Deux ans après leur installation dans les premiers logements de la zac Ivry Confluences, des habitants déplorent l’écart entre les promesses du projet et la réalité. Insécurité, incivilités, nuisances, charges surélevées et retards de livraison d’équipements et de réseau de transports les ont mis à bout de nerfs.
“Le quartier a subi 7 cambriolages au cours des 8 derniers mois. Les voleurs s’introduisent dans nos résidences, dévissent nos judas pour voir si quelqu’un se trouve à l’intérieur. Je crois que des voisins se sont armés. Mon agression témoigne de l’escalade du sentiment d’insécurité ressenti par les habitants du quartier”, décrit Maxime*. Trois hommes s’en sont pris à lui dans un hall, en plein après-midi, alors qu’il venait au secours de sa voisine, alertée par des bruits suspects. “Les policiers m’ont dit que j’avais eu de la chance parce que j’aurais pu prendre un coup de couteau. Du coup, malgré mon œil et mon nez bien amochés, les bleus et mon genou en vrac, je relativise. Ma femme ne veut plus sortir seule de l’appartement et ma famille s’imagine que nous vivons dans un quartier malfamé”, avoue ce cadre supérieur.
La semaine dernière, une délégation d’habitants du quartier a été reçue par deux élus municipaux ainsi qu’un officier du commissariat d’Ivry pour évoquer ses problèmes récurrents de sécurité, et samedi dernier, une mini manif s’est organisée à l’occasion de l’inauguration de nouveaux immeubles dans la zac. “Cet accroissement du nombre de cambriolages avec cette agression physique provoque de l’exaspération et met les riverains en situation de crainte. C’est tout à fait normal et je le déplore. Si nous ramenons ces actes à la moyenne annuelle des faits délictuels commis à Ivry, ce quartier n’est pas plus exposé. Les habitants demandent la vidéosurveillance. Nous étudions sa mise en place à titre expérimental avec la police nationale. Jusqu’à présent, nous étions assez récalcitrants sur le sujet par rapport à des questions de coût et de gestion de l’outil. En effet, nous considérons que c’est à l’État de le prendre en charge financièrement. Enfin, la vidéosurveillance a davantage d’impact sur la résolution d’affaires qu’en matière de prévention“, réagit Philippe Bouyssou, maire PCF d’Ivry-sur-Seine.
Un cohabitation difficile avec une boîte de nuit et un bar à chicha
Depuis 2016, les îlots du projet d’aménagement Ivry Confluences sortent progressivement de terre. Ce vaste chantier de reconquête de friches industrielles doit permettre la construction de 1,3 millions de m² de logements, de bureaux et d’équipements publics d’ici 2025. En attendant, le quartier connaît une période de transition où les programmes immobiliers flambant neuf côtoient des lieux voués à disparaître.
C’est notamment le cas du Palacio, une boîte de nuit installée depuis une vingtaine d’années dans un complexe de 2000 m², accueillant weekends et jours fériés des centaines de clients appréciant la musique afro-caribéenne et hip-hop. “J’avais fait confiance au promoteur qui expliquait que la discothèque allait fermer dès 2015 mais elle est toujours là. C’est infernal. Les clients n’ont pas accès au parking de la boîte de nuit alors ils se garent n’importe où. La police ne veut pas les verbaliser de peur de créer un mouvement de foule. Il leur arrive aussi de venir se changer dans les résidences et je suis tombé sur l’un des clients en train de se masturber dans le hall! Dimanche dernier, nous nous sommes rendus compte que des personnes avaient même forcé le portail d’un garage privatif pour y laisser leur véhicule, avant de venir le chercher au petit matin comme si de rien n’était. Le gérant du Palacio possède un bar juste à côté qui accueille les clients à la fermeture de la discothèque. Une fois la soirée terminée, vers 7 heures du matin, ils reprennent le volant alcoolisés, c’est dangereux!”, déplore Chloé, dont la résidence fait directement face à la discothèque. De son côté, la mairie d’Ivry, assure faire tout son possible pour obtenir la fermeture du Palacio dont “le comportement des clients est intolérable et la présence du lieu incompatible avec son environnement”. L’aménageur Sadev 94 tenterait d’acquérir ce bien. En attendant, le Palacio vient d’écoper d’une lourde sanction administrative de la préfecture du Val-de-Marne, pour trouble à l’ordre public : une fermeture de 6 mois qui pourrait mettre l’activité en péril et précipiter la vente de l’établissement.
