Quelques mois après l’aéroport d’Orly, une deuxième station de distribution d’hydrogène vient d’être installée dans le Val-de-Marne,cette fois sur le MIN de Rungis et sous l’égide d’Engie. Et pour inciter les conducteurs à rouler propre, l’entrée sera gratuite aux véhicules hydrogène.
Avec cette borne de recharge développée par la société McPhy, le gazier va pouvoir alimenter sa nouvelle flotte de 50 véhicules électriques équipés de piles à combustible. “C’est révolutionnaire, auparavant, nous devions recharger plusieurs heures la batterie des véhicules électriques. C’était si problématique que parfois, nous devions décommander des clients. Avec la pile à combustible, la batterie se recharge pendant que l’on roule et il suffit de cinq à dix minutes pour faire le plein d’hydrogène. En plus, la pile qui contient 1,5 kilogrammes d’hydrogène permet d’augmenter l’autonomie du véhicule de 150 à 250 kilomètres”, se réjouit l’un des techniciens d’exploitation d’Engie Cofely basés au parc Icade, alors que la station est opérationnelle depuis deux semaines. Et d’ici un an, cette station qui produit aujourd’hui déjà 20 kilogrammes d’hydrogène par jour sera remplacée par une borne encore quatre fois plus performante. Cette implantation à Rungis est en effet une réplique du projet HyWay mené depuis quatre ans à Lyon et Grenoble.
Concrètement, il y a donc une première étape qui consiste à produire des kits H2 à intégrer dans des Renault Kangoo ZE et à commercialiser les véhicules. Durant cette étape, l’hydrogène est livré à la station par camion. Lors de la deuxième étape, une unité de production doit être installée à proximité de la station afin de produire l’hydrogène sur place par électrolyse. Dans la région Auvergne Rhône Alpes, l’expérimentation HyWay a été soutenue par l’Ademe, des fonds européens, la région et la Dreal.
“Certains pays ont pris de l’avance mais nous avons les ressources pour prendre le leadership mondial de la production d’hydrogène et le plan de 100 millions d’euros dévoilé par Nicolas Hulot vendredi dernier pour le développer témoigne de la prise de conscience du gouvernement sur cette thématique. Nous ambitionnons de produire cette énergie renouvelable à très grande échelle et nous rapprochons des collectivités et des entreprises pour développer la filière”, se projette Franck Bruel, directeur général adjoint d’Engie.
Avec un flux de plus de 25 000 véhicules par jour, le MIN de Rungis est un endroit stratégique pour le développement du transport écologique de marchandises en Ile-de-France, alors que le transport est responsable de 35% des émissions de CO2 en France. Stéphane Layani, président de la Semmaris (la société qui exploite le MIN), a ainsi appelé de ses vœux les constructeurs à développer des véhicules performants qui bénéficient aux professionnels du MIN et puissent servir à la logistique du dernier kilomètre. Pour inciter les conducteurs à rouler vert, le patron du MIN a décidé de toucher au portefeuille, positivement. “Rungis fait un geste pour les transporteurs. J’ai décidé, contre l’avis de mes équipes, que les camions et véhicules roulant à l’hydrogène bénéficieraient d’une carte gratuite pour entrer sur le marché et venir faire le plein”, a-t-il annoncé.
Le marché de gros avait déjà inauguré il y a un an une station de gaz naturel comprimé et de bio gaz.
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Voilà le véritable véhicule de l’avenir : l’hydrogène alimente une pile à combustible, qui anime des moteurs électriques. Zéro pollution, et grâce à l’énergie solaire et aux éoliennes, on peut produire de l’hydrogène un peu partout dans de petites installations. De plus, on conservera le réseau des pompistes, il n’y aura que les pompes et les cuves à changer.
Une flotte de taxis fonctionne à Paris et se développe. Pour l’instant ces véhicules sont chers car produits en petite quantité, et le réseau de distribution est quasi inexistant, mais dans 10 ans ce sera au point et accessible.
Sauf que non.
Actuellement, l’hydrogène est fabriqué par vaporeformage du méthane, ce qui n’a aucun sens technique, économique et environnemental, puisque faire tourner un véhicule utilisant directement le méthane est moins cher, moins dangereux et plus efficace énergétiquement (et donc moins émetteur de CO2).
À l’avenir, il pourrait être fabriqué par électrolyse, mais le même problème se pose : il est moins cher de stocker directement l’électricité dans une batterie, car le rendement de l’électrolyse est 0€. À titre indicatif, le cout actuel du MWh d’hydrogène par électrolyse est d’environ 200 €, contre moins de 50 pour de l’électricité. Qui plus est, en utilisant des sources intermittentes comme le solaire photovoltaïque ou l’éolien, l’amortissement de l’électrolyseur peine à se faire.
Le très bon mais méconnu bloggeur Proteos avait écrit un billet à ce sujet (http://epi.proteos.info/index.php?post/2014/08/31/Le-mirage-de-l-hydrog%C3%A8ne) qui semblait assez conclusif : hors applications de niche pour lesquelles le poids des batteries est rédhibitoire, l’hydrogène n’a pas d’avenir.
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