La mort, l’amour, l’enfance, les traitements médicaux… Depuis le mois de janvier, des membres du GEM (groupe d’entraide mutuelle entre personnes souffrant de troubles psychiques) de Nogent-sur-Marne se racontent par écrit ou par dessin dans le cadre d’un atelier encadré par une cinéaste et un scénariste. Le résultat : une exposition à découvrir jusqu’au 30 juin à la bibliothèque Cavanna. Rencontre.
«C’était un plaisir de venir tous les lundis, c’est dingue tout ce qu’on peut découvrir les uns des autres. Tous les textes que nous avons écrits ne sont pas exposés. On en a écrit plusieurs puis il y a eu une sélection. Je suis heureux d’être là», témoigne Alain. Yann lit son poème « Je l’aimais » sur la mort de son père : «Je voulais lui témoigner mon amour avec ce texte. J’avais une relation fusionnelle avec mon père, je ne m’attendais pas à ce qu’il parte aussi vite mais beaucoup de gens m’ont aidé à remonter la pente, aujourd’hui il est encore vivant à travers moi.»
Rimes, assonances et allitérations pleuvent et chacun est ému par les petits morceaux de sa vie que tous les auteurs expriment à travers leurs textes. Monique évoque la guerre, la séparation avec sa famille et sa fascination pour les américains avec ses yeux d’enfant. Alain dévoile à travers un texte futuriste sa volonté d’une nouvelle médecine pour les troubles psychiques, Alvaro et Laure partagent des souvenirs d’adolescence.
«Écrire, c’est être capable de sortir quelque chose d’intime de soi et vous nous avez livré des textes forts, et des dessins tout aussi beaux», encouragent les animateurs de l’atelier, Pauline Gay, jeune cinéaste diplômée de la FEMIS et Benjamin Goby, co-scénariste diplômé du conservatoire européen d’écriture audiovisuelle.
Au-delà de la séquence d’écriture, ou des portraits réalisés par l’une des membres, la graphiste Patricia, l’atelier a aussi été le support d’un documentaire que les deux animateurs dévoilent. Trois courts métrages de 5 minutes plongent dans le quotidien de quatre des membres du Gem. Laure montre son chat Gypsy, et parle de l’univers des hôpitaux psychiatriques. «Le premier établissement où je suis allée, c’était un peu comme un camp de vacances, je n’en garde pas de mauvais souvenirs. Mais le deuxième hôpital, c’était l’enfer, on m’a enfermée dans une pièce, gavée de médicaments, je perdais la boule!» Dominique et Alvaro racontent avec une émotion contagieuse leur histoire d’amour hors du commun, plus forte que la maladie et la différence d’âge. Yann, au milieu de sa collection de CD, confie son amour du rock, son attachement à son père, son amour pour Nathalie, la mère de son enfant dont la garde leur a été retirée.
Les textes et portraits sont à voir jusqu’au 30 juin à la bibliothèque Cavanna, au 36 boulevard Galliéni à Nogent-sur-Marne. Le documentaire sera projeté au festival Art Convergence à Paris.
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