Alors que l’AP-HP, qui a décidé cet été de passer de 4 à 3 centres de transplantation hépatique en Ile-de-France en transférant celui de Mondor à Brousse, a demandé aux doyens des facs de médecine des deux CHU de co-piloter un groupe de travail pour proposer un schéma qui fasse consensus, celui-ci est en train de tourner au vinaigre.
Difficile en effet, lorsque l’on est directement impliqué dans un CHU, de ne pas défendre ses couleurs. Et au sein de Mondor, le doyen de la fac de médecine de l’Upec, Jean-Luc Dubois-Randé, a choisi son camp, qui en appelle désormais à l’arbitrage de l’Igas et de l’IGAENR. Le temps de la mobilisation est revenu pour Mondor, avec un calendrier bien rempli, entre une visite de la coordination Mondor à l’ARS ce lundi, une autre à la DGOS la semaine dernière, une manif au ministère début janvier, une réunion débat grand public ce jeudi soir, une réunion entre le doyen et la communauté mondorienne ce vendredi après-midi, et une réunion entre les parlementaires du département et la ministre de la Santé le 8 février.
Consensus impossible
Entre les professionnels de Paul Brousse et ceux de Henri Mondor, une première réunion a pourtant bien eu lieu dans le cadre du groupe de travail. “Les échanges étaient cordiaux”, témoigne Didier Samuel, chef de pôle au sein des hôpitaux universitaires Paris Sud et doyen de la faculté de médecine Paris Sud. Suite à cette entrevue, l’équipe de Paul Brousse a remis une proposition à celle de Mondor. “Nous avions une note de cadrage de l’AP-HP nous demandant de réfléchir à un centre bi-site avec la greffe hépatique sur Paul Brousse et mon souci était d’organiser au mieux le parcours de soins, avec, pour les patients de Mondor, un suivi pré et post-opératoire qui reste à Mondor“, indique le doyen de Paris Sud.
La note Mondor envoyée ce weekend, qui sonne comme une réponse négative à la proposition émise par Paul Brousse, détaille par le menu l’infaisabilité du projet, pointant d’emblée le caractère inapproprié de la réponse par rapport au contexte, qui, au-delà de la volonté de l’AP-HP de passer de 4 à 3 centres, est aussi celui d’une situation conflictuelle entre mandarins du service hépato de Mondor. “Cette demande s’inscrit dans le contexte de difficultés des rapports professionnels au sein du service de chirurgie hépatobiliaire du Groupement Hospitalier Henri Mondor et apporte une réponse inadaptée au règlement du problème humain, sans analyse globale hospitalo-universitaire du dossier de la transplantation hépatique en Ile-de-France”, pose ainsi la note.
Complexification, répercussion sur la chirurgie hépatique
Concernant la faisabilité du projet, la note met en garde contre une “complexification majeure des parcours patients” , citant la “création d’au moins une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) commune avec mobilisation d’un temps médical supplémentaire”, les “allers/retours des patients avec consultations parfois redondantes entre Henri Mondor et Paul Brousse”, les “allers/retours des médecins et chirurgiens (hépatobiliaires et urologues) pour la prise en charge”, et encore la “segmentation de la prise en charge oncologique avant transplantation hépatique avec partage d’informations à coordonner”. La note pointe aussi une”faisabilité médicale et chirurgicale discutable”, soulignant que si les actes de radiologie interventionnelle ou endoscopique restent réalisés au CHU Henri Mondor alors que la prise en charge chirurgicale a lieu à Paul Brousse, il est difficile d’imaginer une prise en charge de ces patients pendant la période aiguë, et qu’ il n’est pas souhaitable d’exposer les patients à des transferts répétés par le SMUR entre les deux sites. A terme, la note Mondor estime donc que cela conduira au transfert d’une partie très importante de l’activité chirurgicale hépatique, bien au-delà au simple « transfert de l’acte chirurgical de la greffe » et que cela expose à une perte de compétences multiples du site de Mondor, compromettant le projet médical de l’établissement. “Contrairement aux engagements et au cahier des charges, la proposition de bi-site portée par l’hôpital Paul Brousse modifierait profondément et à court terme le projet médical du CHU Henri Mondor, dont la chirurgie hépatobiliaire (et plus largement la prise en charge complète des maladies du foie) est un axe important, confirmé par un vote récent unanime en CMEL et CEL”, pointe la note qui dénonce un souhait de transférer également la chirurgie du cancer primitif du foie (CHC) en attente de transplantation hépatique “qui représente 80% des interventions hépatiques au CHU Henri Mondor” – soit transférée en totalité à Paul Brousse.
