Education | | 14/11/2018
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Policiers et avocats au collège pour prévenir le harcèlement

Policiers et avocats au collège pour prévenir le harcèlement

De plus en plus d’établissements scolaires invitent policiers ou avocats à intervenir en classe pour prévenir les questions de harcèlement, harcèlement scolaire, cyberharcèlement… Reportages à Orly et Chennevières-sur-Marne.

Elles ont troqué leurs robes d’avocat pour des habits de ville et consentent à quelques efforts de langage pour mettre la loi à la portée de leur jeune public. Tour à tour, Julie Audoux et Rivka Tordjman, avocates au barreau de Paris, passent en revue les principes du droit qui s’appliquent notamment en ligne. Les élèves de cinquième du collège Boileau à Chennevières-sur-Marne abondent de cas de figures qu’ils ont eux-mêmes vécus et interrogent les avocates sur leur légalité.

“Si je poste une vidéo de moi sur Snapchat et que quelqu’un l’enregistre, je ne peux rien faire pour me protéger ?”, demande une jeune fille. “Il faut faire très attention à ce que vous publiez sur internet, même en mode privé parce que cela pourra toujours être vu, lu et partagé par vos contact sans votre autorisation. Si des personnes utilisent votre image contre votre gré, elles peuvent être poursuives en justice si cela vous cause un préjudice, si c’est fait pour vous blesser par exemple”, répond Me Audoux. “Parfois, il y a des gens qui utilisent les photos des autres pour se faire passer pour eux. Qu’est-ce que l’on peut faire ? Est-ce que c’est légal ?”, s’interroge un adolescent. “Ce n’est pas légal. C’est une usurpation d’identité et c’est puni d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. En revanche, si vous devez déposer une plainte, vous devez en garder une trace. Qu’est-ce que vous pouvez faire dans ce cas là ?”, enchaîne l’avocate. “Faire des copies d’écran”, réagissent les élèves.

Ces élèves sont déjà familiers des notions de droit à l’image ou de droit à l’oubli après avoir travaillé sur les questions de cyberharcèlement et d’identité numérique avec leurs enseignants à travers les cours d’éducation civique ou la participation à des actions spécifiques. “Ce que les deux avocates leur ont expliqué correspond à ce que nous tâchons de leur apprendre à ceci près que l’écoute est différente vis-à-vis d’intervenants extérieurs au collège. Les élèves sont plus attentifs et plus impliqués. C’est quelque chose de très positif”, reconnaît Fabrice Weexsteen, professeur d’histoire-géographie et d’éducation civique.

Au-delà de cette journée du droit, l’intervention des deux jeunes avocates dans ce collège classé en réseau d’éducation prioritaire est aussi l’occasion pour les élèves de mieux appréhender cette profession et peut-être de faire naître quelques vocations. “J’avais à cœur de venir dans un établissement REP parce que j’ai grandi au Mont-Mesly à Créteil, j’y ai fait toute ma scolarité et malgré les complexes que l’on peut parfois éprouver lorsque l’on vient d’un quartier populaire, j’ai réussi à faire ce beau métier que je rêvais d’exercer”, confie Me Tordjman.

Près de 1500 avocats ont imité ces deux jeunes femmes le mois dernier à l’occasion de la première édition de la journée du droit dans les collèges initiée par le conseil national du barreau et l’Éducation nationale.

Une gradée du commissariat de Choisy experte de la prévention en milieu scolaire

Devant les élèves d’une classe de sixième du collège Desnos à Orly, Laetitia Muratore, a pour sa part abordé la question du harcèlement scolaire, à l’occasion de la journée dédiée à cette cause le 8 novembre. Comme entrée en matière, elle leur diffuse un petit film réalisé par des camarades du lycée des métiers Armand Guillaumin. Il s’agit du témoignage d’une adolescente, victime régulière d’agressions physiques et verbales et devenue le souffre-douleur de sa classe.

Après la diffusion, la brigadier-chef tente de faire raisonner ces élèves, pas complètement sortis de l’enfance, notamment sur les mécanismes de pression sociale. “A la pause du déjeuner, j’imagine qu’aucun d’entre vous ne souhaite être seul à table. D’après vous pourquoi ?”, interroge-t-elle. “C’est la honte ! On ne se sent pas bien”, répond pudiquement un garçon de 11 ans. “Exactement. Quand vous êtes seuls, vous avez ces sensations parce que vous avez peur de l’image que vous renvoyez vers les autres”, poursuit le policier.

Dès leur plus jeune âge, ces élèves ont peut être été victime ou harceleur s’en véritablement s’en rendre compte. “Quand vous vous moquez de l’un de vos copain, vous ne riez pas avec lui, vous riez de lui. Il faut faire attention à cela. Est-ce que vous préviendriez vos parents ou un adultes si quelqu’un vous harcelait régulièrement ?”, demande la brigadier-chef. “C’est gênant de devoir parler de certaines choses avec ses parents mais puisque l’on ne sait pas les proportions que cela peut prendre, je préfère le leur dire”, estime une jeune fille.

“Vous êtes mineurs donc vous ne pouvez pas déposer plainte. Il est donc très important que vous préveniez un adulte. A votre âge, c’est normal que vous ayez peur de parler à vos parents de certaines choses qui vous arrivent. Vous pouvez vous confier à votre CPE (Conseiller principal d’éducation), l’assistante sociale du collège, un enseignant, un surveillant. Vous pouvez également demander conseil aux opérateurs du 3020, le numéro vert contre le harcèlement. Évitez de confier ces problèmes aux copains. Vos amis ne sont pas là pour vous aider, mais pour vous soutenir“, encourage Laetitia Muratore.

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