Culture | | 28/09/2018
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Licenciement polémique de la directrice du théâtre à Saint-Maur-des-Fossés

Licenciement polémique de la directrice du théâtre à Saint-Maur-des-Fossés © Youtube Saint-Maur

Le licenciement de Florence Camoin, la directrice de l’Epic de Saint-Maur-des Fossés, qui comprend le théâtre ainsi que les cinémas Le Lido et les Quatre Delta, a suscité un vif débat durant plus d’une demi-heure lors du Conseil municipal de ce jeudi 27 septembre.

Quelques jours plus tôt, la directrice avait adressé un message aux élus pour les informer qu’elle considérait ce licenciement comme abusif.

Officiellement, la décision de se séparer de celle qui dirige le théâtre de la ville depuis dix ans a été prise en Conseil d’administration de l’Epic début septembre. La délibération proposée lors du Conseil municipal visait à autoriser la procédure, dans le cadre du parallélisme des formes, a motivé le maire LR de la ville, Sylvain Berrios.

Le motif de cette séparation, au coeur de la polémique, est interprété différemment par le maire et par l’intéressée. Dans sa présentation en séance, le maire a indiqué que la structure de l’Epic avait évolué, englobant désormais les cinémas, et que c’est dans ce contexte qu’il avait été décidé de modifier la gouvernance avec une direction générale chapeautant l’ensemble. Le maire a indiqué avoir proposé à Florence Camoin un poste équivalent à celui qu’elle occupait, avec une rémunération similaire, au titre de la direction artistique. Il a précisé qu’elle avait reçu une proposition en ce sens et n’avait pas donné suite dans le mois suivant, ce qui s’interprétait donc comme un refus au regard de la loi. Par ailleurs, l’élu, tout en reconnaissant les compétences “théâtre” de la dirigeante de l’Epic, a dénoncé une attitude non coopérative de sa part, s’indignant du message envoyé aux élus et de l’analyse critique de cette dernière concernant le processus de rachat des cinémas, considérant qu’il était dans ce contexte impossible de travailler en confiance, dénonçant un “mode de relation conflictuel” et un “défaut de solidarité”.

Une version qui n’est pas celle de Florence Camoin. Concernant la procédure, cette dernière indique ne pas avoir refusé le changement de contrat, proposé par courrier début juillet, mais avoir réclamé des précisions (courant juillet) qu’elle n’a jamais reçu, ne pouvant donc répondre à la proposition qui lui était faite. Dans son message, la directrice revient sur la manière cavalière dont elle a été mise sur la touche, faisant état d’une convocation par le maire fin juin, pour l’informer de la décision de la rétrograder au poste de directrice artistique du théâtre,  précisant qu’elle n’aurait plus accès à un budget artistique.  “Il avait déjà exigé, dès le mois de mai, par écrit, de signer lui-même tous les ordres de paiements et contrats, se substituant illégalement à moi, en infraction avec le Code des collectivités territoriales et les statuts de l’EPIC, qui donnent compétence aux seuls directeur et conseil d’administration (pas à son président) pour de tels engagements“, indique la directrice dans son message aux élus. Florence Camoin dénonce ensuite la convocation d’un Conseil d’administration début septembre “réuni illégalement” car sans convocation de la directrice comme l’exigent pourtant les statuts de l’EPIC.

Sur le fond, la directrice se défend de ne pas être capable de gérer l’Epic dans son ensemble, indiquant avoir “mis en place pour le premier août cette année, en à peine 3 mois, toute la structure financière, technique et salariale de cet Epic élargi aux cinémas.”  Concernant l’aspect financier du rachat des cinémas, la directrice relate “qu’une dotation exceptionnelle a été votée par la ville pour l’achat du fonds de commerce du cinéma, mais les conséquences en termes de fonctionnement n’ont pas été anticipées malgré nos alertes : loyers, embauches de projectionnistes et d’une direction artistique cinéma, etc… Mise à disposition de personnel municipal : caissières, chargée d’administration, etc… achat de matériel technique, logiciels…” Dans ce contexte, et alors que la subvention à l’Epic  avait diminué de 300 000 euros, pour accélérer le désendettement de la commune, la directrice indique avoir demandé d’envisager une dotation complémentaire “d’au moins 64 000 € en serrant les boulons, pour boucler le budget 2018 de l’EPIC élargi en cours d’année aux cinémas“.

Au-delà des questions financières et d’élargissement de l’Epic, la directrice, jointe au téléphone, fait état d’une relation qui s’est constamment dégradée à mesure d’une volonté de la ville de reprendre en main la communication culturelle. Et de citer s’être vue reprocher de diffuser un avant-programme tenant sur une page A4 aux 3000 fidèles du théâtre dès la fin mai pour les inviter à la présentation de saison du 19 juin, en attendant le programme culturel officiel de la ville publié en septembre. “Je voulais inciter les gens à se réabonner. Même si le théâtre est en travaux, il y a une programmation dans d’autres salles de la ville“, motive la directrice qui fait aussi état d’affichage sur la programmation retiré des panneaux à peine quelques jours après avoir été posé. “Je crois que mon tort est de ne pas un être un toutou obéissant”, se rebelle encore Florence Camoin qui s’interroge également sur un retour de bâton d’après-municipales 2014, citant d’autres licenciements comme celui de l’ancien directeur du conservatoire, Olivier Kaspar.

Lors du Conseil municipal, Elisabeth Bouffard-Savary, élue d’opposition PS, a insisté pour reporter ce point de l’ordre du jour afin d’étayer de faits précis les raisons du licenciement, se déclarant incapable d’évaluer sa pertinence, ainsi que d’engager une conciliation avec l’intéressée. L’élue a par ailleurs ajouté que ce n’était pas la première fois qu’une “telle violence se déchaînait contre un responsable local à Saint-Maur”, rappelant elle aussi le cas de l’ancien directeur du conservatoire qui avait un différent avec l’adjoint à la culture, André Kaspi. L’élue a aussi demandé un vote à bulletins secrets.

Finalement, l’engagement de la procédure a été adopté à la majorité (2 abstentions et 9 votes contre). Au moment du vote, une autre passe d’armes entre le maire et l’élue PS, plus anecdotique, a enrichi l’échange déjà nourri sur le sujet, alors qu’Elisabeth Bouffard-Savary faisait état du fait qu’elle avait obtenu la procuration de Pascale Luciani-Boyer, élue d’opposition LREM, mais que cette dernière n’était pas parvenue à l’administration.

L’intégralité de la discussion en Conseil municipal peut être visionnée sur la chaîne Youtube de la ville, voir ci-dessous.

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