C’était l’annonce phare des voeux de Jean-Pierre Spilbauer, maire de Bry-sur-Marne, ce samedi 27 janvier. Les Studios de cinéma de Bry, qui ont failli disparaître purement et simplement il y a quelques années, vont être reconstruits dans des proportions identiques et même augmentés de deux plateaux. Explications et enjeux.
Pour rappel historique, les Studios de Bry (en réalité situés à cheval entre Villier et Bry), créés par la SFP dans les années 1980 suite à l’éclatement de l’ORTF, et repris par Euro Media Group en 2001 (lire article récapitulant l’historique), avaient été vendus en 2014 à un investisseur immobilier, la société Nemoa, avec une clause de non concurrence empêchant la poursuite d’activités liées à la production cinématographique au-delà de la période d’exploitation prévue dans le bail afin de ne pas faire de concurrence avec d’autres studios d’Euro Media, notamment au sein du pôle cinéma de Saint Denis. Du côté des professionnels, la rébellion s’organise, car les Studios de Bry ne manquent pas de clients et ils sont particulièrement appréciés des décorateurs en raison des larges espaces à disposition pour construire sur place les décors à côté des plateaux. Les Studios disposent aussi d’espaces de reconstitution en extérieur (les backlots). Dès juin 2014, les professionnels lancent une pétition, soutenus par des artistes. En parallèle, les élus locaux s’attellent à éviter la transformation du site en logements en s’appuyant sur leur PLU (plan local d’urbanisme) qui impose de l’activité économique. Après plusieurs cycles de négociations, à la fois avec le promoteur qui n’a rien contre le cinéma mais a acheté les terrains pour les valoriser, et avec Euro Media pour mettre fin à la clause de non concurrence, une issue est trouvée en mars 2015 avec la reprise de l’exploitation par le groupe Transpalux, qui connaît déjà les studios. Depuis, l’activité a repris, dans un contexte général propice à l’activité cinéma en raison de la mise en place en France d’un crédit d’impôt comparable aux pays voisins, début 2016, qui a ralenti l’hémorragie des tournages ailleurs, en Belgique notamment.
Nexity rentre en scène
A l’été 2017 toutefois, l’investisseur qui avait racheté le site, Nemoa, est repris par Nexity, puissant promoteur très présent sur les parcelles qui entourent les futures gares du Grand Paris Express, ce qui est le cas des Studios de Bry posés à proximité de la future gare de Bry-Villiers-Champigny qui interconnectera la 15 Sud et le RER E. De quoi reposer la question de l’avenir global du site et de sa valorisation. Le bail accordé à Transpalux ne court en effet que pour dix ans et les studios, même s’ils ont bénéficié d’une réfection partielle, sont vieillissants et ont des problèmes de mises aux normes. Comment préserver ce fleuron du cinéma, renforcer l’activité économique sur place, et composer avec la pression foncière de ce site voisin du Grand Paris Express ?
Une extension pour s’imposer dans le Grand Paris des tournages
C’est l’équation sur laquelle planchent élus et promoteurs. Ce samedi 27 janvier, le maire de Bry-sur-Marne en a dévoilé la solution à l’occasion de ses voeux, en annonçant la reconstruction des studios de Bry, qui sont en réalité actuellement situés dans la partie Villiers-sur-Marne du site, dans sa partie Bry-sur-Marne, avec en prime deux plateaux supplémentaires. Une proposition faite par Nexity et qui doit désormais être confirmée par des études complémentaires. De quoi éviter un arrêt d’activité car les ancien studios, dont le taux de remplissage dépasse les 80%, ne seront détruits qu’une fois reconstruits à côté. Les nouveaux studios, qui seront alors vraiment à Bry, compteront donc une dizaine de plateaux. Le backlot (les décors extérieurs) sera également réinstallé. Ce renforcement du pôle de tournage dans l’Est parisien devrait bénéficier à la fois de la fermeture des Studios de Boulogne et de la moindre activité de ceux de Saint-Denis en raison des JO, certains studios devant être réquisitionnés pour étendre le village olympique. “Sur la partie Villiers, seront développés des bureaux pour accueillir des startups et entreprises annexes au cinéma. L’Ina (Institut national de l’audiovisuel) va aussi s’agrandir et les entreprises qui travaillent avec cette institution souhaitent s’en rapprocher“, indique pour sa part Jacques-Alain Bénisti, maire LR de Villiers-sur-Marne.
Un programme de logements pour équilibrer le projet
Un investissement de 72 millions d’euros, en partie porté par Nexity, qui ne se fera pas sans contrepartie, laquelle devrait passer par des programmes de logements que le promoteur souhaiterait développer sur le reste du site qui compte au total 11 hectares (dont 6,5 sont actuellement occupés par les studios). Aucun chiffre ni précision sur les emplacements n’a toutefois été précisé pour l’instant.
Etude en cours
Pour l’heure, Nexity a commandité une étude à Éric Garandeau, ancien président du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), pour évaluer les modalités de développement de ce grand pôle de développement économique autour du cinéma. En termes de calendrier, le projet devrait plutôt voir le jour aux alentours des années 2020.
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