Alors que les présidents des sept départements de la banlieue parisienne lancent ce jeudi matin un appel commun, déjà signé par un certain nombre d’élus, pour préserver cet échelon de collectivité locale, d’autres élus veulent au contraire se dépêcher d’alléger le “mille-feuille”. Certains encore sont circonspects. Points de vue de nos parlementaires et présidents de territoire en Val-de-Marne.
Du côté des parlementaires
Le sénateur UDI lance l’offensive contre les départements
Dans le Val-de-Marne, le sénateur UDI Laurent Lafon a justement choisi la veille de cet appel pour publier son communiqué en faveur d’une suppression des départements de petite couronne, considérant que cet échelon ne résout pas les problèmes de la métropole et que ses compétences seraient aisément réparties entre communes, territoires et région. Voir article.
En marche défend la suppression des départements de petite couronne
Du côté du mouvement En Marche, on approuve aussi. “Lors de la campagne électorale, le président avait proposé de supprimer les conseils départementaux dans les zones métropolitaines, je pense qu’il faut s’en tenir à ce qui a été dit et supprimer les structures départementales. Ensuite, il faut voir comment transférer les grandes compétences au mieux en maintenant le dialogue”, estime ainsi le député Jean-Jacques Bridey.
Gilles Carrez défend la métropole-région
Député LR et vice-président en charges des finances de la Métropole du Grand Paris depuis sa création en janvier 2016, Gilles Carrez indique pour sa part être partagé sur la question. “D’un côté, je considère que les départements de petite couronne, et notamment le Val-de-Marne – au-delà des aspects partisans, ont fait le job. Lorsque l’on interroge nos concitoyens et les maires sur les compétences comme les collèges, la voirie, l’assainissement et le social, il en ressort qu’ils font le travail. Et sur des grands enjeux comme les transports, nous avons travaillé de manière très constructive avec le département. Je pense notamment à Orbival (le tracé initial d’un métro val-de-marnais qui s’est retrouvé dans la ligne 15 du Grand Paris Express) mais je pourrais citer d’autres exemples. Nous ne sommes pas face à une institution qui a raté sa cible. D’un autre côté, j’estime aussi que cinq niveaux de collectivités territoriales est excessif, et qu’il faudrait en supprimer un, voire deux. La position que j’ai toujours défendue, dès la discussion autour de la loi Maptam, est que l’échelon métropolitain doit être celui de la région, qu’il s’agisse du bassin d’habitat, d’emploi, d’équipements, des transports, des espaces de respiration…Le périmètre de la région est assez analogue à celui du Grand Londres ou du Grand Berlin“, défend l’ancien maire du Perreux-sur-Marne. “ La taille actuelle de la métropole est contre nature. A Noisy-Champs, un bout de la gare est en Seine-Saint-Denis, donc dans la métropole, et l’autre en Seine-et-Marne. La Cité Descartes, le plateau de Saclay, l’aéroport de Roissy sont en dehors de la métropole, c’est absurde ! Si l’on reconnaît cet échelon métropolitain au niveau de la région et que l’on anime une vingtaine de grandes intercommunalités à l’intérieur, comprenant celles des départements de grande couronne et les actuels territoires de la métropole, cela pose-t-il un problème de garder les départements de petite couronne ? Je sens bien que, dans un souci de simplification, certains sont tentés de les supprimer, mais cela a-t-il une valeur ajoutée? Au moins serait-il souhaitable de laisser d’abord fonctionner les communes, les territoires ou intercommunalités, et la région, avant de prendre le temps d’intégrer, compétence par compétence, celles du département. Je crains que l’on ne se crée un problème politique et qu’une réforme intéressante sur le fond ne soit polluée par ce débat qui n’est pas d’une urgence absolue. En tout cas, je suis catégorique sur un point, c’est qu’il faut garder les départements de grande couronne. En outre, l’Etat doit garder un rôle dans cette région capitale qui n’est pas du seul ressort de Valérie Pécresse ou Anne Hidalgo“, conclut l’élu.
