La Société du Grand Paris a infligé des pénalités financières de plusieurs dizaines de milliers d’euros au groupement en charge des travaux du Grand Paris Express à Villiers-sur-Marne, suite aux nuisances nocturnes exagérées du chantier. Explications.
A Villiers-sur-Marne, les travaux de l’ouvrage d’entonnement qui permettra aux futures rames de la ligne 15 Sud du Grand Paris Express en provenance de Noisy-Champs de bifurquer soit vers la gare de Bry- Villiers-Champigny, soit vers le centre de maintenance et de remisage de Champigny, touchent à leur fin. D’ici la fin de la semaine surtout, la partie la plus pénible, la pose des parois moulées, sera terminée. L’issue d’un calvaire pour les riverains du sentier des Marins, dont les habitations sont situées à quelques mètres du chantier.
Ces ouvrages, qui se présentent sous forme de grosses boites en béton constituées de parois moulées et assemblées les unes aux autres, sont au nombre de dix sur l’ensemble du dur réseau Grand Express, au niveau des fourches. Il s’agit d’une partie qui ne peut être effectuée par les tunneliers et dont la réalisation passe par des travaux spectaculaires et particulièrement intrusifs dans le cadre de vie, en raison des décoffrages en profondeur (50 mètres) des portes-joints entre chaque paroi, qui sont à la fois longs, bruyants et provoquent des vibrations. “Nous savions que ce chantier serait le plus pénible dans cette partie du projet, d’autant que cette boite fait 40 mètres de long alors que les autres ouvrages sont plutôt des puits de 18 mètre de diamètre. De plus, il est situé à proximité immédiate des habitations”, indique Mathieu Mallet, chef de projet secteur ligne 15 Sud à la Société du Grand Paris (SGP), maître d’ouvrage du futur métro. Des travaux d’autant plus pénibles qu’ils doivent être réalisés 24 heures sur 24. Au total, 42 parois ont du être posées depuis plusieurs mois, provoquant une série d’incidents minutieusement répertoriés par les riverains. La semaine dernière, l’ulcération a été telle que l’un des habitants, qui joue d’habitude l’interface polie entre la SGP et les riverains, s’est pointé sur le chantier au petit matin après avoir surpris à plusieurs reprises des décoffrages de nuit malgré l’engagement de la SGP à éviter cette pratique particulièrement pénible de 20 heures à 6h. “Nous avons appliqué des pénalités financières de plusieurs dizaines de milliers d’euros dans le cadre de ce chantier du sentier des Marins” indique Mathieu Mallet. Des pénalités directement infligées au mandataire du groupement, Demathieu Bard, qui opère avec plusieurs partenaires. Au total, ce lot de génie civil qui porte sur la réalisation du tronçon entre Noisy-Champs et Bry-Villiers-Champigny constitue un marché de 363 millions d’euros, comprenant la réalisation des deux puits d’entrée au sud de Noisy-Champs, le creusement de 4,7 kilomètres de tunnel jusqu’à Bry-Villiers-Champigny (sans la gare), la réalisation de l’ouvrage d’entonnement, le creusement du tunnel pour relier l’ouvrage d’entonnement au centre de remisage et encore d’autres ouvrages annexes.
Nouveaux chantiers H24, moins pénibles, après mars 2019
Alors que l’opération est désormais dans la dernière ligne droite, avec la pose des deux dernières parois, qui viennent fermer la boite, les nuisances ont encore augmenté d’un cran car il est nécessaire de procéder à un double décoffrage. “Depuis la réunion organisée à ma demande par la SGP le 27 août 2018, la SGP a interdit l’emploi simultané de deux engins au plus près des pavillons. Une fois encore, l’entreprise ne respecte pas les règles établies pour le respect des riverains. Je demande donc à la SGP de lui appliquer des pénalités financières sévères”, a réagi Jacques Grenier, l’ingénieur écologiste qui relaie régulièrement les doléances des riverains. “Nous ne pouvons pas faire autrement pour la fin du chantier et cela est autorisé, sauf de nuit”, maintient Mathieu Mallet. Le chef de projet précise toutefois que le chantier des parois moulées et les décoffrages qui vont avec s’achèvera définitivement d’ici la fin de la semaine. “Ensuite, c’est la phase de terrassement plus calme, qui va prendre le relais, et il n’y aura plus de travaux 24 heures sur 24 avant le mois de mars. Il restera alors seulement deux phases avec travaux de nuit obligatoires. La première concerne la sortie du tunnelier qui sera évacué par des convois exceptionnels entre 22 heures et 6 heures du matin, car interdits en pleine journée, et la seconde concerna le creusement d’une caverne, un tunnel de 70 mètres de longs que nous sommes obligés de réaliser de manière traditionnelle en creusant horizontalement à 23 mètres de profondeur”, détaille Mathieu Mallet. Des travaux qui devraient être moins bruyants.
Indemnisation liée aux nuisances et aux dégâts
Pour les habitants, reste la question de l’indemnisation liée aux dégâts provoqués par les vibrations du chantier, comme par exemple les fissures. “Il y a deux cas de figure. Certaines maisons ont fait l’objet d’un référé préventif avec un expert indépendant dépêché par le Tribunal administratif de Melun, venu constater la situation avant et qui reviendra après pour faire un état de la situation. Dans le cas du sentier des Marins, une vingtaine de maisons ont fait l’objet d’un référé préventif, mais les nuisances ont été au-delà de ce périmètre, nous avons donc lancé une campagne de constats amiables. Les riverains devront faire appel à leur assurance qui diligentera une expertise sur place à laquelle qui nous assisterons. Ce sera ensuite expert contre expert pour décider qui est responsable. Dans tous les cas, nous n’abandonnons pas les gens”, pointe Mathieu Mallet. La question qui risque en revanche de se poser est celle du temps de réactivité à partir du moment où la balle est dans le camps d’experts en assurance…
Les riverains réclament également une indemnisation liée au préjudice constitué par les nuisances. Pour l’heure, des discussions amiables sont également engagées. Ces mesures d’indemnisation “en compensation de l’altération du cadre de vie” devraient porter sur une durée de 22 mois à compter du 1er avril 2018. “Cette procédure d’indemnisation devra être rendue transparente pour être pleinement acceptée par l’ensemble des riverains : règles de choix des pavillons sélectionnés, publication des règles présidant à l’élaboration des « protocoles individuels » et contenu standard“, insiste le collectif de riverains qui se méfie de discussions exclusivement bilatérales et rappelle que “depuis le démarrage des travaux et suite aux nombreux signalements et plaintes récurrentes des riverains, la SGP n’a ni renforcé les protections antibruit, ni installé aucun sonomètre en dehors du chantier et a posé le seul géophone côté sud de la voie ferrée très tardivement : le 20 septembre 2018.”
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