Initiative | | 03/05/2018
Réagir Par

Lieu d’écoute des ados, le PAEJ de Créteil victime de son succès

Lieu d’écoute des ados, le PAEJ de Créteil victime de son succès © Fb

Alors que l’adolescence peut être une période de vulnérabilité psychologique génératrice d’une souffrance insoupçonnée, les 12-25 ans et leurs parents trouvent une oreille attentive au point accueil écoute jeunes (PAEJ) de Créteil, mais ce havre d’écoute, victime de son succès, s’inquiète aujourd’hui de sa capacité à répondre à la demande.

Non jugement, discrétion et gratuité, c’est sur ce triptyque que repose la relation de confiance nouée entre professionnels et adolescents au PAEJ de Créteil. En ce moment, près de 300 jeunes et 200 parents se rendent volontairement dans cet espace d’écoute situé au 2 rue de la terrasse, entre les bords de Marne et le centre-ancien. “L’utilité sociale de la maison de l’adolescent et des PAEJ du département est d’offrir un accompagnement individuel et collectif à des publics qui n’ont pas été repérés par l’aide sociale à l’enfance ou les institutions médicales. Si ces jeunes passent sous les écrans radars, c’est parce qu’ils taisent leurs souffrances”, explique Fabrice Darmon, le chef de service.

Quand les jeunes passent la porte et commencent par l’anodin

Une faible majorité de jeunes font eux-même la démarche de pousser la porte du PAEJ, les autres sont orientés par leur établissement scolaire ou leur environnement familial. Accueillis autour d’un café ou d’un thé par Fabienne Fascher, secrétaire chargée d’identifier les demandes, ils viennent parfois avec des questions qui peuvent sembler anodines mais permettent de briser la glace. “Ils évoquent leurs mauvais résultats scolaires ou leur vie amoureuse. Puis, au bout de plusieurs séances, une fois le lien de confiance établi, ils vont parfois se confier sur un traumatisme vécu au cours de l’enfance ou plus récemment, et comprendre ce qu’il ne va pas”, résume Élodie Grange, psychologue clinicienne.

Ateliers collectifs, art-thérapie, accompagnement psy: le cocktail du médico-social

En parallèle, Corine Lenoir, éducatrice spécialisée, propose des espaces de médiation notamment avec des ateliers collectifs pour lesquels elle s’appuie sur une compétence particulière : l’art thérapie. A travers la création d’avatars via des ateliers d’écritures ou de travaux plastiques sur la matière, les jeunes parviennent à exprimer ce qu’ils n’arrivent pas à dire en entretien. Dans le même esprit, le PAEJ organise régulièrement des journées bien-être en faisant appel à des nutritionnistes, coach sportifs, professeurs de théâtre ou socio-esthéticienne, le but étant pour les groupes de jeunes suivis, de leur faire gagner en estime de soi. Si au cours des entretiens il apparaît que l’adolescent est confronté à des problèmes de santé somatique, Adeline Fuster, infirmière rattachée au centre hospitalier intercommunal de Créteil (Chic) peut alerter le pédiatre de la structure, le docteur Isabelle Abadie, ou assurer la liaison avec les services médicaux partenaires. Les spécialistes du point d’accueil reçoivent aussi des adultes dans le cadre de l’accompagnement à la parentalité.

Hors les murs

Les professionnels du PAEJ interviennent également en dehors de leurs locaux et animent des ateliers thématiques auprès des jeunes autour des problématiques qu’ils rencontrent comme le harcèlement et la perte d’estime de soi. “Le harcèlement a toujours existé mais une fois les cours terminés, ça s’arrêtait. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et les smartphones, c’est du non stop, la victime ne peut plus se déconnecter, et cela peut avoir des conséquences très graves sur la santé psychique avec des phobies, de l’isolement, des tentatives de suicide”, détaille la psychologue Élodie Grange, qui a également constaté cette années davantage de témoignages de jeunes femmes et de jeunes hommes victimes de violences sexuelles.

Le PAEJ victime de son succès

Cofinancé par le Conseil départemental et la Direction départementale de la cohésion sociale, le PAEJ bénéficie à l’heure actuelle de 3,5 employés en équivalent temps plein pour prendre en charge 300 adolescents en file active et 200 adultes. Malgré la bonne volonté de la petite équipe, il devient de plus en plus difficile de répondre à l’accroissement de la demande et les nouveaux inscrits doivent patienter deux mois avant d’obtenir un entretien. “La semaine dernière, nous avons été contraints de réduire le temps d’entretien à 30 minutes, ce n’est pas satisfaisant lorsque l’on veut prendre le temps avec un jeune en souffrance. Nous sommes en permanence à la recherche de moyens pour répondre à nos besoins. Notre PAEJ fait partie du dispositif Maison de l’Adolescent* qui est financé par l’Agence Régionale de Santé (sur le volet professionnels de santé : pédiatre, infirmières) et nous tentons de les solliciter pour obtenir une subvention supplémentaire de fonctionnement. Nous allons peut être devoir aller démarcher du financement privé ce qui est un comble pour une structure d’utilité publique”, regrette Fabrice Darmon, qui en tant qu’éducateur spécialisé de formation, assure lui-même des entretiens.

*La Maisons de l’Adolescent regroupe 4 PAEJ en Val-de-Marne, les 3 autres se situent à Cachan, Champigny-sur-Marne et Fontenay-sous-Bois. Plus d’information sur ce site.

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
Un commentaire

N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

Ajouter une photo
Ajouter une photo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous chargez l'article suivant