Secoué par un lourd conflit social il y a quatre ans en raison d’une réorganisation horaire dans un contexte de déficit budgétaire, l’hôpital psychiatrique Paul Guiraud de Villejuif reste sous pression financière et s’inquiète de sa capacité à accueillir correctement tous ses patients.
Depuis 2016, le groupe hospitalier, qui compte un hôpital à Villejuif et une cinquantaine de structures dans le Val de Marne et les Hauts de Seine, a rejoint un GHT (Groupement hospitalier de territoire) Psy Sud Paris, à cheval entre les deux départements, mais sans gagner en marge de manœuvre.
En cette mi-avril, un groupe de patients de tous âges profite des températures estivales dans une petite cour extérieure, écoutant au calme un peu de musique. Près de 25 000 personnes sont suivies chaque année par l’établissement hospitalier de santé mentale. La majorité d’entre eux sont accueillis en ambulatoire mais les cas les plus lourds, personnalités potentiellement dangereuses pour les autres ou pour elles-mêmes ou polyhandicapés lourds, sont hospitalisés sur place. Dans les années à venir, un programme d’investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros va être lancé pour rénover les capacités d’hospitalisation de ce site présent à Villejuif depuis la fin du XIXe siècle.
En termes de fonctionnement en revanche, les personnels s’inquiètent d’un budget limé jusqu’à la corde, et ce vendredi 13 avril, alors que les sénateurs PCF Pascal Savoldelli et Laurence Cohen faisaient la tournée des hôpitaux du département pour lister les doléances, chacun se lâche. “A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas aller plus loin dans les efforts de gestion de l’établissement sans mettre en danger la mission des soignants, prévient Anne Belheur, présidente du Conseil de surveillance et conseillère municipale d’opposition à Montrouge. Nous avons essayé à plusieurs reprises d’interpeller l’Agence Régionale de Santé (ARS) sur les limites de ces contraintes financières, mais sans succès.”
“La masse salariale représentant 80% du budget, ce-sont nos emplois qui servent de variable d’ajustement. Tous les ans, 20 à 30 emplois sont supprimés. Nous nous retrouvons dans une situation absurde où l’on nous dit que l’hôpital ne fonctionnera bien que lorsqu’il n’accueillera plus de patients”, regrette Bruno Liebon, secrétaire général de la CGT Paul Guiraud. “Cette politique d’austérité conduit à des dérives éthiques. Faute de moyens humains, nous allons laisser un patient en chambre d’isolement, l’enfermer dans sa chambre ou augmenter la dose de médicaments plutôt que d’opter pour des solutions plus dignes”, constate encore Mehedi Henry, soignant représentant du personnel.
“Nous restons aujourd’hui le principal opérateur de la psychiatrie publique en Val-de-Marne et dans les Hauts-de-Seine, la direction, le Conseil de surveillance et la Commission médicale de l’établissement (CME) partagent l’idée qu’il faut maintenir l’outil de soin en l’état. Or, pour l’heure, nous avons appris que le taux de reconduction annuel des crédits allait être inférieur à la somme nécessaire pour conserver le personnel”, pose également le président de la CME, le docteur Bernard Lachaux (interviewé par téléphone car ne participant pas à la réunion).
“Il y a des problématiques propres à chacun de ses lieux de santé mais la souffrance des personnels soignants est une constante. Ce malaise dans la fonction publique hospitalière n’est certes pas nouveau, mais c’est la première fois que nous sommes alertés par un nombre aussi étendu de catégories professionnelles, des aides soignantes aux chefs de pôles”, constate Laurence Cohen. Les deux sénateurs, qui se sont rendu au CHU Henri Mondor de Créteil et à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif avant leur halte à Paul Guiraud, planchent sur plan d’urgence pour l’hôpital public qu’ils souhaitent soumettre avant l’été à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
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