Justice | | 18/10/2018
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Les élus du Val-de-Marne vent debout contre la prison à Noiseau

Les élus du Val-de-Marne vent debout contre la prison à Noiseau © Fb

(Mise à jour 26/10 derniers communiqués) Alors que le ministère de la Justice a publié ce matin les emplacements des 15 000 futures places de prison, dont 700 en place de l’ancien centre France Telecom de Noiseau d’ici à 2027, après une première communication au journal Le Parisien, les élus du Val-de-Marne ont réagi avec colère, du maire de la commune au président du territoire en passant par les présidents de département et la vice-présidente de la région. Même le député LREM Jean-Jacques Bridey a reconnu que le choix de Noiseau n’était pas le plus judicieux.

Lire aussi : Une prison de 700 places à Noiseau

Dès ce jeudi après-midi, une conférence de presse a été organisée en urgence par le maire de Noiseau, Yvan Femel, et le président du territoire Grand Paris Sud Est Avenir, Laurent Cathala. “C’est une mascarade. Un jour après avoir entendu des bruits de couloir puis avoir appris la nouvelle par voie de presse, nous n’avons toujours aucune information officielle, ni mail, ni coup de téléphone. Il y a absence totale d’information et de concertation tant au niveau communal que territorial. C’est la double peine pour nous parce que nous avons nos propres projets pour ce site. L’État nous inflige des amendes parce que nous sommes carencés et lorsque nous prévoyons de construire des logements, ils imposent un autre projet et violent la volonté des élus locaux”, lance Yvan Femel, maire LR de Noiseau, qui a reporté le Conseil municipal qui était prévu ce jeudi soir à la semaine prochaine pour être en mesure de répondre à toutes les questions des élus et des citoyens sur ce sujet.  Colère également chez Laurent Cathala, président  PS du territoire Grand Paris Sud Est Avenir, qui a fait l’acquisition du site France Télécom: “Je suis choqué par la manière donc cette annonce a été faite, qui traduit un profond mépris de la part du gouvernement pour les élus locaux. Nous allons réagir fermement et œuvrer pour avoir la mobilisation la plus large possible. Nous sommes propriétaires et l’État devra nous exproprier. Nous irons au bout des procédures pour les bloquer le temps que nous développions notre projet et le rendions irréversible. Des centaines de milliers d’euros ont déjà été investis pour des études d’ingénierie, nous n’allons pas jeter cet argent par les fenêtres”, prévient l’élu. Françoise Lecoufle, maire LR de Limeil-Brévannes, qui fait partie des deux sites pressentis pour accueillir un SAS (Structure d’accès vers la sortie de prison), est venue témoigner de sa solidarité. “Bienvenue au club des méprisés. L’État a agi de la même façon avec nous, sans concertation et sans information, en visant une zone fragile, à l’écart des grandes infrastructures de transports, éloignée des pôles d’activité et avec beaucoup de jeunes ménages. Il y en a assez!”, enjoint l’élue.

L’exemple réconfortant de La Queue-en-Brie ?

Nous avons besoin du soutien de toute la population du territoire impacté. La mobilisation paie. Cela s’est vérifié lorsque le projet de prison à La Queue-en-Brie a finalement été réalisé à Reau”, se souvient le maire LR de La Queue-en-Brie, Jean-Pierre Faure-Soulet. En 2005, le projet de prison à La Queue-en-Brie avait en effet suscité une mobilisation des élus.

La région du côté des élus

“Il y a unanimité en Val-de-Marne pour dire que le projet pénitentiaire se trouve à Fresnes, et nulle part ailleurs. Ce n’est pas parce que nos communes ont un potentiel foncier intéressant qu’elles ont vocation à accueillir des équipements pour répondre à des besoins nationaux. Nous représentons les aspirations de nos citoyens qui ont aussi droit au développement”, s’indigne également Marie-Carole Ciuntu, maire LR de Sucy-en-Brie et vice-présidente de la région, qui est venue témoigner du soutien de présidente, Valérie Pécresse.