De la défense de Mondor à l’attaque de Paul Brousse
Pour se défendre, Mondor attaque, et défend ses atouts par rapport à Brousse. “L’hôpital Henri Mondor, dont le projet médical est fondé en grande partie sur les activités de chirurgie et de greffe d’organes, sera très prochainement considérablement renforcé dans son infrastructure avec l’ouverture d’un nouveau bâtiment, moderne, pour les blocs et les réanimations. Ce bâtiment est parfaitement adapté à l’extension du projet prioritaire sur les transplantations hépatiques et multi-organes, dans des conditions bien mieux adaptées au parcours de soin qu’à l’hôpital Paul Brousse, bâtiment isolé de plateaux techniques majeurs à l’avenir incertain”, vante la note. De quoi agacer Didier Samuel, qui indique avoir pris connaissance de la note mais remarque qu’elle ne lui a pas été adressée. Ambiance… “Je comprends parfaitement que des personnes ne souhaitent pas voir partir la greffe hépatique de Mondor mais je désapprouve totalement la critique faite à Paul Brousse alors que nous sommes le plus grand centre de transplantation hépatique de France“, dénonce le doyen de Paris Sud (lire son interview défendant le projet).
Recrutement à Mondor
Reste à résoudre le problème RH de Mondor. Car en attendant, l’un des professeurs est parti en Suisse en fin d’année. “J’ai mis en recrutement un poste de PUPH en chirurgie hépatique”, indique Jean-Luc Dubois-Randé, qui affiche désormais un désaccord clair au projet et compte bien s’impliquer dans la mobilisation. “Je ne peux pas soutenir un tel projet. En pratique, ce centre bi-site n’est qu’un habillage pour un transfert progressif de la chirurgie hépatique vers Paul Brousse, car le patient ira directement là-bas. Cela aura un impact sur la recherche, les fonctions support, la radiologie interventionnelle, la greffe multi-organes…”, se refuse le doyen de l’Upec.
Appel à l’IGAS et à l’IGAENR
Comment sortir de l’impasse ? Dans sa note, l’équipe Mondor en appelle à l’expertise de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et à l’IGAENR (l’inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche). L’avis de l’ARS (Agence régionale de santé) devrait aussi compter, notamment concernant le nombre de centres de transplantation en Ile-de-France. “L’objectif est aussi de bien rester à quatre centres de transplantation hépatique et pas seulement à trois. Nous souhaitons le maintien des centres de transplantation hépatique à Mondor comme à Brousse”, indique Fabien Cohen, porte-parole de la coordination Mondor.
Réunion débat ce jeudi soir
Ce jeudi 25 janvier à partir de 19 heures, la coordination Mondor fera le point sur la question avec une réunion débat sur l’avenir de l’hôpital, sur Créteil mais aussi l’ensemble du Val-de-Marne. Salle Cocteau 8 rue des Ecoles à Créteil.
dans un domaine différents et moins important en terme d’intervention chirurgicale, nous venons d’avoir une intervention chirurgicale sur la rétine à COCHIN (St jacques) mais le suivit se fait à LARIBOISIERE (gare du nord).
Les visites préopératoire, Lariboisière, l’opération Cochin les visites post opératoire Lariboisière..
Si Urgence la semaine Lariboisière le wee-end Cochin… C’est galère
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