Déjà en campagne pour la mairie de Paris en vue des municipales de 2020, bien que n’étant pas encore candidat officiel LREM, Benjamin Grivaux, par ailleurs porte-parole du gouvernement, veut supprimer les départements de petite couronne et l’a fait savoir ce weekend dans une interview au journal Le Parisien. Une prise de position contre laquelle ont réagi immédiatement le président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, et le maire d’Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, chacun dans un communiqué.
“Lorsque la gouvernance en Ile-de-France – complexifiée par les récentes lois – doit être simplifiée, je déplore le dogmatisme qui consiste à ressasser les sempiternelles idées reçues de la suppression de collectivités comme solution miracle au rayonnement international de la capitale. Cette Arlésienne témoigne de l’éloignement entre ces pensées technocratiques et les besoins réels des habitants et des acteurs de terrain. Il s’agit là d’une chimère qui peine à convaincre et à masquer l’absence de résultats de la politique économique du gouvernement et ses difficultés d’une ampleur inédite. Pourtant, depuis plus d’un an, loin d’être attachés au statu quo, les Départements franciliens font des propositions et exigent une étude d’impacts sérieuse sur une possible réforme territoriale. Une telle étude n’a jamais été entreprise car elle démontrerait – j’en suis convaincu – les conséquences extrêmement néfastes de la suppression des départements, en premier lieu pour les plus fragiles, les retraités, la jeunesse et pour l’ensemble des habitants. Or, ces derniers expriment un profond attachement aux collectivités de proximité que sont les communes et les départements. 78% des Val-de-Marnais refusent d’ailleurs la suppression du Val-de-Marne. Par ailleurs, que faut-il comprendre lorsque le porte-parole du Gouvernement affirme que « [Paris] n’est pas à la bonne taille pour assurer pleinement son rang de ville-monde. Il faut voir plus grand, jusqu’aux limites de la petite couronne » ? Je n’ose pas concevoir que des réflexions de couloir sur l’annexion politique ou administrative par Paris de communes périphériques puissent exister. Les communes et les départements de banlieue n’ont pas vocation à devenir des sous-arrondissements de la capitale. Ces réflexions hasardeuses ne doivent pas nous éloigner du seul défi qui vaille pour améliorer la vie des habitants et renforcer l’attractivité de notre région : la lutte contre les inégalités. Dans ce combat, las des effets d’annonces, les départements et les communes innovent, agissent au quotidien malgré les contraintes budgétaires imposées par le gouvernement”, pose le président PCF du Val-de-Marne.
“A l’instar du Président de la République qui travaille depuis plus d’un an un scénario de réforme du Grand Paris « en chambre », M.Griveaux semble oublier la présence dans ces territoires des habitants et leurs représentants locaux. Un propos qui ne manque pas de faire sourire, quand il indique que « le maire ne peut agir seul depuis l’Hôtel de Ville ». La banlieue parisienne paie depuis trop longtemps le prix de politiques décidées à Paris et imposées contre l’avis des maires, la dernière réforme du Grand Paris en est l’exemple le plus criant. Le pragmatisme que vous revendiquez inviterait plutôt à réfléchir au sort de la Métropole du Grand Paris et des nouveaux Etablissements publics territoriaux qui à ce jour, n’ont pas fait la preuve de leur caractère indispensable. Les départements de petite couronne font au contraire la démonstration quotidienne de leur utilité au service des habitants de nos communes, fruit d’un long processus de montée en compétences issu de la décentralisation. Supprimer les départements, c’est supprimer des services publics de qualité et l’assurance de ne jamais en retrouver le niveau. C’est transformer les communes, échelons indispensables au fonctionnement de la démocratie locale, en mairies d’arrondissement de territoires qui ne correspondent à aucun bassin de vie. C’est détruire ce qui fonctionne pour miser sur des institutions qui peinent déjà à émerger. Vous qui semblez vanter les vertus du dialogue, pourquoi ne pas ne pas recueillir l’avis des habitants et des élus locaux qui souhaitent s’exprimer sur le sujet ?“, invite pour sa part le maire PCF d’Ivry-sur-Seine.
8500 salariés juste pour le Département du 94, vous voulez en faire quoi déjà?
Des emplois utiles. Pour le vérifier, il faut un audit détaillé. Comment expliquer la croissance continue des effectifs à compétences égales ? Le département était-il mal administré il y a 20 ans ?
Et le transfert de compétences (vers région, métropole ou territoires) s’accompagnerait du transfert des postes nécessaires.
Voilà des élus locaux qui attaquent un concurrent d’abord pour défendre leur portefeuille.
