Onze semaines après la suspension des cours au lycée Georges Brassens de Villeneuve-Le-Roi, plusieurs centaine d’élèves ont retrouvé leur établissement ce lundi.
A l’issue d’une ultime réunion d’information, élus et parents d’élèves ont salué la réouverture du lycée. Les enseignants, en revanche, ont décidé d’exercer un droit de retrait partiel dans 14 des 78 salles de classe, estimant que les expertises n’a pas permis d’écarter les risques d’exposition à l’amiante.
Soulagement des élus siégeant au conseil d’administration de l’établissement qui souhaitent voir une issue positive à cette situation de crise. “Cette histoire était devenue absurde. Un milliers de parents d’élèves ont signé une pétition réclamant la reprise des cours à Brassens. Face aux craintes des enseignants nous avons expertisé les experts qui au final, ont affirmé et réaffirmé que l’air étant sans danger pour les occupants. La réhabilitation de l’établissement était déjà bien entamée mais cette situation a au moins eu l’effet vertueux d’accélérer la construction du lycée provisoire avec la livraison pour la rentrée prochaine de 6500 mètres carrés de préfabriqués sur un terrain contigu. Nous pourrons ainsi entamer la démolition du bâtiment et la livraison du nouveau d’ici 2022-23”, réagit Didier Gonzales, maire LR de Villeneuve-Le-Roi et conseiller régional.
Pour les parents d’élèves, le constat est plus nuancé. Si leurs enfants ont retrouvé une scolarité normale, ces semaines sans apprentissage risquent de les handicaper lors de leurs examens du baccalauréat. “Nous nous réjouissons de la levée de la suspension parce que beaucoup de jeunes ont décroché, la situation a été compliquée dans les familles. Nous demandons que des évaluations soient faites auprès des élèves, par niveaux et par matières pour constater et rattraper leur retard. On ne se rend pas compte pour le moment des conséquences de cette suspension de cours mais l’année prochaine, il y aura peut être davantage de redoublants qui vont venir gonfler les effectifs du lycée”, déplore Naïma Mezrag, membre du bureau de la FCPE Georges Brassens. “Mon fils a baissé les bras. Il n’est pas un élève modèle mais avait débuté l’année scolaire avec de bonnes résolutions et travaillait pour son bac. Maintenant, il dit que c’est fichu”, regrette une mère.
Parmi les groupes d’élèves massés devant le portail du lycée ce lundi après-midi, beaucoup ont été ravis de revenir à Villeneuve-Le-Roi. “Entre quelques minutes de bus, et cumuler le bus et une navette jusqu’à Vitry, il n’y a pas photo ! Cette semaine n’a pas été facile à vivre donc c’est une bonne chose que nous revenions ici. Maintenant, c’est vrai que nous n’avons pas étudié pendant quelque temps mais je ne stresse pas trop quand je pense au bac à la fin de l’année”, témoigne une lycéenne d’Ablon-sur-Seine.
La crainte de l’amiante perdure
“Lors de la réunion, ils ont utilisé l’expression “balance de risque acceptable” pour évoquer certaines salles de classe. Ce ne sont que des probabilités et en 6 mois, il peut se passer des choses. C’est pourquoi, nous avons décidé d’exercer un droit de retrait partiel sur 14 salles où nous jugeons que nous ne pouvons pas pénétrer en toute sécurité”, explique Jean-Noël Tardy, un représentant des professeurs. Un constat partagé par les élus étudiants de l’UNL qui estiment que la reprise des cours “n’est pas le dénouement final”.
“C’est la première fois que je vois cela, les enseignants sont inquiets, les représentants des élèves aussi et les parents d’élèves insistent pour la réouverture de l’établissement. Aujourd’hui plus personne ne peut nier les effets nocifs de l’amiante pour la santé. J’ai l’impression que ces expertises tentent de minimiser les risques. Tout le monde va travailler avec une épée de Damoclès au dessus de la tête”, déplore Didier Faure, dirigeant d’un bureau d’étude et de prévention dans le bâtiment et membre actif de l’association de défense des victimes de l’amiante en Seine-Saint-Denis, consulté depuis un mois par les enseignants de Villeneuve-Le-Roi. A présent, c’est au rectorat de décider ou non du bien fondé de l’exercice du droit de retrait partiel des enseignants, celui-ci avait acté il y a quelques jours que seules 3 salles de classe devaient être évitées.
Le collectif Urgence Santé Brassens se réunit lundi 12 mars
Insatisfait des réponses apportées concernant le rattrapage des cours, le lycée modulaire ou la sécurité au sein du bâtiment existant, le collectif Urgence Santé Brassens regroupant élèves, anciens élèves, personnels, anciens personnels, parents d’élèves, anciens parents d’élèves, organise une réunion ouverte lundi 12 mars au parc des sports du Grand Godet à partir de 18 heures.
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