Transports | | 01/07/2018
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La ligne circulaire du Grand Paris Express sur la sellette

La ligne circulaire du Grand Paris Express sur la sellette © PA Pelaz

Un vrai métro périphérique qui permet de faire un tour complet de Paris sans changement, telle est la promesse de la ligne 15 du Grand Paris Express lorsque seront achevés les projets en cours de lignes 15 Sud, 15 Est et 15 Ouest. Cette ligne circulaire, dans l’esprit de la Yamanote ligne tokyoïte, serait sur la sellette.

Concrètement, c’est l’interopérabilité entre la ligne 15 Sud et la ligne 15 Est au niveau de Champigny-sur-Marne qui serait remise en question. La future gare de Champigny Centre sera en effet à la fois le terminus de la ligne 15 Est (Champigny  – Saint-Denis Pleyel) et l’une des gares de la ligne 15 Sud (Pont de Sèvres – Noisy-Champs). Le schéma d’exploitation actuel prévoit qu’une partie des trains arrivant de la 15 Sud à Champigny poursuivent leur trajectoire sur la 15 Est, évitant ainsi un changement. Cela permettra par exemple d’aller de Val-de-Fontenay à Créteil ou Villejuif sans aucun changement. D’autres trains de la 15 Sud poursuivront vers Noisy-Champs. La première mission sera appelée rocade, la seconde (vers Noisy) spirale. “Ce schéma permet de répondre de manière optimale à la demande, en offrant une fréquence élevée sur les parties les plus chargées de la ligne, tout en minimisant le nombre de ruptures de charge qui sont pénalisantes pour les voyageurs. L’alternance des missions et la fréquence des trains seront adaptées à l’évolution des besoins de trafic“, motivait ainsi le dossier d’enquête publique de la ligne 15 Est, schéma à l’appui (voir ci-dessous). Une réponse aux demandes des futurs usagers lors de l’enquête publique de la ligne 15 Sud, laquelle prévoyait initialement une correspondance et non une interopérabilité des lignes 15 Sud et 15 Est. Dans cette perspective, des ouvrages d’entonnement ont été prévus à Champigny pour permettre les deux trajectoires sans rupture de charge.

Depuis, l’estimation initiale de l’ensemble des projets de métro Grand Paris Express a été revue significativement à la hausse, avec une nouvelle estimation détaillée dans un rapport de la Cour des comptes publié en janvier.  S’en est suivi un rééchelonnement du programme, pas seulement pour des raisons financières mais aussi de réalités techniques. Et en ce milieu d’année,  l’heure est aux négociations sur la meilleure manière d’équilibrer financièrement le projet. Dans ce nouveau contexte,  les options permettant de faire des économies continuent d’être envisagées et chaque élément qui alourdit la note est soupesé deux fois. La question de l’interopérabilité à Champigny Centre, évaluée à 200 millions d’euros dans le rapport de la Cour des comptes, a notamment été évoquée de manière informelle lors du dernier Conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités, suscitant immédiatement l’inquiétude et la colère des élus de l’Est parisien.

Les élus écrivent au Premier ministre

Alertés, le président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, et le maire de Champigny-sur-Marne, Christian Fautré, viennent ainsi d’écrire au  Premier ministre Edouard Philippe pour l’exhorter à confirmer au plus vite que cette interopérabilité n’est pas remise en cause. “Cette interopérabilité est indispensable pour l’efficacité de la ligne 15 dans son ensemble. Sa suppression aurait des impacts très négatifs sur le trafic et Ile-de-France Mobilités s’est d’ailleurs prononcée de très longue date sur le caractère indispensable de cette fonctionnalité. D’autre part, les travaux, engagés dès mars 2015, sont très avancés. 25 millions d’acquisitions foncières ont déjà été réalisés. Un marché de 170 millions d’euros a été notifié avec des travaux qui sont déjà en cours. Arrêter ce projet constituerait un non-sens technique et serait irréparable en terme de qualité de service du futur métro. Ce serait un gaspillage d’argent public complètement inacceptable pour les habitants et les élus. En outre, cela remettrait potentiellement en cause la déclaration d’utilité publique de la ligne 15 Est. Surtout, et au-delà des coûts frustratoires conséquents, cette situation serait très préjudiciable pour les riverains du futur métro. Ceux-ci subissent depuis plus de trois ans les nuisances des travaux et certains ont déjà dû quitter leur logement. Ils pourraient légitimement intenter des procédures en vue de dédommagements face au préjudice subi”, plaident les élus. Pour rappel, le tracé entre Val-de-Fontenay et Arcueil Cachan, qui dans le projet actuel emprunte à la fois la 15 Est et la 15 Sud, correspond exactement à celui du projet de métro Orbival, défendu par les élus val-de-marnais de tous bords bien avant qu’on ne parle du Grand paris express, et qui avait trouvé sa concrétisation dans le GPE. C’est du reste par ce que les communes du département avaient déjà planché sur le sujet que le GPE a commencé son chantier par la 15 Sud.

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