Environnement | | 29/10/2018
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Incinérateur à Ivry-sur-Seine: 3R refuse le débat avec le Syctom

Incinérateur à Ivry-sur-Seine: 3R refuse le débat avec le Syctom

Alors qu’un débat contradictoire sur la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine devait se tenir le 15 novembre entre le Syctom et le collectif 3R , sous l’égide de la ville, le collectif a annoncé se refus de participer dans une lettre ouverte au maire à laquelle celui-ci a répondu.

La reconstruction du centre d’incinération des ordures d’Ivry-sur-Seine, qui couvre 12 arrondissements parisiens et 13 communes du Val-de-Marne, continue d’agiter le débat. Controversé par les écologistes et un collectif d’associations, le projet de reconstruction, qui prévoit de diminuer la capacité totale de traitement par incinération de 730 000 à 350 000 tonnes en parallèle de la création d’une unité de valorisation organique pour les bio-déchets, a obtenu un feu vert définitif en septembre au terme de l’enquête publique sur l’autorisation de construire et d’exploiter. De quoi mettre en colère les opposants au projet qui estiment la reconstruction inutile et souhaitaient que l’investissement soit consacré à inciter les habitants à réduire les déchets, en s’appuyant sur le plan Bom proposé par l’association Zéro Waste France. C’est dans ce contexte que la ville avait proposé, en février dernier, d’organiser un débat contradictoire public entre le collectif 3R et le Syctom, le syndicat intercommunal qui traite les déchets de 84 communes de l’agglomération parisienne et gère notamment le centre de traitement des déchets d’Ivry-Paris XIII. Ce débat devait se tenir le 15 novembre mais le collectif 3R a annoncé dans une lettre ouverte au maire qu’il n’y donnerait pas suite.

“Et pourtant nous nous réjouissions de ce débat lorsque vous avez annoncé votre intention de l’organiser lors de la soirée de bilan des Assises de la ville le 2 février dernier. Vous déclariez alors que ce débat porterait sur l’ensemble du projet des deux usines – UVE (Unité de valorisation énergétique ou usine d’incinération) et UVO -, qu’il serait public, afin que la population puisse se faire une opinion en entendant les défenseurs et les objecteurs au projet. Vous nous proposez aujourd’hui que ce débat se fasse en vase clos avec une soixantaine de participants invités par chaque partie, ce qui ne fera en rien avancer les positions des uns et des autres et ne permettra aucunement aux habitants de se faire une opinion sur ce sujet si technique. Mais surtout nous avions espéré que vous organiseriez ce débat avant l’enquête publique afin que la population puisse donner son avis sur la reconstruction de l’usine d’incinération en connaissance de cause. Aujourd’hui il est trop tard, car malgré les presque deux mille avis défavorables qui se sont exprimés lors de l’enquête publique, la commission d’enquête a approuvé sans réserve le projet de reconstruction de l’usine d’incinération présenté par le Syctom. Et vous savez pertinemment, puisque vous siégez au conseil syndical du Syctom, que dans l’esprit du Syctom, les deux usines (UVE et UVO) sont indissociables l’une de l’autre. Nous refusons de nous associer à ce semblant de démocratie qui consiste à laisser croire que le dialogue est possible alors que les décisions sont arrêtées et qu’il n’est nullement question pour les représentants du Syctom, dont vous faites partie, de les modifier”, motive le collectif.

“Ce contexte et ce calendrier étaient prévisibles depuis le début des discussions, je ne peux donc que regretter ce retrait de la démarche, après avoir consenti à plusieurs demandes de reports, émanant à la fois du Commissaire enquêteur, de l’association et du Syctom. Pourtant il était prévu que le débat à l’auditorium soit retransmis en direct sur les réseaux sociaux, laissant aux internautes et à la salle des possibilités de réagir. Pourtant un temps de parole et de présentation équivalent pour chacune des deux thèses étaient prévus. Pourtant un journaliste indépendant de la rédaction de France 5 avait accepté d’animer le débat. Sur le fond, je déplore que les 1,4 millions d’habitant.e.s, dont les déchets sont traités sur ce site, soient privés d’une telle occasion de se faire une opinion. Car malgré les 2000 personnes qui ont manifesté leur opposition au projet dans le cadre de l’enquête publique, le sentiment qui domine à l’échelle des 14 communes et des 12 arrondissements de Paris constituant le bassin versant est bien l’indifférence. Cette situation n’est pas propice à l’indispensable mobilisation citoyenne, si nous voulons parvenir à une réduction significative de la quantité de déchets à traiter, et à de meilleures performances de tri sélectif. Rappelons qu’aujourd’hui, chaque année 700 000 tonnes de déchets sont incinérés à Ivry, et 80 000 tonnes partent en décharge en Seine et Marne et dans le Val d’Oise. Demain (à l’horizon 2023) le nouvel incinérateur aura une capacité de 350 000 tonnes. Cela sera-t-il suffisant pour traiter les déchets d’un territoire métropolitain en pleine croissance démographique ? Aurait-on pu se passer de cet investissement ? Les usines de Saint-Ouen et d’Issy-les-Moulineaux auraient-elles suffi pour répondre aux besoins ? Pourra- t-on se passer (à l’horizon 2027) du deuxième volet, aujourd’hui optionnel du projet, à savoir l’Unité de Valorisation Organique ? Doit-on dès aujourd’hui déployer plus de moyens pour le tri à la source des bio-déchets ? Comment nous, citoyen.ne.s, pouvons-nous agir sur les industriels, les entreprises et la grande distribution pour éviter la production de futurs déchets ? Toutes ces questions ne sont pas tranchées, et de nombreux débats sont encore devant nous“, répond le maire PCF de la ville, Philippe Bouyssou.

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