Développement économique | | 29/10/2018
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L’agro-alimentaire: un enjeu stratégique pour Grand Paris Sud Est Avenir

L’agro-alimentaire: un enjeu stratégique pour Grand Paris Sud Est Avenir

Si le poids économique de la filière agro-alimentaire dans le Val-de-Marne émane essentiellement du MIN de Rungis situé dans le territoire Grand Orly Seine Bièvre, son implantation dans le territoire voisin du Grand Paris Sud Est Avenir est aussi stratégique et constitue un fort enjeu de développement économique et de maintien de l’emploi.

C’est ce que donnent à voir les chiffres publiés par la CCI du Val-de-Marne, qui mettent en avant les atouts et besoins de ce territoire en la matière. Un sujet d’autant plus actuel qu’il est directement lié avec le projet d’écoquartier économique agroalimentaire de Noiseau, aujourd’hui sur la sellette.

Le commerce de gros : fort pourvoyeur d’emploi à dynamiser

Avec 1879 emplois salariés privés, hors agriculture, l’agroalimentaire représente 2,3% des emplois dans le territoire, mais a accusé une baisse importante ces dix dernières années. Les emplois ont ainsi diminué de 23,4%, soit quasiment un quart, entre 2007 et 2017. Une diminution qui a concerné essentiellement la sous-filière commerce de gros, laquelle représente plus de 90% des emplois à elle seule.  “Les communes de Créteil et de Chennevières-sur-Marne sont les principales touchées par cette évolution, explique la note économique de la CCI Val-de-Marne. A Créteil, l’emploi est passé de 911 en 2007 à 761 en 2015 pour chuter à 484 en 2017, soit un taux de variation de -46,9% sur 10 ans. Dans des proportions moindres, mais tout aussi significatives, la commune de Chennevières-sur-Marne est passée de 951 en 2007 à 751 en 2015 et 715 emplois en 2017 soit un taux de variation de – 24,8%.” Une tendance inquiétante. “A Créteil, la restructuration des activités de l’entreprise Pernod-Ricard, avec notamment l’arrêt de la chaîne de production, pourrait expliquer en partie la baisse d’emplois constatée dans cette catégorie”, analyse la Chambre de commerce et d’industrie. pour qui  un enjeu majeur pour le territoire est de maintenir l’emploi du commerce de gros en attirant de nouvelles  entreprises aux côtés des grands noms déjà présents que sont Pernod-Ricard, Franprix, France Boissons, Metro Cash and Carry France, Le Domaine des Gondoles ou encore Carniato Europe. “Le territoire est équipé d’infrastructures qui permettent de relever ce défi à l’image du port de Bonneuil qui est un atout logistique majeur“, pose la CCI.

Industrie de transformation : développer les circuits courts…

En termes de poids relatif au sein de la filière agroalimentaire dans le territoire, l’industrie de transformation pèse beaucoup moins, qui ne représente que 32 établissements contre 124 pour le commerce de gros. Cette catégorie est en revanche en pleine dynamique. “Le nombre d’emploi total est passé de 90 en 2007 à 135 en 2012 puis 145 en 2017, soit un taux de variation de + 61,1% sur dix ans. Les communes de Créteil et de Boissy-Saint-Léger sont les grandes gagnantes de cette évolution, bien que les communes de Santeny et de Bonneuil-sur-Marne aient également profité du développement de ce secteur. Comprenant de 50 à 99 salariés, le plus gros employeur est l’entreprise Déli Planète”, détaille la CCI 94. Installée à Créteil, Déli Planète est spécialisée dans la fabrication de produits asiatiques et elle transforme des matières premières telles que les viandes de volaille, de porc, de boeuf et des produits de la mer pour les distribuer chez Tang Frères et Tang Gourmet.  Tradition et Gourmandises est pour sa part basée à Boissy-Saint-Léger et s’est spécialisée dans la production de foie gras mi-cuit et de produits de luxe. “Etant donné les coûts immobiliers et fonciers en Ile-de-France, la présence d’activités de production montre toute l’attractivité du territoire, notamment au Nord-Ouest”, analyse la CCI qui relève néanmoins qu’aucune entreprise agroalimentaire ne transforme pour l’instant l’agriculture produite dans le territoire, qui est pourtant importante.

… avec du foncier dédié

S’adapter à cette filière et attirer des entreprises capables d’exploiter les productions locales en circuit court est un défi stratégique pour le territoire”, enjoint la CCI qui relie la question à l’insuffisance de foncier disponible pour l’activité industrielle, pointée lors d’une précédente étude à l’échelle métropolitaine (voir article sur ce sujet). “Il est nécessaire de mobiliser le foncier en faveur de l’activité productive, construire un partenariat gagnant-gagnant entre les entreprises et les territoires et prendre réellement en compte les besoins des PME. Dans le secteur de l’industrie agroalimentaire une large gamme d’équipements de production et de locaux de moyennes surfaces équipés est recherchée : ateliers de conditionnement ou d’embouteillage, légumerie, cellule frigorifique qui doivent être modulables et éventuellement mutualisables.

Encourager l’écosystème autour de l’agriculture bio

Troisième pilier de la filière agro-alimentaire, l’agriculture n’est pas en reste alors que les terres agricoles de Grand Paris Sud Est Avenir  représentent 51,6% de celles de la Métropole du Grand Paris (MGP), essentiellement situées dans le plateau briard et le haut Val-de-Marne. Principalement dédiées au maraichage et à l’horticulture, elles accueillent aussi quelques grosses exploitations de cultures céréalières, d’oléoprotéagineux et de polyculture du côté de Santeny, Noiseau et la Queue-en-Brie. Sur un total de 770 hectares exploités, l’agriculture biologique représente pour l’instant 88 hectares exploités en surface certifiée AB et 10 hectares exploités en conversion AB. Il y a même un élevage de poules bio à Mandres-les-Roses (voir reportage).  L’enjeu est désormais de développer l’écosystème autour de cette filière bio. Pour l’heure, 14 distributeurs et 18 transformateurs ou restaurants sont déjà en place. “Pour exemple, une entreprise de fabrication de pain et de pâtisserie, Pain de Belledonne, est implantée à Santeny. Malgré une baisse de la diversification des cultures, les réseaux courts mettant directement en contact consommateurs et agriculteurs contribuent à maintenir l’activité agricole sur le territoire. Des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (Amap) sont présentes sur plusieurs communes du territoire“, détaille la CCI pour qui “le développement des circuits courts et le maintien des terres agricoles face à l’étalement urbain sont parmi les enjeux majeurs du territoire.”

Exploitation avicole biologique à Mandres-Les-Roses

Un projet alimentaire territorial pour fixer le cap

Alors que GPSEA est le territoire le plus concerné par l’enjeu agricole, au sein de la métropole, il a décidé de se lancer dans la réalisation d’un projet alimentaire territorial (PAT), un dispositif institué en 2014 pour donner “un cadre stratégique et opérationnel à des actions partenariales répondant à des enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé dans le champ de l’alimentation et de l’agriculture“, détaille le ministère de l’Agriculture. Voir la page dédiée sur le site du ministère.

Télécharger l’intégralité de la note économique de la CCI 94 dédiée à l’enjeu agroalimentaire dans le Grand Paris Sud Est Avenir

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