Sécurité | | 22/10/2018
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Créteil: réactions locales et nationales après la menace armée d’un élève envers sa prof

Créteil: réactions locales et nationales après la menace armée d’un élève envers sa prof

Ce jeudi matin, un élève de quinze ans a braqué sa professeure avec un pistolet (qui s’est révélé être à billes) sur la tempe au lycée Edouard Branly de Créteil, lui intimant l’ordre de le noter présent alors qu’il était arrivé en retard. Une scène hallucinante dans laquelle on entend les rires d’autres élèves, filmée par un camarade de classe et largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Le lendemain, l’élève s’est rendu de lui-même au commissariat tandis que la professeure, profondément choquée, allait porter plainte avec sa hiérarchie. Agé de moins de 16 ans, le jeune homme, domicilié à Bonneuil-sur-Marne, a été placé en garde à vue et présenté samedi à un juge des enfants puis mis en examen pour violences aggravées ayant entraîné une incapacité de travail de 7 jours. Un autre élève, soupçonné d’avoir introduit le pistolet au sein du lycée, a été placé en garde à vue avant d’être remis en liberté.

La scène, filmée et diffusée comme un trophée par les adolescents, a suscité de nombreuses réactions locales et nationales.

Au niveau national, le président de la République, Emmanuel Macron, a qualifié la scène d’inacceptable, tandis que les ministres de l’Intérieur et de l’Education, Christophe Castaner et Jean-Michel Blanquer, ont annoncé dans un communiqué commun qu’ils réuniraient dès cette “un comité stratégique, constitué de tous les acteurs œuvrant d’ores et déjà au quotidien pour un apprentissage serein, afin d’arrêter un plan d’actions ambitieux, visant à mettre un terme à de tels comportements.”

Au niveau régional, Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France  s’est déclarée “scandalisée“. La région a par ailleurs fait savoir qu’elle se rendrait sur place pour étudier les mesures de sécurité à envisager.

En ville, Thierry Hebbrecht, chef de file de l’opposition LR au Conseil municipal, a analysé cette scène comme résultant d’une dégradation de la sécurité dans la commune et “d’une dérive intolérable”, dénonçant un retard important dans les mesures de sécurité, notamment en matière de vidéosurveillance. “Créteil devient une ville du far west sans shérif”, a taclé l’élu d’opposition, s’étonnant de la non-réaction du maire PS de la ville, Laurent Cathala. Le conseiller d’opposition RN Gaëtan Marzo a aussi régi, par communiqué, qualifiant cette “scène sidérante, révélatrice de la contamination de l’enceinte scolaire par la violence et l’ensauvagement.”

Joint au téléphone ce lundi matin, Laurent Cathala, maire PS de Créteil, déplore cet acte “violent et irresponsable” tout en se refusant à “participer à la stigmatisation qui a été faite de l’institution et de la ville”, rappelant “le travail mené au quotidien sur le plan social, culturel, sportif, associatif, d’aide aux familles, pour prévenir les violences à l’école et dans la cité.” Interpellé pour ne pas avoir réagi plus tôt, l’élu indique avoir pour règle d’attendre d’être “complètement informé” pour réagir et témoigne n’avoir pas encore, à ce stade, tous les éléments de contexte. Concernant des mesures supplémentaires de sécurisation du lycée, le maire précise de pas y être hostile mais invité à une réaction réfléchie, posant notamment la question de la fluidité d’entrée dans l’établissement, nécessaire pour éviter un attroupement dans la rue, contraire au plan vigipirate. Concernant la sécurité en ville, l’élu rappelle avoir fait voter de nouveaux points de vidéosurveillance lors du dernier Conseil municipal et rappelle la mise en place de la BTC (Brigade territoriale de contact) dans le cadre de la Police de sécurité du quotidien.

Député LREM de la circonscription, Jean-François M’Baye a pour sa part  exprimé sa “profonde indignation” concernant cette scène ainsi que la rixe qui s’est produite aux abords du lycée Léon Blum, faisant deux blessés, tout en indiquant que ces incidents ne sont pas représentatifs de la jeunesse du Val-de-Marne.

La fédération de parents d’élèves FCPE Val-de-Marne a également condamné “avec fermeté l’acte de violence dont a été victime la professeure” soulignant que cet établissement est pourtant habituellement “sans histoire”. La fédération considère que cet “incident tout à fait isolé dans notre département, et pourtant révélateur d’une politique mise en place depuis des années. Les lycées et plus généralement les élèves de notre département, sont victimes d’une inégalité de traitement et d’un manque criant de moyens toujours plus grand.” Et de dénoncer un affaiblissement de l’école publique. “Les lycées ont besoin de moyens supplémentaires pour prévenir ces cas de violence, pour que chaque lycéen puisse étudier dans les meilleures conditions et que cesse la violence dans et aux abords des lycées sous toutes ses formes”, réclame la fédération qui refuse “une répression grandissante” et exige un “plan de prévention.”

La PEEP du Val de Marne condamne  également “sans réserve” l’agression en indiquant attendre de la justice “des sanctions fermes pour rappeler aussi que les établissements scolaires ne sont pas des zones de non-droit” et appelle de manière aussi urgente, à “remettre les partenaires autour de la table pour traiter de la question de la réussite scolaire“. La fédération invite notamment à penser sérieusement la suite des conseils de discipline. “Lorsqu’un élève est sorti d’un établissement par conseil de discipline suite à un acte de violence, il doit pouvoir être pris en charge par un service spécifique qui lui permettrait d’abord de prendre conscience de la gravité de son acte et de l’accompagner efficacement vers un retour à une scolarité adaptée dans le cadre d’un projet personnalisé. Les établissements doivent être mieux accompagnés par leur hiérarchie.” La fédération rappelle aussi son souhait que les parents soient réellement associés associés “pour trouver ensemble des solutions pour la réussite de tous les élèves.”

Un collectif de parents, Unis pour la réussite scolaire, a par ailleurs organisé une réunion ce lundi à 19 heures au café du Palais pour évoquer la situation.

 

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