A Alfortville, Fontenay, Saint-Maur-des-Fossés, Sucy-en-Brie ou Vincennes des commerçants acceptent désormais les paiements en pêche. Créée à Montreuil il y a quelques années, cette monnaie locale complémentaire de l’Euro s’impose progressivement dans l’Est parisien grâce à des collectifs de pêchus qui informent les citoyens, démarchent des commerces et échangent des devises.
Sur l’ardoise du café-cantine de la Cour Cyclette à Alfortville, les prix sont indiqués en euro et en pêche, et ce n’est pas que pour faire joli. Cyprien, un bibliothécaire s’approche du comptoir, commande une boisson et sort de son porte monnaie un billet que l’on dirait tout droit sorti d’un jeu de société tel que le Monopoly ou la Bonne paye. “C’est une démarche qui m’a beaucoup intéressé. J’utilise mes pêches pour régler des achats du quotidien chez des commerçants. C’est important de faire circuler cette monnaie parce qu’elle n’est qu’au service de l’économie réelle. En plus, les commerces qui utilisent la pêche privilégient en général les circuits courts d’approvisionnement. C’est une monnaie locale solidaire.” Ce jeudi 1er mars à Alfortville, une réunion sur la pêche était justement organisée à la Cour cyclette, occasion de rencontrer les pêchus, utilisateurs de cette devise.
A Alfortville, tout a commencé fin 2016, avec la projection du film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Ce documentaire montre des initiatives concrètes qui réinventent l’agriculture, l’énergie, l’économie, la démocratie et l’éducation. “Aujourd’hui, nous sommes une trentaine d’adhérents, nous n’en sommes qu’au début mais nous avons de nombreux projets pour sensibiliser le plus de monde à cette monnaie locale et élargir le réseau de commerces et prestataires de service qui acceptent les pêches. Il y a déjà une dizaine de commerçants dans la commune, mais ce chiffre pourrait évoluer. Nous avons également la chance d’avoir à Alfortville l’association J’aime le vert, spécialisée dans le tri et la valorisation des déchets, dont les employés sont payés en partie avec des pêches. C’est grâce à ces initiatives que nous parviendrons à créer une réseau local où l’on peut dépenser cette monnaie”, témoigne Didier, l’un des membres du collectif.
Même les artisans s’y sont mis comme Réza, qui rénove des logements. “Je suis très sensible à la consommation responsable alors quand j’ai découvert la pêche j’ai voulu essayer. J’ai limité la part de pêche à 5% du prix de la prestation et j’ai des clients qui me paient de cette manière, surtout à Montreuil et au Pré-Saint-Gervais. Cela me fait plaisir de les dépenser et même lorsque je les échange contre des euros, ça ne me dérange pas que 3% du total soit distribué à une association”.
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