Ce mardi 17 avril, 24 des 32 membres du Conseil d’administration de l’Université Paris Est Créteil (Upec) ont démissionné, après trois tentatives infructueuses d’élire un président ou une présidente. Cette démission de plus des deux-tiers de l’exécutif a provoqué de fait la dissolution de tous les conseils de l’université. De nouvelles élections générales, y compris étudiantes bien qu’elles se soient tenues il y a moins de trois mois, auront donc lieu en juin.
Depuis la démission pour raisons de santé du président Olivier Montagne en novembre dernier, rien ne va plus à l’Upec. Les candidats compétents à la présidence ne manquent pourtant pas, tous universitaires expérimentés et fin connaisseurs de l’institution et de ses enjeux, mais le mode de scrutin universitaire constitue un vrai casse-tête. Au lieu de sélectionner des finalistes au premier tour et de les départager au deuxième, le scrutin permet à tous les candidats de rester en lice à tous les tours (et il y en a 4!) quelque soit son nombre de voix, et exige pour être élu de disposer d’une majorité absolue de 17 voix en son nom. Même un candidat qui serait tout seul pourrait dans ces conditions ne pas être élu si la majorité s’abstient. Dans ce contexte, les rivalités entre personnes ont tôt fait de mener au bras de fer sans issue et c’est ce qui s’est passé à trois reprises depuis décembre, et auraient pu sans doute encore se produire. Entre temps, l’équipe de direction qui avait été nommée à la suite des dernières élections a démissionné et une administratrice provisoire, ancienne présidente de l’Université de Cergy-Pontoise et ancienne rectrice de Lyon, Françoise Moulin Civil, a été nommée pour tenir la boutique pendant ce chaos électoral.
Sur le fond, les candidats qui se sont présentés ont un certain nombre de divergences sur la réforme de l’université et la stratégie de l’université dans le Grand Paris. Lors des dernières élections générales de 2016, le sujet qui avait cristallisé le débat était la fusion entre l’Upec et l’Upem (Paris Est Marne La Vallée) voulue par l’ancien président Luc Hittinger. Depuis, cette fusion a été abandonnée et l’Upem s’est consolée en convolant avec d’autres écoles pour créer une nouvelle université en s’appuyant sur les fonds du PIA 2 (Programme d’investissements d’avenir). Lire : La future université qui fait bouger les lignes dans l’Est parisien. Depuis, la fusion a été abandonnée et ce débat ne peut plus se poser dans les mêmes termes. Sans être d’accord sur tout, les candidats avaient aussi des points de convergence sur les enjeux essentiels à ne pas manquer. Voir les interviews des candidats Vérène Chevalier, Jean-Luc Dubois-Randé et Caroline Ollivier-Yaniv avant le 2e tour de scrutin. Lors du 3e tour, Arnaud Thauvron, directeur de l’IAE a remplacé Caroline Olliver-Yaniv sur la même ligne. Reste désormais à voir si les mêmes se présenteront aux scrutins lors des élections générales ou si de nouveaux visages susceptibles de susciter le consensus une fois élus au Conseil d’administration émergeront. Car une fois le nouveau Conseil d’administration élu, il faudra reconvoquer des élections à la présidence…
Dommage collatéral: les élections étudiantes qui vont devoir recommencer alors qu’elles se sont tenues en tout début d’année 2018, avec déjà un score de non-participation record de 93%… A lire : Abstention record aux élections étudiantes.
Pour rappel, les élections générales doivent élire le Conseil d’administration, la commission de la formation et de la vie universitaire et de la commission de la recherche de l’établissement. Etudiants et personnels participent à ces élections et élisent chacun l’un des collèges de ces conseils.
En attendant les élections de ces conseils, Françoise Moulin Civil a demandé au recteur de l’académie de Créteil de mettre en place un organe délibérant provisoire auquel seront soumises les questions urgentes relevant normalement de leur compétence.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.