Santé | | 02/02/2018
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A Fresnes : la débrouille d’un Ehpad en manque de personnel

A Fresnes : la débrouille d’un Ehpad en manque de personnel © Fb

Deux jours après le mouvement de grève massif dans les Ehpad, la sénatrice PS Sophie Taillé-Polian était en visite ce jeudi à la maison de retraite fresnoise Soleil d’Automne qui compte 64 résidents. Avec un aide soignant pour douze pensionnaires, cette maison de retraite illustre les limites de l’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie en effectif réduit.

En ce début d’après-midi, quelques résidents s’accordent un petit somme devant la télévision, d’autres sont aller faire une sieste dans leur chambre. Dans le salon,  deux aides soignantes liment les ongles de deux dames tandis qu’un peu plus loin, quatre résidentes s’appliquent à peindre un palmier. “Ce n’est pas beau ce que je viens de faire”, juge sévèrement l’une d’elles, préoccupée par un coup de pinceau maladroit. “Allons, ne vous rabaissez pas”, enjoint la peintre qui intervient une fois par semaine dans la structure.

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De nombreux ateliers sont proposés en matinée et le soir pour stimuler la mémoire, la créativité, la curiosité et encore l’autonomie, mais toutes ces activités nécessitent du monde. “Je suis souvent seule à mener les animations le matin. Parfois, je peux compter sur la psychologue qui intervient à mi-temps dans la maison de retraite. L’après-midi, les soignants sont un peu plus disponible pour venir m’épauler. Nous nous serrons les coudes”, raconte Nora, animatrice dans cet Ehpad depuis une vingtaine d’années. “Rester autant de temps à faire ce métier témoigne de notre passion et de notre enthousiasme pour ce que nous faisons, mais cela devient de plus en plus compliqué. Nous voudrions apporter plus, mais il faut nous en donner les moyens”.

Certaines personnes âgées, plus alertes, ont pleinement conscience de la situation et se montrent compréhensives. “Je sais que les aides soignantes ne viendront me tenir compagnie que lorsqu’elles auront un peu de répit”, reconnaît l’une d’elles. Avec deux aides soignants par étages pour s’occuper de 22 personnes âgées, les toilettes doivent s’enchaîner à un rythme soutenu quand tout se passe comme prévu. “Nous avons le regard constamment sur la montre. C’est du travail à la chaîne, nous ne sommes plus dans le relationnel. L’idéal se serait d’être deux de plus. Six toilettes par aide soignant permettrait de prendre du temps avec ces personnes âgées et de leur permettre de travailler sur l’autonomie. Avec une vingtaine de minutes, nous pourrions leur faire mettre un gant, et les aider à se laver. Ce serait autre chose”, considère Marie-Françoise, aide soignante et déléguée du personnel à la CGT. Parfois, pour palier l’absence d’un collègue, des agents de service hospitaliers, dédiés à l’entretien et au service des repas, viennent épauler les aides soignants dans la prise en charge d’un résident.

De nouveaux arrivants de plus en plus dépendants

Cette cadence de travail imposée par le manque de personnel est d’autant plus dommageable que les personnes âgées intégrant l’Ehpad sont de plus en plus dépendantes et nécessitent des soins particuliers. “Si l’on se base sur le point Gir qui établit le degré de dépendance du résident, il y a quelques années, nous accueillions en majorité des résidents avec un point Gir 5 ou 6, soit le niveau de perte d’autonomie le moins élevé. Aujourd’hui, avec le maintien à domicile, nos nouveaux arrivants ont des points Gir 1 ou 2, le seuil maximum de dépendance”, constate le docteur Meyer, médecin coordonnateur. Ces problèmes d’effectifs réduits touchent même l’encadrement avec un poste à mi-temps de cadre de santé.

La sénatrice Sophie Taillé-Polian ainsi que la maire de Fresnes, Marie Chavanon, ont rencontré le directeur de l’Ehpad et des représentants du personnel. “Le personnel n’a pas bien reçu les annonces du gouvernement parce que ces 50 millions supplémentaires ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Ne perdons pas de temps non plus en commandant de nouveaux rapports alors que nous sommes tous maintenant au fait de la situation partout en France. Je suis marquée par le dévouement du personnel mais il faut arrêter de compter sur le sens du service public de ces agents qui ne peuvent que coller des rustines et s’épuisent”, a regretté la parlementaire socialiste qui a interpellé la ministre de la Santé au Sénat.

Des travaux d’agrandissements prochains doivent améliorer le quotidien des résidents et le confort de travail du personnel. La municipalité souhaite également décloisonner le public de la maison de retraite pour l’associer davantage aux activités proposées aux seniors de Fresnes. Pour assurer la priorité accordée à l’Ephad, Alain Perrigault, maire-adjoint en charge des affaires sociales n’hésite pas à employer la phrase choc.”Nous ne voulons pas une deuxième prison à Fresnes”.

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Sophie Taillé-Polian et Marie Chavanon s’entretiennent avec Jean-Luc Carpy, directeur de l’Ehpad Soleil d’Automne.

 

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