Dépolluer le sol avant de reconstruire constitue un casse-tête financier récurrent dans les projets urbains situés dans les anciens sites industriels, innombrables dans l’agglomération parisienne.
Fabriques ayant recouru à des solvants et produits chimiques de toutes sortes, stations essence, blanchisseries industrielle… Autant d’activités qui laissent parfois, longtemps après, des traces dans le sol et l’air des constructions qui les ont remplacées. Dans le Val-de-Marne, le problème s’est illustré de manière spectaculaire fin 2017 avec la découverte inopinée (à l’occasion de travaux de réfection) d’une pollution aux solvants chlorés au-dessus des normes dans le collège Saint-Exupéry de Vincennes, obligeant à trouver dans l’urgence un accueil alternatif pour les 600 élèves. Si cette affaire est celle qui a suscité le plus de colère et d’inquiétude au sein de la communauté éducative, ce n’est pas la seule ces dernières années. Dans le secteur d’Ivry Confluences, le collège flambant neuf construit en place de l’ancienne usine Philips attend toujours ses élèves. Ici, c’est la découverte d’une pollution au mercure qui a empêché son ouverture en septembre 2015, et il n’est pas encore certain qu’il pourra ouvrir en septembre 2019 car il faudrait pour cela que le feu vert soit donné en tout début d’année pour que le nouvel établissement soit pris en compte dans l’organisation générale de rentrée qui démarre dès la fin du premier trimestre. A Vitry-sur-Seine, c’est la construction du collège Seine Gare qui a du être retardée de deux ans en raison d’une pollution aux hydrocarbures. L’ampleur du problème, y compris dans les sites déjà construits, est telle que le gouvernement avait commencé à diagnostiquer l’ensemble des établissements jeunesse situés sur d’anciens sites industriels, avant d’abandonner en cours de route. Dans le Val-de-Marne, 94 établissements sont ainsi restés en suspens.
Un problème de santé publique mais aussi de finances publiques car les opérations de dépollution coûtent cher. Concernant le collège Seine Gare, la dépollution a rajouté une tranche de 10 millions d’euros. “Cela correspond à un surcoût de 1400 euros par m2”, indique-t-on au département. Et à Vincennes, la construction du collège provisoire à côté du château a coûté à elle seule 12 millions d’euros.
Lors de son déjeuner de presse de rentrée, le président PCF du Conseil départemental, Christian Favier, est revenu sur le sujet, appelant à légiférer pour financer la dépollution. “L’héritage des industries polluantes, en Val-de-Marne comme dans de très nombreuses régions de France, pèsent sur la reconversion de quartiers entiers. Les collectivités et les aménageurs ne disposent pas des leviers suffisants pour viabiliser des opérations d’aménagement compromises par les pollutions et les coûts de dépollution. Il est indispensable de trouver de nouvelles ressources financières pour dépolluer, protéger les pollutions et éviter le gel d’hectares entiers en pleine ville. Ces nouveaux leviers financiers appellent un concours sensible de l’Etat et des évolutions législatives”, a réclamé l’élu pour qui la question ne peut reposer uniquement sur les collectivités et doit passer par une contribution des industries polluantes.
“J’avais pu vérifier l’intérêt de Nicolas Hulot à ce sujet, lorsqu’il était encore ministre, indique le président du département qui l’avait rencontré lors de sa venue à Rungis. Je souhaite rassembler et convaincre jusqu’aux plus hautes autorités de l’urgence à trouver les outils financiers nécessaires pour combattre la pollution.”
A lire aussi :
Il existe un service des Mines qui fait l’inventaire de toutes les galeries et carrières en sous-sol. Depuis longtemps. Pourquoi pas un inventaire officiel de la pollution des sols ? Cela éviterait d’acheter des sols pollués pour construire des collèges ou des habitations. Cela préciserait les couts attendus de traitement.
Ensuite, la “dépollution” c’est trop souvent amener la terre polluée ailleurs. Mais où ? Pour quels traitements ? Le président de département se préoccupe de trouver de nouveaux impôts, mais devrait se préoccuper de préciser les méthodes de neutralisation de la pollution des terres. Au mieux (traces d’hydrocarbure) “on” passe tout dans un four. Mais au pire, “on” mélange à de la terre “propre” pour passer sous le seuil légal…
Alors, ne vaudrait-il pas mieux transformer les espaces en Parcs urbains, laisser aux végétaux et bactéries du sol les décennies nécessaires pour faire le travail ? Nos lointains descendants auront ainsi des terrains disponibles.
Autant la dépollution des sols avant leur usage est indispensable sur le plan sanitaire, autant en effet elle est beaucoup trop coûteuse pour les constructeurs, et peut entraver dans certains cas la réalisation de projets urbains vraiment utiles aux populations et au développement local.
Il est temps que cette question soit traitée en profondeur pour trouver une solution équitable sur son financement, et aussi sur le retard qu’elle engendre sur la programmation des travaux d’aménagement des territoires.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.