“Ce que nous avons vu là, je ne vais pas vous raconter de craques, n’est pas acceptable ni pour vous ni pour nos concitoyens qui sont détenus ici”. Voilà les mots adressés par le président Emmanuel Macron auprès de surveillants pénitentiaire à l’issue de sa visite de la maison d’arrêt de Fresnes le 3 mars.
Le chef de l’État, accompagné de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, a passé quatre heures sur le domaine pénitentiaire et s’est entretenu avec des membres du personnel ainsi que des détenus. Trois jours plus tard, le patron de l’Elysée se rendait à l’école nationale de l’administration pénitentiaire à Agen, d’où il présentait les contours de sa réforme pénale. “J’ai reconnu dans son discours des éléments qu’il a évoqué avec nous à Fresnes. J’ai l’impression que la mobilisation inédite des surveillants, puis cette visite, ont marqué les esprits, et que l’on s’est vraiment rendu compte de l’urgence d’intervenir pour la survie de nos prisons. Lors de notre entrevue, il a évoqué une restructuration du centre pénitentiaire. Maintenant, nous attendons les actes”, commente Frédéric Godet, représentant de l’Ufap-Unsa Justice. Cédric Boyer, représentant du SLP Fo n’hésite pa en revanche s à parler de “coup de communication”. “Les annonces ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Dans un premier temps, il avait évoqué 15 000 places de prison supplémentaire pour finalement passer à 7000”. Les deux syndicats partagent des réserves concernant la suppression des courtes peines. “Christine Taubria avait déjà travaillé sur ce sujet mais le taux d’incarcération a continué d’augmenter. Si vous fixez un seuil aux magistrats, ils condamneront les justiciables à des peines plus sévères”, pense Cédric Boyer.
190 surveillants sous le coup de sanctions administratives
Le délégué local du syndicat SLP Fo a profité de la venue du président Emmanuel Macron pour l’interpeller sur les suites données au mouvement de grève dans les maisons d’arrêt par l’administration pénitentiaire. “Des agents subissent des sanctions financières et sont également menacés d’expulsion. Ces mesures s’appliquent également à des collègues qui étaient en arrêt maladie au moment de la grève. Nous estimons qu’ils sont 190 à être concernés”, explique le responsable syndical. Contrairement à Fo et à la CGT, Ufap Unsa Justice a signé un relevé de conclusion de conflit et a pu négocier avec l’administration au sujet des sanctions. “Je ne veux pas me prononcer sur la poursuite du mouvement par d’autres organisations syndicales mais je déplore que les stagiaires de la 191e promotion soient pris en otage par l’administration. S’ils étaient en arrêt maladie pendant les jours de grève, ils risquent de subir une prolongation de leur stage, c’est-à-dire, travailler comme n’importe quel surveillant mais avec un statut précaire”, déplore Frédéric Godet, rejoint sur ce point par Cédric Boyer.
A lire aussi :
Vidéo de l’Élysée sur la visite d’Emmanuel Macron à Fresnes, interdite à la presse.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.