Les commémorations de la guerre 1914-1918 entrent dans leur dernière ligne droite avec ce weekend le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918. En Val-de-Marne, expositions et spectacles sont organisés un peu partout en parallèle des commémorations officielles devant les monuments aux morts ce dimanche. Petit aperçu, forcément incomplet, des thématiques retenues.
Les soldats
Ivry-sur-Seine a choisi de plonger dans les tranchées avec une exposition sur les grilles du parc Maurice Thorez. 1800 soldats ivryens perdront la vie durant la guerre, rappelle le service des archives.
Cachan consacre une expo en plein air à ses soldats, sur les grilles du parc Raspail, tandis que la bibliothèque Lamartine fait de la pédagogie. Et pourquoi appelait-on les soldats les poilus d’abord ? En savoir plus. Pendant 4 ans, les élèves du lycée de Cachan ont participé au projet « Comment j’ai commémoré la première Guerre mondiale » et se sont attachés au destin tragique de 9 poilus. (Voir leur site) L’arrière petit-fils du poilu cachanais Alexandre Richard, qui a publié le journal de guerre de son ailleul, donne aussi une conférence.
A Fontenay-sous-Bois, les archives ont mis en ligne un mémorial qui a cherché la trace des 623 habitants fauchés par la guerre, reconstituant leur parcours, avec des documents d’archive associés. Une carte donne à voir les lieux de décès, essentiellement dans la Somme et dans l’Est, parfois dans les mêmes villages comme celui de Souchez, dans le Pas-de-Calais, où onze Fontenaysiens succomberont, essentiellement à l’été 1915.
A Saint-Maur-des-Fossés, le musée rend hommage aux soldats coloniaux, avec pour la première fois une présentation en intégralité de la série de portraits réalisés par Pierre-Antoine Cluzeau.
Saint-Mandé accueille une expo sur les combats du côté de Ville-en-Tardenois (Champagne). A voir aussi, des expositions avec archives et objets de l’époque au Plessis-Trévise, au Kremlin-Bicêtre, à Choisy-le-Roi, Chevilly-Larue, Orly, Alfortville, L’Haÿ-les-Roses, Champigny-sur-Marne, Maisons-Alfort, Vitry-sur-Seine…
Spectaculaire Blériot XI
Pour l’aviation, c’est à Vincennes qu’il faut se rendre, pour voir l’exposition Avion de chasse de la grande guerre. Surtout, des démonstrations de mise en route de l’avion Blériot XI, monoplan biplace à hélice tractive qui sera présenté place de l’hôtel de ville, sont prévues samedi 10 à 16h et dimanche 11 novembre à 12h15. On apprend du reste dans la gazette des 100 réalisée par la ville que deux Vincennois de l’époque ont été des héros de l’aviation.
Soldats artistes
A Chevilly, la médiathèque Boris Vian rend hommage aux poètes de la guerre. Cachan s’intéresse à l’activité théâtrale des poilus à l’arrière des tranchées. En savoir plus A Villejuif, une expo (et conférence ce samedi) s’intéresse à l’introduction du jazz et des orchestres militaires américains. Thiais rend hommage au poète Guillaume Apollinaire, mort après la guerre de la grippe espagnole. Plus d’infos. Nogent-sur-Marne accueille pour sa part une exposition des peintres de l’armée au Carré des Coignard.
A l’arrière du front
Villiers-sur-Marne a replongé son actuel Centre de rééducation et réadaptation fonctionnelle de l’avenue Montrichard en hôpital militaire, qu’il fut un temps, allant jusqu’à reconstituer une salle d’opération, un bivouac des infirmières, une ambulance avec des mannequins… Voir le “Petit journal des 100 ans” concocté par la commune pour détailler le programme. A Limeil, la galerie propose une expo sur la famille en 14-18.
Vincennes a réalisé une gazette de 1918, qui raconte la fin de la guerre du point de vue vincennois de l’époque, évoquant aussi bien ses héros que la fusillade au bois de Vincennes de Mata Hari, condamnée pour trahison, l’évacuation polémique de l’hôpital Bégin réquisitionné pour accueillir les malades contagieux affectés par la grippe espagnole, ou encore un hommage à ce cafetier qui tenait Le Canon, Jean Vayssière, qui succomba à cette grippe après avoir résisté à de nombreuses blessures de guerre, et même les faits divers de l’époque, comme ce concierge dévalisé par des soldats américains… Voir la gazette
Pour plonger dans le Fontenay-sous-Bois de 14-18, les archivistes de la ville ont préparé un parcours guidé, complété de tablettes associant documents d’archives et lieux, ce dimanche à 14h30. Réservation en ligne. Joinville-le-Pont propose pour sa part un jeu de piste, depuis l’hôtel de ville. Et la semaine prochaine, le 17 novembre, c’est un Cluédo géant qui sera organisé.