Les parlementaires de gauche signent l’appel contre la suppression
A gauche, les parlementaires ont pour leur part déjà signé l’appel des présidents de département. “Je l’ai signé car je suis totalement solidaire de ce qui est mené, répond sans hésitation Luc Carvounas, député PS et candidat à la tête du parti. Je pense qu’il serait de bon ton d’arrêter de faire des réformes territoriales tous azimuts. Nos administrés ne s’y retrouvent plus, non plus que nos administrations à qui on demande sans cesse de s’adapter depuis 2014. Il aurait été pertinent de conserver les départements et les territoires, avec pour ces derniers un vrai statut d’EPCI et une fiscalité propre, et pourquoi pas une élection au suffrage universelle à l’horizon 2020-2021? Alors qu’aujourd’hui les priorités sont celles du pouvoir d’achat, du logement et de l’emploi, est-ce une priorité de supprimer les départements comme le Val-de-Marne qui s’est toujours illustré dans les politiques de solidarité? Arrêtons de jouer aux poupées russes avec les territoires. L’important est que les collectivités puissent répondre aux besoins des citoyens. Je rappelle, en outre, qu’Emmanuel Macron avait indiqué en juillet que les suppressions de département s’effectueraient sur la base du volontariat. Pourquoi une exception en Ile-de-France ? N’est-ce pas aussi pour contraindre Valérie Pécresse et/ou Anne Hidalgo en cassant les dynamiques qu’elles portent, voyant ces dernières comme de potentielles adversaires en 2022?” Même ligne pour la sénatrice socialiste Sophie Taillé-Polian, “J’ai signé l’appel des présidents des conseils départementaux. Ils proposent aujourd’hui des services publics structurés et utiles aux habitants. Il est dangereux de les supprimer simplement parce que ces derniers appartiendraient à l’ancien monde. Attention à ce que l’hyper-métropolisation ne s’effectue pas au détriment des territoires périphériques. Ce qui m’intéresse également dans la démarche des départements, est qu’ils demandent une consultation des citoyens“, défend la sénatrice, qui plaide pour un véritable débat public sur cette question. Sénatrice PCF, Laurence Cohen a aussi signé parmi les premières. “J’ai signé l’appel car je considère que supprimer des départements n’est pas une bonne solution, cela éloignera encore les citoyens des décisions et créer de nouvelles inégalités territoriales, au nom d’une soit disant simplification, alors qu’en parallèle ont été créées de nouvelles structures. En termes de transports, de crèche, on voit concrètement ce que fait un département comme le Val-de-Marne“, pointe la parlementaire.
Les présidents des conseils de territoire défendent le bloc communal
Michel Leprêtre ménage départements et territoires
Du côté des présidents des conseils de territoire, les avis sont partagés. Président PCF du territoire Grand Orly Seine Bièvre, Michel Leprêtre défend à la fois le bloc communal et les départements. “J’ai participé, comme quelques autres, aux échanges que l’État a bien voulu organiser ces dernières semaines, avec mes collègues présidents des Etablissements publics territoriaux dans la métropole. J’ai dit et redit que la commune et l’intercommunalité de projets étaient incontournables dans la réussite des politiques de proximité. J’ai dit et redit mon attachement aux politiques publiques menées dans les départements, impulsées ici par mon ami Christian Favier. Et j’ai dit et redit que toute réforme institutionnelle, si elle n’était pas accompagnée d’un plan de ressources nouvelles pour répondre aux besoins sociaux, était un non-sens du point de vue de l’efficacité sociale, économique et environnementale. En tout état de cause, l’avenir du Grand-Paris gagnerait à plus de transparence et de contradiction. Les élus locaux y sont prêts, et la démocratie gagnerait à vivre un véritable débat public sur cet enjeu crucial : la ville citoyenne dans la métropole de demain“, invite l’élu dans son message de voeux pour 2018.
Jacques JP Martin prêt à remiser les départements
Jacques JP Martin, président du territoire Paris Est Marne et Bois, est plus tranchant sur la question. Dans une interview de ce 10 janvier au Journal du Grand Paris, l’élu rappelle clairement ne pas partager le combat des départements, et estime “que l’on peut légitimement se poser aujourd’hui la question du rôle des conseils départements, qui n’ont pas évolué depuis leur création, face à l’émergence des dynamiques intercommunales.” Et l’élu d’estimer que le bloc communal, y compris les syndicats intercommunaux, est mieux à même s’assurer les services publics en zone dense. Le maire de Nogent-sur-Marne a franchi la ligne de non-agression entre territoires et départements après le lancement de campagne des départements contre leur suppression en octobre dernier. Au lendemain de leur première conférence de presse commune, l’élu avait alors vivement réagi à ce qu’il considérait comme une charge contre les territoires.
Laurent Cathala défend le périmètre de l’actuelle métropole
Président PS du territoire Grand Paris Sud Est Avenir, Laurent Cathala ne tire pas sur les départements mais indiquait lundi ne pas avoir non plus signé l’appel de ces derniers. En bon observateur des effets de communication d’une présidence de la République, l’élu note qu’au regard de l’opinion publique, une suppression d’une métropole qui reste assez méconnue des citoyens n’aurait que peu d’impact comparé à l’annonce d’une suppression des départements. Sur la question du périmètre métropolitain, l’élu se montre plutôt favorable à la métropole actuelle, considérant que les problématiques de la grande couronne sont très différentes.
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