Le président du département réclame une réunion d’urgence et rappelle la nécessité de rénover Fresnes

De son côté, le président du Conseil départemental, Christian Favier (PCF), a réagi par communiqué, dénonçant une décision imposée “sans aucune information préalable des populations, sans concertation avec tous les élus locaux concernés”, “sans dialogue franc et transparent” et “des choix déconnectés des réalités de terrain et des aspirations des Val-de-Marnais.” Et l’élu de rappeler que “le Val-de-Marne compte déjà sur son territoire la seconde prison de France (2600 détenus) dont la surpopulation (203%) et l’état d’insalubrité sont indignes“, appelant à une rénovation d’urgence de la maison d’arrêt de fresnoise. “Le Val-de-Marne en a assez des injonctions tombées d’en haut : nous ne sommes plus un territoire servant ! Les communes, le Département et les acteurs du territoire portent une vision durable de l’aménagement de la banlieue, préservant par exemple les terres agricoles d’un département fortement urbanisé. Face à ces annonces par voie de presse, je demande à la Ministre de Justice une réunion d’urgence avec tous les parlementaires et élus locaux concernés. Je renouvelle mon soutien aux Maires opposés à ces projets“, poursuit l’élu.

Député de la majorité, J-J Bridey tempère mais estime que Noiseau n’est pas le meilleur choix

Sollicité au téléphone sur la question, le député LREM Jean-Jacques Bridey, ancien maire de Fresnes, tente de rassurer en indiquant que “les prisons ne provoquent pas de nuisances” et que Fresnes vit depuis 125 ans avec une prison sans problèmes. Tout en rappelant que “quel que soit le gouvernement, il y aurait eu une nouvelle prison dans le Val-de-Marne“, le député de la majorité reconnaît néanmoins que le choix de Noiseau n’est pas le plus simple car la ville a déjà du mal à développer l’activité en raison de ses terres agricoles, et parce que “l’implantation d’une prison dans une petite commune a plus d’impact que dans une ville plus importante.”

L’opposition départementale s’associe à la colère

Mise à jour vendredi 19.Les élus du groupe ne s’opposent pas à la construction de nouvelles prisons. Cependant, ils tiennent à rappeler que le Département du Val-de-Marne dispose déjà d’une prison, celle de Fresnes qui est la deuxième prison la plus importante de France avec 2600 détenus. Ils ajoutent par ailleurs que cette prison est en sureffectif important et que les conditions carcérales autant pour les personnels que pour les détenus sont pour le moins préoccupantes. Le caractère d’urgence et le bon sens devraient donc encourager l’Etat à engager d’abord un véritable plan de rénovation et de modernisation du centre pénitentiaire de Fresnes plutôt qu’à multiplier la construction de nouveaux établissements pénitentiaires en Val-de-Marne”, abonde Olivier Capitanio, président du groupe d’opposition LR et apparentés au Conseil départemental.

Laurent Lafon ne comprend pas que les villes volontaires n’aient pas été retenues

Le sénateur Laurent Lafon (UDI), a également réagi par communiqué, constatant que “trois jours après que le président de la République ait exprimé la volonté du gouvernement de ” s’appuyer sur les élus locaux dans tous nos territoires qui sont les premiers porteurs de la République au quotidien “, les élus du Val-de-Marne aient appris par l’intermédiaire d’une communication dans la presse que 850 nouvelles places de prison seraient prochainement livrées dans le département.
Du moment où la répartition des prisons a pour objet, non d’atteindre les communes volontaires pour ces constructions mais les plus incapables d’en accueillir, les choix d’implantation présentés nécessitent d’être revus à la lumière des messages que tentent de vous adresser les territoires. En effet, alors que la ville de Noiseau est extrêmement réticente à l’idée d’accueillir une telle structure en lieu et place d’autres projets sur lesquels les élus travaillaient, de très nombreux maires ont à l’inverse exprimé leur profonde déception en apprenant que leurs territoires ne bénéficieront pas d’une prison ! Pourquoi imposer une prison à Noiseau qui n’en veut pas alors que les élus de Vannes, de Cherbourg, de la Roche-sur-Yon, de Fontenay-le-Comte, de Lure ou de Dommartin-lès-Toul souhaitaient vivement implanter une telle structure ? Pourquoi imposer 850 nouvelles places de prison dans l’un des départements les plus peuplés du pays alors qu’aucune place de prison ne sera construite dans l’ensemble de la région Bourgogne-Franche-Comté, pourtant seize fois moins dense que la région Ile-de-France ? A l’échelle de la métropole francilienne, le choix de Noiseau ne répond à aucune logique d’ensemble également : les orientations du Ministère reviennent à concentrer 30% des nouvelles places de prison en Ile-de-France dans un village de 4700 habitants. La commune de Noiseau accueillera ainsi huit fois plus de places de prison que l’ensemble du département des Hauts-de-Seine qui est trois cent cinquante fois plus peuplé. Là aussi, une réflexion à l’échelle métropolitaine avec les élus locaux aurait pu conduire à une décision plus équilibrée que celle qui procède d’une directive centralisée“, poursuit le sénateur.

