Près de 500 lycéens se sont rassemblés aux alentours du lycée Pablo Picasso de Fontenay-sous-Bois ce vendredi matin, dispersés par grappes de part et d’autre de l’avenue des Olympiades, dans une ambiance à mi-chemin entre provocation potache et émeute urbaine.
En guise de slogan, un groupe d’ados fait face aux policiers en chantant la Marseillaise à pleins poumons, l’air goguenard. Côté munitions, c’est lancer de pierres contre gaz lacrimo, pétards contre flashball. Plusieurs lycéens enflamment aussi des poubelles renversées. Et pour les barricades, les caddies du Auchan voisin font l’affaire, bloquant aussi bien l’entrée du lycée que l’avenue. Un temps postés en aval du rond-point, les policiers en veille un peu plus loin, en allant vers l’A86, un groupe d’ados se lasse de cette guerre de position qui manque d’action. “Allez, on recule, ça va les faire venir”, lance l’un d’eux, enjoignant ses camarades à rejoindre le gros de l’attroupement de l’autre côté du rond-point. La technique fonctionne, les policiers se rapprochent et le rond-point sert de frontière entre deux mondes à cran. Au milieu, un groupe d’élus de la ville arrive, rassurant, écharpe tricolore en bandoulière pour le premier adjoint, Pascal Clerget. “Allez à Paris”, exhortent les adultes, alors qu’une manifestation est prévue à la capitale. “On essaie de calmer le jeu tout en restant solidaire de la cause, on sert aussi de tampon entre les jeunes et la police”, confie le directeur de cabinet. Certains élèves savent pourquoi ils manifestent, déterminés contre Parcoursup ou les projets de réformes en cours, d’autres sont simplement de la partie parce que c’est là que ça se passe ce matin. Au milieu de cette étrange ambiance, certains habitants passent quand même, l’air blasé, tandis que des personnes qui travaillent dans la rue se dépêchent de rejoindre leur bureau tout en prenant la scène de leur smartphone au passage.
A un kilomètre de là, au lycée Louis Armand de Nogent-sur-Marne, ils ne sont qu’une centaine d’élèves, répartis entre l’entrée principale bloquée par des poubelles et la sortie pompiers qui est simplement filtrée. Devant l’entrée principale, des élèves de terminale S expliquent pourquoi elles bloquent. “C’est un sacrifice pour nous, on doit passer le bac blanc et louper 6 heures de maths c’est pas le moment“, lâche l’une d’elles. “On veut la fin de Parcoursup, la non suppression des postes d’enseignants de lycée, et des classes à 25 au lieu de 35″, enchaîne une autre élève. Et les parents, qu’en pensent-il? “Mon père trouve que c’est une bonne expérience, ma mère s’inquiète“, indique une élève. “Moi ils ont l’habitude, cela fait quatre ans que je suis engagée, et je fais de la politique“, souligne son amie, d’abord militante au PG puis au sein de la Gauche révolutionnaire. Hier et avant-hier, elles ont joué les porte-parole auprès du maire de la ville, Jacques JP Martin (LR). “Il nous a dit qu’il comprenait notre combat mais après on a lu dans le journal qu’il parlait de petits merdeux des bas d’immeuble de Fontenay, on n’a pas trop apprécié. Moi je viens d’un collège de ZEP de Neuilly-sur-Marne alors je le prends mal. On s’est dit que s’il revenait nous voir on le renverrait!” Le maire, qui a reçu une gifle de la part d’un des ados ce mercredi matin, n’a pas non plus apprécié, et l’auteur des faits a été interpellé. Un autre lycéen a été interpellé à Nogent ce jeudi, mais rapidement relâché, après avoir diffusé une chanson aux paroles sans équivoque : “Police, on t’encule”.
Manif à Créteil
Ailleurs dans le Val-de-Marne, les blocus lycéens se sont multipliés ce vendredi, progressivement montés en puissance avec seulement trois lycées vraiment bloqués ce mercredi, pas loin d’une dizaine ce jeudi et un nombre qui reste à préciser ce vendredi, mais qui est encore en progression, allant de Champigny-sur-Marne à Limeil-Brévannes en passant par Créteil. Les groupes de lycéens évoluent d’un établissement à l’autre, alertés par un coup de fil d’un pote du lycée voisin. On vient soutenir les copains d’à côté quand le blocus s’achève devant son lycée. Alors qu’une manif se tient aussi à Paris, le mot d’ordre qui commençait à circuler ce matin était de se diriger vers le rectorat de Créteil.
Fontenay-sous-Bois ce vendredi matin
Selon le CNTRL:
POTACHE, n. m. : XIXe siècle. Origine incertaine. Fam. Collégien, étudiant ; jeune garçon frondeur et porté à la facétie. Une classe de potaches. Une blague de potache. Adjt. Il est resté très potache.
@Raoul, Durand et Nicolas. Désolée si le terme potache vous a choqués. Je n’entendais pas par là “bon enfant”, sinon, j’aurais utilisé ce terme. Je voulais traduire le contraste entre les actes de ces quelques lycéens lancés en première ligne, en train de jeter des pierres à des policiers, et l’expression qu’ils affichaient, riant entre eux, comme s’il s’agissait pour eux d’un jeu pour épater la galerie.
Qui va payer leurs dégradations ? Sûrement pas eux, ni leurs parents qui la plupart touchent le RSA…… Pathétique.
C’est vrai qu’on reste un peu éberlué devant la complaisance des médias qui mettent en avant des illuminés exaltés qui ont complètement perdu le sens des réalités et qui parlent “au nom du peuple” alors qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes, c’est à dire rien. On nage en pleine irresponsabilité, le retour sur terre va être difficile !
“potache”? en quoi des émeutes urbaines sont potache ? c’est paradoxal je trouve… Je suis surpris que 94 citoyens soit si peu sérieux dans le choix de ses adjectifs… ressentiriez-vous de l’empathie pour les casseurs ?
Même problème sur un autre article ce matin de la même journaliste qui décrivait une “indignation générale” face aux arrestations de lycéens, alors que c’est loin de la réalité qui est bien plus nuancée, on sent bien le parti pris et on s’éloigne de toute objectivité de rapport des faits.
Peut être qu’elle n’a pas vu ses collègues de France 3 coursés et tabassés par d’autres lycéens hier à Toulouse ! ça la ferait surement changer d’avis
https://twitter.com/AdoueManon/status/1070656291390087169
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