Service public | | 03/07/2018
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Pourquoi l’eau est moins chère à Paris qu’en banlieue

Pourquoi l’eau est moins chère à Paris qu’en banlieue © Ruslan Gilmanshin

Contrairement aux autres métropoles françaises, à qui ont été conférées en direct la gestion de l’eau potable et de l’assainissement, la Métropole du Grand Paris n’a pas obtenu cette compétence, confiée directement à chacun de ses douze territoires. Dans un rapport publié la semaine dernière, la Chambre régionale de la Cour des comptes préconise de franchir cette étape.

Le rapport commence par pointer les différences de prix entre Paris et sa banlieue et revient sur l’histoire des réseaux d’eau potable pour en expliquer la cause, rappelant que le réseau d’eau de la ville de Paris, organisé sous le second Empire, dispose de ressources en eaux souterraines moins polluées et donc moins traitées. En outre, la densité de la population intramuros permet de s’appuyer sur un réseau de distribution  plus court. Son organisation en galeries rend enfin plus facilement visitables la quasi-totalité des canalisations, permettant de concilier maintenance peu coûteuse et faible taux de fuite.  En banlieue en revanche, l’eau est captée essentiellement dans les rivières et le réseau, plus complexe, est enterré et plus difficilement accessible. “Grâce à ces atouts, la ville de Paris a des coûts de traitement de l’eau brute inférieurs, un taux de renouvellement du réseau moins important et donc un montant d’investissement ramené au mètre-cube d’eau de 42 % inférieur à celui du Sedif (le syndicat des eaux d’Ile-de-France, l’un des principaux syndicats intercommunaux en charge de l’eau de la région), ce qui lui permet de produire l’eau la moins chère du territoire métropolitain“, pointe le rapport.

Ci-dessous l’un des tableaux du rapport, faisant état des différences de prix.

Concernant l’organisation actuelle, qui repose à 9°% sur trois grands réseaux, celui de la ville de Paris, celui du Sedif et celui du syndicat des eaux de la presqu’île de Gennevilliers (quelques communes des Hauts-de-Seine), la CRC considère qu’il y aurait à gagner à mutualiser l’infrastructure. “Bien que les trois acteurs disposent d’outils de production à la pointe de la technologie et de réseaux de canalisations offrant un taux de rendement bien supérieur aux exigences réglementaires, qui leur permettent de fournir à leurs usagers une eau potable et un service de qualité, ils fonctionnent de façon très cloisonnée. Ce cloisonnement les conduit notamment à disposer, de façon collective, d’une capacité globale de production excédentaire, alors que l’un d’eux achète au surplus
de l’eau potable à des opérateurs privés“, regrette la CRC qui considère “qu’une organisation métropolitaine du service permettrait de répondre aux nouveaux enjeux et de baisser le prix de l’eau pour l’usager“.

Organisation de la gestion de l’eau en métropole (source Sedif)

Haro sur le Sedif’xit

La CRC pointe également l’absence d’infrastructures industrielles de production comme de distribution des territoires (hors Paris), qui limite leur capacité à exercer pleinement leur compétence. Alors que trois territoires (Plaine Commune, Est Ensemble et Grand Orly Seine Bièvre) ont choisi de laisser aux communes qui le souhaitaient le choix de ne pas réadhérer au Sedif pour envisager une gestion publique de l’eau à l’échelle de leurs territoires tandis que le Sedif travaille en délégation de service avec des opérateurs privés (actuellement Véolia), la CRC met en garde contre les travaux que cette séparation occasionnerait. “En première approche, le Sedif estime à plus de 300 millions d’euros, à la charge des usagers, le montant des travaux nécessaires pour réaliser la seule séparation des réseaux existants, auxquels s’ajouterait le coût encore non estimé du doublement d’infrastructures qui seraient dépourvues de valeur ajoutée”, indique la CRC.

Transférer la compétence des territoires à la métropole?

 

La Chambre régionale de la Cour des Comptes préconise au contraire une mutualisation des réseaux à l’échelle métropolitaine, se calquant sur les modèles londoniens et tokyoïtes ou new-yorkais. “Un transfert de la compétence en matière d’eau potable à la métropole apporterait une solution favorable à l’intérêt général des populations concernées en mettant un terme à ces logiques coûteuses de fractionnement d’un service public majeur. L’adoption d’une compétence métropolitaine de l’eau en Île de France comme partout ailleurs sur le territoire national, créerait les conditions de la fourniture d’une eau de qualité au prix le plus favorable, unique, pour tous les usagers. Une telle organisation permettrait la gestion mutualisée des risques, éviterait les dépenses d’achat d’eau en gros sur un territoire qui en produit déjà trop et inciterait à optimiser l’utilisation des installations de production métropolitaines. Elle n’écarterait pas la possibilité que cette compétence soient exercée par des syndicats de second niveau, sur tout ou partie de l’unité urbaine et aiderait à la généralisation des meilleures pratiques de gestion des services publics d’eau potable“, motive la CRC.

Télécharger le rapport complet

A lire aussi :

Voir tout notre dossier sur la séparation du Sedif pour une gestion publique de l’eau 

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