénieur en systèmes embarqués et Amady Faye, ingénieur informatique et réseaux ont eu cette intuition alors qu’ils partageaient les bancs de l’institut national des sciences appliquées de Toulouse. « Nous avons eu la chance d’étudier à une période où ces thèmes du big data, de l’IoT, les objets connectés à internet, se sont imposés. Nos premières expériences professionnelles dans des grandes entreprises nous ont permis de clarifier nos idées. Concrètement, nous constations qu’il y avait un manque d’outils permettant aux personnes chargées de la maintenance de prendre les bonnes décisions. 88 % des pannes industrielles sont répétitives, et un tiers des opérations de maintenance sont superflues», explique Ousmane Seck.
Cet article s’inscrit dans le cadre de la rubrique Histoires d’entreprises et d’entrepreneurs, rédigée – en toute indépendance – grâce au soutien de la CCI du Val-de-Marne, pour donner à voir la géographie entrepreneuriale du département. Voir tous les articles publiés dans cette rubrique.
Les deux ingénieurs imaginent alors une solution innovante. A la manière d’un ordinateur sur lequel des objets périphériques peuvent être reliés, un moniteur cylindrique autonome, lui-même équipé d’outils de détection, peut bénéficier de l’ajout d’autres capteurs sensibles à divers paramètres. Le moniteur communique les données collectées sur un réseau haut débit de portée adaptable en fonction des contraintes géographiques. Les informations sont ensuite stockées sur un cloud et distribuées via une application.
Une intelligence artificielle qui mange de la donnée
Une intelligence artificielle gère l’analyse de la donnée par apprentissage automatique. Les données de chaque capteurs sont scrutées individuellement mais peuvent également être corrélées. « Nos capteurs peuvent déterminer les températures, les vibrations, la pression, analyser l’huile, détecter le courant,… La personne qui reçoit nos alertes est informée de la date de la survenance de la panne et peut ainsi prendre toutes les dispositions pour s’adapter. C’est très utile par exemple à certains de nos clients qui ont une activité saisonnière, à ce moment là, il faut qu’ils soient certains que leurs machines ne tombent pas en panne pendant cette période », souligne Ousmane Seck.
La start-up Monixo a été lancée dans le Val-de-Marne, en apport de fonds propres, avec la troisième associée de la start up, Aby Siss, ingénieure spécialisée en gestion des télécommunications. Après un premier local, la jeune société a déménagé ses bureaux au sein du Citec, l’une des pépinières d’entreprise du Grand Paris Sud Est Avenir située dans la zone Europarc de Créteil. « Nous voulions être au plus près des centres de décision des grandes entreprises basée à Paris. Puis finalement, cette situation géographique nous a permis sur le plan technologique de nouer des partenariats en recherche et développement. Ainsi, la direction Île-de-france Est d’Enedis, le CNRS ou Cetim (Centre Technique des Industries Mécaniques) nous permettent de tester nos produits chez eux », souligne l’ingénieure.
Un déploiement à l’international
« Il y a deux ans, nous avons participé à deux reprises à la Hannover Messe, la plus grande foire industrielle au monde. En une année, nous avons constaté que les industriels avaient appréhendaient mieux notre produit. Jusqu’à présent, la maintenance prédictive restait quelque chose de très conceptuel. Le marché a gagné en maturité. Nous sommes aujourd’hui en concurrence avec de grandes sociétés spécialisées dans l’informatique, ou les capteurs, qui développent un pôle maintenance prédictive. Nous avons notre épingle à tirer du jeu parce que c’est notre domaine d’expertise et nous disposons d’une technologie adaptable et brevetée », assure Ousmane Seck.
La start-up, qui a recruté depuis plusieurs salariés à temps plein fait partie de Wilco, ex-Scientipôle, pour accélérer son développement. Comptant déjà parmi ses clients quelques sociétés d’envergure internationale (Safran, Allianz, PSA Peugeot Citroën, Essilor,…), Monixo est régulièrement mis en avant comme en mai dernier lorsque les dirigeants ont reçu le trophée de l’innovation décerné par la CCI du Val-de-Marne et le club d’entreprises du département, Cecap 94.
Plus récemment, ils ont pris part au Smart Factory Connection Tour organisé par Business France et la Direction générale des entreprises (DGE). Ils se sont envolés pour Détroit aux Etats-Unis avec 7 autres entreprises en pointe dans le domaine de l’industrie du futur pour montrer le savoir-faire des sociétés françaises en la matière.
Ces rencontres internationales augurent pour Monixo l’amplification de son prospect de clients étrangers. A l’heure actuelle, l’entreprise a commercialisé sa solution en Europe et en Afrique de l’Ouest.
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