Les élues LFI dénoncent le béton

Mise à jour vendredi 19.Du béton et une prison : double peine pour le Val-de-Marne !”, réagissent la députée LFI Mathilde Panot et la vice-président LFI du Conseil départemental, Jeannick Le Lagadec qui s’inquiètent pour leur part de l’artificialisation des sols. “Où sont les belles promesses du plan climat du gouvernement qui prétendait lutter avec force contre l’artificialisation des sols ? Sur quel ton devra-t-on le dire ? La préservation des espaces naturels et agricoles est essentielle à la qualité de l’air, des sols et de l’eau. Lutter contre l’artificialisation, c’est agir face au changement climatique. Ce gouvernement encore une fois, ne prend pas la mesure de l’urgence écologique”, déplorent les élues qui dénoncent un “grand projet inutile et imposé“, plaidant pour la fin d’une politique “tout carcéral”.

La députée Modem, Maud Petit, apporte son soutien à Noiseau

Mise à jour vendredi 19. “La députée Modem, Maud Petit, dans la majorité gouvernementale, indique qu’elle sera aux côtés du maire Ivan Femel. “La nécessité de créer de nouveaux établissement pénitenciers est évidente et justifiée. Nous partageons tous la volonté du Gouvernement de trouver des solutions au problème de la surpopulation carcérale en France. Le Val-de-Marne possède déjà la seconde plus grande prison du pays, et fait l’objet de nombreux autres projets de construction carcéraux”, indique l’élue qui rappelle avoir déjà plaidé la cause de Noiseau en interrogeant le gouvernement sur ce sujet en mars dernier.

Le Rassemblement National s’oppose également au projet

Mise à jour vendredi 26 Ce site était destiné à accueillir un agro-quartier, dont la remise en cause au profit d’une prison menace des centaines d’emplois. Le Rassemblement National du Val-de-Marne condamne cette décision et appelle ses soutiens à se joindre aux protestations organisées localement. Si l’augmentation significative du nombre de places de prison est bien nécessaire pour mettre en œuvre une politique plus ferme à l’égard de la délinquance, les sites d’accueil de nouvelles prisons doivent être davantage adaptés, la population et les élus consultés. Le Val-de-Marne accueille déjà à Fresnes une des plus grandes prisons de France, et a donc largement pris sa part”, réagit François Paradol, secrétaire départemental du Rassemblement national.

L’Association des maires du Val-de-Marne s’associe aux protestations

Mise à jour vendredi 26 : « le Département du Val-de-Marne dispose déjà d’une prison, celle de Fresnes qui est la deuxième prison la plus importante de France en termes de détenus (2600). (…) Sur la forme, il est inacceptable pour le maire de Noiseau et le président de Grand Paris Sud Est Avenir Laurent Cathala, propriétaire des terrains, d’apprendre par la presse ce projet d’établissement pénitentiaire. De plus, cette décision unilatérale vient contrarier un projet ambitieux d’urbanisation d’intérêt général et de développement de ce secteur incluant de l’activité économique“, réagit Hervé Gicquel, maire LR de Charenton-le-Pont et président de l’Association des maires du Val-de-Marne, qui “regrette encore une fois les méthodes de l’Etat qui porte à connaissance des décisions prises au sommet sans concertation avec les élus, découvertes par la presse et qui inquiètent légitimement les habitants comme les municipalités.

 

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