Santé | | 19/06/2018
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Les contraventions pleuvent sur les médecins en visite à domicile

Les contraventions pleuvent sur les médecins en visite à domicile © Philetdom

Courir d’un patient âgé à l’autre entre deux urgences, tel est le quotidien des médecins généralistes, de moins en moins nombreux en ville. Jusque fin 2017, le caducée posé derrière le pare-prise leur permettait au moins de s’affranchir de passer par l’horodateur une fois leur voiture garée, 

en vertu d’une circulaire du ministère de l’Intérieur prônant “la tolérance en matière de stationnement irrégulier” à condition de ne pas gêner. Dans pas mal de communes, l’interprétation par les agents en charge de verbaliser était plutôt bienveillante. Depuis le début 2018 et la municipalisation des PV, désormais renommés “forfaits post-stationnement” (FPS), la situation a changé.

Certaines communes ont délégué cette nouvelle mission à des prestataires professionnels qui mutualisent l’organisation, d’autres exercent leurs compétences en direct. En parallèle, les nouvelles technologies se sont déployées sur le terrain, avec des applications mobiles pratiques pour les automobilistes mais aussi de redoutables caméras embarquées à bord de véhicules de contrôle, capables de lire les plaques d’immatriculation et d’aligner illico les retardataires. Des caméras efficaces mais qui n’ont pas la qualité d’appréciation d’un agent pour exercer la tolérance prônée par la circulaire du ministère de l’Intérieur. En outre, le changement de mode opératoire n’a pas toujours été expliqué à toutes les populations concernées.

A Nogent, des médecins n’ont même pas été prévenus du changement

C’est le cas à Nogent-sur-Marne où les médecins bénéficiaient depuis plusieurs années de la gratuité du stationnement lors de leurs visites à domicile, suite à une réunion avec la ville. Début 2018, ils eu la désagréable surprise de découvrir des PV, ou plutôt FPS,  apposés à côté de leur caducée.  Montant : 35 euros, réduit à 17 euros en cas de paiement immédiat. De quoi dissuader d’aller voir son patient. Dans un courrier commun adressé au maire de la ville, un collectif de médecins s’est ému de la situation, après avoir appris par un représentant du délégataire de service, Indigo, que la ville l’avait chargé de prévenir un certain nombre de personnes, dont certains à la retraite ou encore des vétérinaires, en oubliant une bonne partie des médecins généralistes en exercice. Une omission vécue comme un “désintérêt total, voire du mépris pour le travail quotidien des généralistes auprès des nogentais âgés”. Et les docteurs de rappeler que leurs effectifs sont en constante diminution, contrairement à la population de la ville, et que rendre la tâche plus difficile n’encouragera pas les jeunes confrères à les rejoindre. En réponse, le maire LR, Jacques JP Martin, indique que la ville a choisi de confier la gestion de son stationnement à Indigo mais qu’il est toujours possible pour les professions médicales et paramédicales, “d’obtenir un tarif préférentiel” en se rendant au parking du centre avec tous les documents nécessaires. L’élu a également décidé d’organiser une réunion d’information à destination des “partenaires de santé médicale et paramédicale” le mercredi 27 juin à 20 heures en mairie. Du côté de chez Indigo, on appelle que ce-sont les villes qui donnent les directives.

Un problème récurrent, qui décourage les visites à domicile

Le cas de Nogent n’est pas isolé. “C’est récurrent dans tout le département. Les communes délèguent la gestion du stationnement à des sociétés externes qui ne tiennent aucun compte des caducées, regrette Bernard Le Douarin, président de l’Ordre des médecins du Val-de-Marne. Il y a déjà peu de médecins qui font encore des visites à domicile, il faut les encourager! Nous écrivons systématiquement aux maires lorsque nous sommes alertés mais pour l’instant, cela ne change rien. (Voir la lettre adressée aux maires)  Nous avons également contacté le préfet et espérons nous mettre d’accord dans les mois qui viennent pour proposer un autocollant spécial avec un numéro, pour les médecins qui effectuent un nombre minimum de visites à domicile”, poursuit le président de l’ordre départemental.  Dans le Val-de-Marne, les retours de médecins verbalisés viendraient surtout de Nogent, Saint-Maur-des-Fossés et Bonneuil-sur-Marne, indique  Bernard Le Douarin. A Paris, une solution a été négociée et les professionnels de santé qui peuvent justifier d’au moins cent visites à domicile par an bénéficient d’une carte Pro Soins à domicile leur permettant de stationner gratuitement.

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