Très sollicités au cours des dernières semaines pour contenir les mouvements des gilets jaunes et lycéens, une centaine de policiers ont manifesté à leur tour leur colère ce mercredi devant la direction territoriale de la sécurité publique à Créteil. Ce rendez-vous initié par le syndicat Alliance Police nationale a été rejoint par les syndicats SGP Police FO et UNSA.
Toutes sirènes hurlantes, des équipages de police venus de toutes les circonscription du Val-de-Marne se garent autour de l’hôtel de police de Créteil ce mercredi vers 12h30. Sur le perron du bâtiment qui abrite la direction territoriale de la sécurité publique, ils sont une centaine à agiter des drapeaux aux couleurs des différentes organisations syndicales. La veille, leurs représentants nationaux ont été reçus au ministère de l’Intérieur pour réclamer des contreparties au surcroît de travail effectué par les policiers. “Ce mercredi noir n’est que l’acte 1 de notre mobilisation. Il faut que le gouvernement entende notre ras-le-bol. Nous intervenons sur tous les fronts depuis quatre semaines. Les vacations de travail s’enchaînent sans que les policiers ne puissent poser des jours de congés ou des jours de repos. Certains collègues ont enchaîné 14 jours de travail consécutif. Nous demandons un retour sur investissement pour ne pas que le pays tombe dans le chaos”, motive Yoann Maras, secrétaire Alliance 94.
Si le contexte bien particulier des mouvements sociaux de cette fin d’année pèse davantage sur les effectifs, les policiers déplorent plus généralement un manque de moyens et de reconnaissance. “Nous sommes arrivés au point de rupture et ne pouvons plus accepter de travailler dans ces conditions. Au cours de son allocution, le président de la République n’a pas eu un mot pour les collègues. Nous nous sommes joints à ce mouvement initié par Alliance pour montrer que nous sommes unis face au gouvernement. Nous attendons des gestes tant au plan national que local avec des renforts d’effectifs, le vendredi fort (un cycle de travail alternatif) ou l’abandon des mutualisations de commissariats“, pose Angelo Bruno, secrétaire SGP Police FO. “Nous sommes les représentants de l’État et pourtant, nous sommes les dindons de la farce. Nous ne nous sentons pas respectés par notre administration. Notre parc auto vieilli et est en mauvais état, nos radios sont défectueuses. Les agents doivent acheter sur leurs deniers personnels des gilets tactiques et des étuis parce qu’ils n’en sont pas équipés. Parfois, ils doivent utiliser leurs téléphones personnels faute d’en avoir qui fonctionnent. Dans les bureaux, ils manquent même de papiers et de stylos!” déplore pour sa part Noam Etifier, secrétaire Unsa Police 94.
En Val-de-Marne, la mobilisation des policiers s’est aussi illustrée à l’aéroport d’Orly où plusieurs centaines de passagers ont été bloqués par les contrôles volontairement zélés pratiqués par les agents de la police aux frontières.
Policiers et gilets jaunes ?
Gilets jaunes et policiers pourraient-ils faire cause commune ? Interrogé sur la question, Yoann Maras, distingue les deux mouvements. “Nous nous en dissocions, nous avons des revendications qui sont propres à notre profession”. Opinion légèrement différente pour les deux autres responsables syndicaux. “S’ils avaient voulu se joindre à nous aujourd’hui, ils auraient été les bienvenus. Une fois que les policiers enlèvent leurs uniformes, ils redeviennent citoyens et vivent les difficultés liées au coût du carburant, aux hausses de taxe”, explique Angelo Bruno. “De nombreux policiers sont des gilets jaunes mais ils restent soumis au droit de réserve. Nous demandons les mêmes choses sur la question du pouvoir d’achat”, relaie Noam Etifier.
Un accord national signé ce mercredi soir
Il ne devrait pas y avoir d’acte II. Au terme de cette journée d’action, les ministres de l’Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’Etat Laurent Nunez ont reçu à nouveau les trois organisations syndicales avec qui ils ont signé un protocole d’accord. “Ce protocole prévoit, dans un premier temps, la revalorisation de l’allocation de maîtrise de 40 € par mois à compter du 1er janvier 2019 et l’augmentation de l’indemnité de sujétion spéciale police (ISSP) de 0,5 point au 1er janvier 2019, sans préjudice de l’application du protocole du 11 avril 2016. Mais il constitue aussi et surtout la base d’un projet de transformation en profondeur de la police nationale, qui portera sur l’organisation du temps de travail, les heures supplémentaires et la fidélisation fonctionnelle ou territoriale des policiers. Le protocole prévoit l’ouverture de négociations sur ces différents sujets dès le mois de janvier 2019. Leur aboutissement permettra une nouvelle revalorisation de l’allocation de maîtrise de 30 euros par mois à compter du 1er juillet 2019, et à nouveau de 30 euros par mois à compter du 1er janvier 2020″, indique le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Les ministres ont également rappelé avoir déposé un amendement au projet de loi de finances pour 2019 afin d’abonder le budget du ministère de l’Intérieur de 33,3 millions d’euros supplémentaires.
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