“Notre quartier semble être une enclave abandonnée”
L’ambiance chantier de ce quartier en pleine mutation achève de courroucer les nouveaux habitants. “Nous avons l’impression de vivre dans un chantier perpétuel. Entre les camions qui déchargent leurs gravats sur nos trottoirs, le manque de commerces de proximité, l’absence d’espaces verts et le défaut de transports en communs, notre quartier semble être une enclave abandonnée. Ajoutez à cela des malfaçons dans les appartements et des charges de chauffage hallucinantes et vous comprenez que des propriétaires sont déjà prêts à quitter le quartier”, résume Franck qui se veut malgré tout optimiste, reconnaissant que ces circonstances ont au moins permis le rapprochement des habitants.
“L’attention politique de la municipalité a été mobilisée par la bataille contre la spéculation immobilière qui aurait pu mettre en péril l’ensemble du projet de la Zac. Je reconnais que nous avons été moins attentifs à l’accompagnement des habitants qui débarquent en plein chantier et à qui les promoteurs et commercialisateurs ont vendu du rêve. A l’avenir, nous serons beaucoup plus vigilants et ferons davantage d’efforts sur la coordination des chantiers et l’information aux riverains. Cela dit, nous entretenons un dialogue régulier qui nous permet de réorienter les îlots en fonction de leurs remarques. Nous avons par exemple accepté de déminéraliser un certain nombre d’espaces publics pour y mettre davantage de vert. Concernant, les charges élevées, les habitants d’Ivry Confluences payent une part plus importante qu’ils ne le devraient pour des investissements visant à l’intégration de la géothermie dans le mix énergétique de toute la commune. Nous sommes en train de travailler à un rééquilibre”, termine Philippe Bouyssou, qui espère pouvoir compter sur la mobilisation des habitants aux côtés de la municipalité pour obtenir la livraison rapide du T Zen et le prolongement de la ligne de métro 10.
Un comité de suivi de l’opération Ivry Confluences doit voir le jour d’ici fin mars et se réunir une fois par mois pour échanger sur la gouvernance du projet, les plannings, les financements, le rôle des partenaires et élargir la concertation.
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En même temps avec une mairie communiste depuis toujours ils auraient du se douter que la sécurité n’était pas la priorité de la politique de la ville !
Hallucinant la réponse du maire “Si nous ramenons ces actes à la moyenne annuelle des faits délictuels commis à Ivry, ce quartier n’est pas plus exposé”
C’est la même moyenne de délinquance que le reste de la ville donc c’est pas grave ?! Mais la moyenne est déjà bien trop haute il occulte totalement ce fait !
Les communistes et la sécurité c’est toujours aussi incompatible. Sauf si bien sûr on parle d’insécurité sociale ! Alors là, ils sont intarissables en bon adepte de l’économisme. Par contre, pour la sécurité physique: circulez y a rien à voir !
Encore un exemple avec le maire d’Ivry qui se défausse totalement en disant: c’est la faute à l’Etat !
Marrant de voir qu’il ne veut pas financer pour ce motif la vidéo protection (qui permet, comme il le reconnaît d’attraper les coupables qui donc par essence risqueront moins de récidiver. Mais bon ça il doit pas le comprendre !) ou encore une police municipale. Par contre, quand on parle de supprimer le 94, les communistes hurlent qu’ils font du bon boulot en complétant des politiques qui ne relèvent pourtant pas au premier chef de la compétence du département (exemple type: les crèches qui doivent normalement être financées par les communes. Mais là, ça ne pose pas de problèmes au 94 d’intervenir quand même et d’en créer lui-même!). Par contre, s’il s’agit de la Police alors là faut surtout pas venir compléter l’action de l’Etat !
Pauvres nouvels habitants d’Ivry qui commencent à comprendre là où ils ont mis les pieds et qui ne pourront plus partir d’Ivry car la mairie les empêchera de vendre au prix de marché. Comme si revendre son habitation principale relevait de la spéculation !
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