Après trois décennies de gestion et d’exploitation de l’usine d’incinération de déchets de Créteil, le Smitduvm, syndicat mixte de traitement des déchets urbains de 18 communes du Val-de-Marne a renouvelé la concession pour les 20 prochaines années à Suez. Pour gagner la partie, le groupe s’est engagé à faire de cette unité de valorisation énergétique (Uve) une vitrine de l’économie sociale et solidaire.
Etape symbolique de cette démarche, la signature ce lundi matin d’une Charte d’excellence circulaire et solidaire par Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez, Axel Urgin, président du Smitduvm et des présidents des trois EPT (Etablissements publics territoriaux) du Val-de-Marne.
Au programme de cette charte : l’amélioration des performances du site afin de faire baisser les coûts de traitement et de proposer un “mix énergétique décarboné” au profit des foyers du Val-de-Marne, voire de Paris à travers des sources d’énergie telles que la chaleur, l’électricité ou l’hydrogène. Au-delà du saut qualitatif de l’outil industriel que nous avions déjà présenté dans un précédent article, le projet veut rayonner sur son territoire en offrant à ses habitants des perspectives d’emploi et de partage des savoirs. “Nous avons choisi ce projet industriel parce qu’il nous engage dans l’avenir avec de nouvelles aspirations. Certes la transformation du site doit permettre un abaissement du coût du tonnage et une meilleure rentabilité, mais l’objectif n’est pas seulement économique. Il se veut transversal avec un fort impact environnemental et social”, résume Laurent Cathala, maire PS de Créteil et président du Grand Paris Sud Est Avenir.
325 000 heures d’insertion pour toute la durée du contrat
“Nous avons étudié en amont de l’appel d’offre les différents leviers qui pourraient nous permettre de rendre le projet plus inclusif. 325 000 heures d’insertion seront réalisées pendant toute la durée de la convention, reparties entre plusieurs acteurs”, explique Benoît Donello, directeur de la Maison pour rebondir, le laboratoire de l’innovation sociale de Suez, qui coordonne le volet social du projet.
D’une part, Suez va créer plusieurs emplois directs. L’unité de valorisation énergétique vient d’accueillir dans ses rangs un jeune alternant qui a intégré le pôle de maintenance comme conducteur de four. Son rôle consiste notamment via des commandes informatisées à approvisionner les trémies de fours en déchets. 4 emplois en insertion vont être créés sur ce poste de conducteur de four.
D’autre part, des emplois indirects doivent être proposés par des partenaires sélectionnés par le gestionnaire du site. C’est le cas de Vitaservice, une entreprise spécialisée dans le traitement des Darsi, ou déchets d’activités de soins à risques infectieux. “Aujourd’hui sur ce site de Créteil nous employons 19 salariés en CDI qui travaillent en trois huit, ils sont quelques quinquagénaires et devraient prendre leur retraite dans les années à venir. Nous nous sommes engagés à les remplacer par des employés en insertion. A moyen terme, il pourrait s’agir de 12 postes en CDDi (contrat à durée déterminée d’insertion). Leur travail consiste notamment à approvisionner les chaînes de transportant ces déchets dans les fours”, détaille Emmanuel Ihigo, directeur de Vitaservices en Île-de-France.
Agriculture urbaine, formation et transmission des savoirs
La fameuse serre où doivent être cultivées des tomates “made in Créteil”, grâce à la réutilisation de la chaleur dégagée par les fours, doit également fournir un contingent de 6 emplois en équivalent temps plein. “Il y aura un poste de responsable d’exploitation, un employé sera en charge de la distribution, et les quatre autres se consacreront à l’exploitation de la serre de 4500 mètres carrés. Cela dit, ces emplois ne seront crées qu’à l’horizon 2022, une fois les travaux de transformation du site réalisés”, indique Alexis Lefebvre, chef du projet agriculture urbaine pour la société les Jardins de Gally. L’association d’éducation au développement durable, Ecophylle, va animer une serre pédagogique plus petite où le public doit être sensibilisé au tri, au compostage et assister à des visites virtuelles de l’usine. Cette activité va également nécessiter la création d’un poste d’animateur pédagogique en Cui-Cae. “Nous comptons actuellement 3 personnes embauches en CDI qui avaient été embauchées dans le cadre des emplois tremplins. Dès que c’est possible, nous pérennisons l’emploi de nos animateurs”, explique Brigitte Vigroux, directrice et fondatrice d’Ecophylle.
