Société | | 30/10/2018
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Nouvelle expulsion de bidonville rom à Choisy-le-Roi

Nouvelle expulsion de bidonville rom à Choisy-le-Roi

(Mise à jour à 12h) Le mercure a chuté ces derniers jours et la trêve hivernale des expulsions commence ce premier novembre. En attendant, plusieurs bidonvilles occupés par des familles roms ont été évacués ces dernières semaines, à l’instar de celui de Bonneuil-sur-Marne la semaine dernière. Un autre d’une trentaine de personnes l’a été ce mardi matin, en lisière de Choisy et Alfortville. Et un troisième plus important, à Choisy-le-Roi devait l’être ce matin mais a été suspendu à une décision de justice ce mercredi. Les associations s’indignent, la préfecture s’explique.

Installées depuis août 2017 sur un terrain de la Dirif entre l’A86, un lotissement et le parc interdépartemental des sports de Choisy-le-Roi, dans le quartier des Gondoles nord, les familles se sont vues délivrer un arrêté préfectoral d’expulsion sous 48 heures et les associations qui accompagnent les familles dénoncent une évacuation qui était prévue ce mardi 30 octobre alors qu’un jugement du Tribunal de grande instance de Créteil notifié aux occupants le 14 mai leur demandait de quitter les lieux dans un délai de six mois, leur laissant théoriquement jusqu’au 14 novembre, soit après le début de la trêve hivernale.

“Nous dénonçons ce déni de justice et demandons aux avocats de contester cet arrêté devant le Tribunal administratif. Si le Préfet procède à l’expulsion nous le poursuivrons devant le Tribunal”, réagit ainsi le collectif Romeurope 94.

Le cabinet du préfet justifie pour sa part l’arrêté d’évacuation en urgence pour des raisons de sécurité. “Avec la baisse des températures, ils commencent à se chauffer alors que la police a relevé la présence de bonbonnes de gaz sur place. Cette situation nous inquiète. De même, les services chargés de la gestion de l’ouvrage d’art qui passe au dessus de l’allée des Mésanges ne peuvent plus y accéder pour faire leurs vérifications”, explique-t-on en préfecture.

Mise à jour 12h : Finalement, l’expulsion n’a pas eu lieu ce mardi car le référé suspension déposé par les associations a été accepté. Un jugement doit se tenir demain, 31 octobre. En fonction de ses conclusions, l’expulsion pourra éventuellement se tenir ce mercredi, veille de la trêve hivernale.

Pour Romeurope 94, cet arrêté est contraire à l’instruction du gouvernement du 25 février 2018 visant à résorber campements illicites et bidonvilles notamment par le biais d’un accompagnement social de ces populations fragilisées. “Le dernier diagnostic de ces familles a eu lieu il y a plus de 6 mois par la plateforme AIOS-Adoma. A notre connaissance, l’association ACINA n’a pas été mandatée pour actualiser leur situation”, pointe le collectif.

“Au cours du dernier diagnostic, seulement 36 personnes ont accepté d’être recensées alors qu’ils seraient entre 50 et 200 à vivre dans ce campement. A côté de cela, nous avons constaté que certains enfants étaient inscrits à l’école mais ne s’y rendaient pas. Enfin, quelques uns avaient obtenu une domiciliation administrative mais n’avaient pas fait d’autres démarches. Ils ne sont pas dans une démarche d’intégration”, motive-t-on en préfecture.

Du côté de la ville, le maire PCF, Didier Guillaume, a interpellé le préfet du Val-de-Marne à plusieurs reprises pour faire cesser l’occupation illégale de ce terrain et expliqué aux riverains, par courrier et réunion publique, sa volonté d’obtenir le démantèlement du camp, s’inquiétant notamment des conditions de précarité. Dans son arrêté, remis aux familles du bidonville, la préfecture a de fait indiqué que « la précarité croissante de l’installation augmente fortement le risque de développement d’épidémies pour les occupants.» Un argument qui indigne Romeurope 94, qui note que “les familles roms n’ont obtenu l’installation par la ville de Choisy-le-roi de points d’eau et de toilettes sur ce bidonville qu’à la suite d’une décision de justice en juillet 2018 .” Une décision de justice qui relevait que «la prise en compte par les autorités publiques des besoins élémentaires des intéressés en ce qui concerne leur hygiène et leur alimentation en eau potable est manifestement insuffisante et relève d’une carence de nature à exposer ces personnes de manière caractérisée à des traitements inhumains ou dégradant, portant ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale.» 

Romeurope 94, la ligue des droits de l’homme 94 et la fédération départementale du MRAP ont appelé leurs adhérents et sympathisants à venir soutenir les familles ce mardi dès 6 heures du matin. “Nous dénonçons le rejet, la discrimination, le racisme des institutions de l’État et des collectivités territoriales envers ces familles dont la pauvreté et la précarité seront aggravées par cette mise à la rue. Trois jours d’hôtel ne sauront dédouaner la responsabilité la préfecture de cette violence institutionnelle”, posent les associations.

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