Les départements de la petite couronne ne sont pas à la bonne dimension pour résoudre les sujets de mécontentement (transports, logement, localisation des emplois, notamment) tandis que 93 et 94 se plaignent eux-mêmes de ne pas avoir assez d’argent pour les solidarités.
En fait, les services publics du 94 ont un rapport qualité/prix mauvais (pour le contribuable) et il y a du ménage à faire dans les sureffectifs inutiles, accumulés en 50 ans sans alternance.
Comparer une institution de 50 ans avec une autre de 2 ans, sans parler des énormes différences de budget, n’a pas de sens. La Métropole du Grand Paris a fait pas mal de choses avec très peu de moyens dans sa très courte existence.
Que Monsieur Favier défende son département c’est normal, mais pourquoi attaquer la Métropole alors que les deux institutions pourraient se compléter ?
De facto la France connaît quatre échelons de décision locale ; commune, intercommunalité, département, région. En ile-de-France il n’y en a qu’un de plus, même si c’est sans doute au moins un de trop.
Monsieur Favier serait plus inspiré s’il reprenait les idées qui ont été proposés, notamment par Monsieur Troussel (Président du CD 93) de transformer chaque département de la Petite Couronne en communauté urbaine, ces CU se fédéreraient avec la MGP. Ce qui selon les rumeurs, seraient le plan du gouvernement mais en remplaçant les départements par les territoires. Monsieur Favier pourrait arguer que le département, outre son ancrage, a une taille plus à même d’éviter les déséquilibres qui se créeraient face à la masse de la Ville de Paris si on suivait l’hypothèse qui serait retenue par le gouvernement.
On aurait donc une zone dense reposant sur quatre pieds mais gérant en commun les problèmes qui lui sont propres en lien avec la Région dont l’action permet d’éviter les effets de seuils avec les zones péri-urbaines et rurales (75% de l’espace).
Moi je suis régulièrement entre au moins 3 départements de la MGP qui est mon bassin de vie, la plupart des habitants ont une vie régulière entre au moins deux départements. Il ne s’agit donc pas de se confronter les uns avec les autres mais au contraire d’avancer ensemble car c’est un espace grand parisien, qui est notre identité commune mais qui ne va pas à l’encontre d’un esprit de clocher raisonné (Qui existe aussi chez les arrondissements intra muros). On peut donc être pour conserver le Val-de-Marne et la MGP.
Même les territoires peuvent avoir une pertinence comme déconcentration du département-communauté urbaine, renforcé éventuellement pour certains d’entre eux si des communes souhaitent mutualiser leurs actions à ce niveau. D’un niveau simplement technique ce ne serait plus un échelon en tant que tel.
La réalité actuelle n’est pas idéale : les niveaux s’empilent sans cohérence. Les sujets de mécontentements ne manquent pas, qu’aucun niveau de l’organisation actuelle ne prend correctement en charge. Les limites des départements de petite couronne sont artificielles, et fragmentent une même agglomération urbaine, fait unique en France.
Mais trouver une meilleure solution d’organisation territoriale est un défi pas si facile à relever. Territoires intercommunaux, Métropole, Région ? Sans oublier en plus, la nécessaire transition d’une organisation à l’autre à la fin, sans interruption des services utiles.
Peut-être faudrait-il que chacun commence en fait par préciser quelle est la bonne échelle selon lui, pour traiter chaque sujet et résoudre les problèmes d’urbanisme notamment.
Logements, transports en commun, transports routiers (local et de transit), emplois, équipements, établissements scolaires, mixité sociale, solidarités, parcs et espaces verts, les sujets ne manquent pas.
Or, on a fait les choses à l’envers avec la MGP, en commençant par découper et se demander ensuite ce que l’on pourrait bien faire ensemble
Pour préciser le débat, il peut être utile de citer B. Griveaux sur la question Grand Paris (sans oublier que dans le reste de l’interview il parle d’autres sujets où le 94 est concerné, transports notamment)
Quel est votre projet pour le Grand Paris ?
La vraie question est : « que veut-on faire ensemble ? ». Paris est une ville de 2 200 000 habitants. Elle n’est pas à la bonne taille pour assumer pleinement son rang de ville-monde.
Il faut donc voir plus grand, jusqu’aux limites de la petite couronne. En matière de logement, de transports ou de solidarité, le maire de Paris doit aller parler avec les maires des communes voisines, la ville étant le bon échelon pour avancer.
Enfin, il faut simplifier : il y a aujourd’hui six échelons de décision pour les Parisiens et les Franciliens. Plus personne d’y comprend rien. Je suis favorable à la suppression des départements de la petite couronne dans un premier temps.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.