Enfin, Suez doit mobiliser du mécénat de compétence parmi ses employés et a lancé en partenariat avec la Cité des Métiers du Val-de-Marne, un programme découverte des métiers de l’environnement. Le groupe s’est également engagé auprès des missions locales du département, des agences pôles emploi, de l’agence spécialisée dans la formation, Assofac ou de l’Upec.
A lire aussi :
Des élus PS PC LR signent ensemble pour un projet productiviste, symbole du Green washing
Qui peut encore croire à la bonne volonté vertueuse de Suez et consoeurs de traitement des déchets ? L’habillage écologique ne sert qu’à faire passer la pilule du coût de construction et d’exploitation de toutes les exploitations industrielles du traitement des déchets. La méthode est toujours la même : faire croire à la création de nouveaux emplois alors que selon l’Ademe le tri des déchets crée 10 fois plus d’emplois que le traitement industriel. L’argument de la valorisation énergétique ne sert qu’à faire passer l’idée qu’il faut plus de déchets afin d’alimenter ces énormes installations dont on oublie évidemment de dire qu’elles rejettent dans l’atmosphère des particules fines extrêmement dangereuses pour la santé humaine. L’ïle de France ne recycle que 13% de ses déchets, bien loin des 37% de la moyenne nationale et des 55% inscrits dans la loi de transition énergétique à l’horizon 2025. La priorité est de mettre en place une politique ambitieuse de tri et de recyclage au lieu de toujours accorder aux industriels voraces des cadeaux avec l’argent public.
Suez , champion de l’économie sociale et solidaire? A qui veut-on faire croire cela?
La véritable création d’emplois devrait provenir de l’application de la hiérarchie des traitements des déchets inscrite dans la Directive européenne de 2008 et de la réalisation des objectifs des lois Grenelle, de la loi de transition énergétique et de croissance verte ( Août 2015) par nos décideurs politiques.
En effet pour traiter 10 000t d’ordures ménagères :
– la mise en décharge crée un emploi
– l’incinération en crée 3
– le tri et le recyclage en créent 31
– la réparation, la réutilisation en fournissent des centaines…
Tous emplois de proximité, non délocalisables! *
Cependant nos élus des syndicats de traitement des ordures ménagères continuent d’accorder des délégations de service public à des industriels toujours favorables au tout- incinération qui accèdent ainsi à des marchés publics colossaux. La sensibilisation aux problèmes environnementaux augmente dans la population, il faut vendre ces projets à coup de greenwashing … et maintenant en invoquant l’économie sociale et solidaire?
Copenhague avait construit une piste de ski sur le toit de son nouvel incinérateur pour le faire accepter, moins de deux ans après il lui fallait importer des ordures pour l’alimenter car une politique nationale de prévention et une amélioration du tri avait abouti à réduire les déchets à traiter!
C’est la voie à suivre , la LTECV prévoit une performance nationale de tri à 65% en 2025. L”Ile de France est le mauvais élève de la classe avec actuellement une performance de tri de 13%! elle peut rattraper son retard avec des plan “zéro gaspillage, zéro déchet”, par la prévention ( lutte contre le gaspillage alimentaire), par la collecte séparée des biodéchets qui nécessite des usines de traitement nouvelles ( Compostage, méthanisation), par la généralisation du tri de tous les plastiques dans des centres de tri modernisés, mais aussi par l’ouverture de ressourceries etc …* *
Dans ces équipements de l’avenir , seront créés de vrais emplois , dans le cadre d’une économie circulaire qui bénéficiera à tous puisque les déchets deviendront des ressources. La valorisation énergétique par incinération des déchets ne devrait plus concerner que les ultimes déchets qui n’auront pu être triés et recyclés. San Francisco est ainsi arrivé à trier et recycler 85% de ses déchets.
*Chiffres de l’ORDIF
** Voir www.planbom.org
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.