Art du souvenir
Le centenaire de la guerre a aussi inspiré des oeuvres contemporaines. A voir en ville notamment, le nouveau monument de la paix de Chennevières-sur-Marne, oeuvre du scumpteur franco-américain Jean Lamore, qui sera inauguré ce samedi 10 novembre à 10h30. A Choisy-le-Roi, c’est une fresque de la paix réalisée par les artistes Edge et Medra qui sera dévoilée samedi à 16h. A Villejuif encore, on découvrira une tapisserie géante. Au Kremlin-Bicêtre, les street-artistes Tore et Nebay ont préparé une fresque en hommage au poilu Lazare Ponticelli.
Fêter la paix
Le plus magistral souvenir de la célébration de l’armistice est celui de la chanteuse lyrique Marthe Chenal, originaire de Saint-Maurice, qui chanta la Marseillaise à l’opéra le 11 novembre 1918! Saint-Maurice lui rend hommage avec une exposition, une conférence et un concert. A Limeil-Brévannes, place au bal musette d’après guerre samedi soir. A Choisy-le-Roi, on a choisi de fêter le centenaire de la paix en reprenant la phrase du poète Jacques Prévert, “Quelle connerie la guerre!”, avec une grande soirée pour la paix samedi soir.
Initiatives franco-allemandes
La commémoration a aussi été l’occasion de travailler avec nos ennemis d’autrefois, dans le cadre des jumelages notamment. A Boissy-Saint-Léger, l’expo Boissy-Lauda a réuni les élèves des deux villes pour raconter cette période.
Projections, spectacles, performances
Beaucoup de projections de films, du récent Au revoir là-haut aux Sentiers de la gloire en passant par la projection du documentaire A l’orée des enfers sur les civils occupés à Vincennes. Des spectacles vivants aussi. Boissy propose une opérette, Le chemin des dames, le vendredi 16 novembre. A Thiais, Desireless chantera Apollinaire samedi soir. Au Kremlin-Bicêtre, la plasticienne Catherine Videlaine organisera son installation Mises à feu ce vendredi, avant une soirée cabaret avec des chants de l’époque. Chansons de soldats aussi à Fresnes avec le Cri du poilu. A Chevilly-Larue, la Maison du conter évoque le souvenir de cette guerre par les traces conservées dans les familles, des objets aux lettres. Un part intime contée en musique. A Chennevières, place au théâtre avec Trois quarts d’heure avant l’armistice, samedi 17 novembre. A Nogent-sur-Marne, les temps forts de la fin de la guerre seront évoqués sous forme de tableaux dans le spectacle L’Horizon de la paix, donné ce samedi à La Scène Watteau.
Lâcher de 47 colombes
Point d’orgue des commémorations dans le département : un lâcher de 47 colombes, symboles des 47 communes du Val-de-Marne s’échappera de l’hôtel du département (21-29 avenue du général de Gaulle à Créteil) ce dimanche 11 novembre à 16h45, en hommage aux 14 000 Val-de-Marnais morts pour la France, dont les noms seront projetés sur un écran géant. Des jeunes élus du Conseil départemental des collégiens liront des témoignages et lettres de poilus à travers un échange intergénérationnel avec les anciens combattants. Le département a fait réaliser une médaille spécifiquement pour le centenaire de l’armistice.
La victimisation du soldat de 14-18 dans les commémorations et les médias se fondent uniquement sur les conditions de vie dans les tranchées et le nombre de morts. Silence sur les causes de la guerre, sur la mobilisation obligée ( la désertion ou le refus de charger sous la mitraille ennemie entrainent la peine de mort – la gendarmerie était chargée de tirer sur les soldats qui refluaient vers les tranchées pour se mettre à l’abri). Pas de critique des stratégies inadaptées des généraux et des états-majors pour lesquels importaient leur possibilité de promotion.
Faut-il rappeler que les monuments aux morts furent érigés sous la pression de la population et par souscription(à la charge de la population) à partir de 1920. La cause : ces monuments avec leur longue liste de morts dans chaque commune révélaient l’ampleur des massacres.
En bref, ces commémorations 2018 aseptisent l’histoire de 14-18
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