Justice | | 28/09/2018
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La CGT au tribunal contre le communiqué au vitriol d’élus de Villejuif

La CGT au tribunal contre le communiqué au vitriol d’élus de Villejuif

Ce mardi au tribunal de Créteil, ils étaient plusieurs dizaines d’agents de la mairie de Villejuif, représentants de la CGT et élus d’opposition à assister à l’audience concernant une plainte de la CGT contre un communiqué au vitriol de 17 élus de la majorité publié en mai 2016. 

Au printemps 2016 déjà, les territoriaux de la Cgt avaient fait part de leur malaise et dénoncé des stigmatisations, s’en ouvrant notamment par une lettre ouverte au maire et dénonçant une chasse aux sorcières depuis le changement de couleur politique de la ville en 2014, passée d’une majorité de gauche menée par une maire PCF à une majorité plurielle menée par un maire LR. “Certains ont été placardisés, d’autres n’ont plus bénéficié des avancements de carrière auxquels ils pouvaient prétendre. Une liste noire a été dressée contre les salariés encartés”, confie Vincent Ginsburger-Vogel, secrétaire général des cadres Cgt de Villejuif, avant l’audience.

“Nous sommes victimes d’un amalgame entre activités syndicales et politiques. Si l’on en croit la majorité actuelle, nous étions dociles lorsque la municipalité était communiste, alors que nous nous sommes battus lors des précédentes mandatures lorsqu’il a fallu défendre les droits des agents”, insiste un agent syndiqué, alors que des élus comme le conseiller d’opposition LREM Philippe Vidal et le chef de file PCF de la ville Pierre Garzon, ont fait le déplacement au tribunal pour soutenir les agents.

En réponse à ces fonctionnaires qui livraient leur malaise au grand jour, 17 élus de la majorité avaient publié un communiqué accusant la CGT de vouloir “continuer à régner sur le syndicalisme municipal en centrale unique” et influencer la mairie pour promouvoir les encartés et faire stagner les non syndiqués. Sur deux pages, les élus dénonçaient des prises de congé trop nombreuses pour enfant malade, des heures de grève rémunérées, l’utilisation de véhicules municipaux sans autorisation, ou encore la mise en arrêt de travail pour refuser d’exécuter certaines tâches. Et les élus de féliciter ensuite les autres “agents efficaces et consciencieux”.

“Ce communiqué a sonné un second coup de semonce après le changement de nom de la place Georges Marchais, cela a été une étape supplémentaire pour cette collectivité à l’héritage politique non assumé”,  résume une ancienne directrice de service qui a quitté la mairie de Villejuif. Comme elle, ils seraient une centaine d’agents et de cadres territoriaux a avoir abandonné leur emploi, d’autres seraient en arrêt maladie. “Nous avons vraiment pris conscience à ce moment là que le nouvel exécutif avait l’intention de faire le ménage parmi le personnel”, pointe Nadia Aït-Amer Courgeau, secrétaire générale des salariés Cgt de Villejuif.

De la diffamation pour les syndicalistes qui ont rapidement porté plainte contre X. Or, ce mardi, aucun des signataires du communiqué n’était présent devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Créteil. Si la plainte a été déposée contre X, l’ordonnance de renvoi devant le tribunal a considéré qu’il fallait juger le président de l’association de soutien à la majorité municipale, responsable d’avoir publié sur le site “Nouvelle dynamique pour Villejuif” le texte en cause. “C’est le procès de la lâcheté des 17 signataires de ce texte d’inspiration vichyssoise, désignant à la vindicte de la population ses agents municipaux !”, s’est emporté l’avocat des deux unions syndicales parties civiles.

La défense de la partie civile se retourne contre elle

Pour motiver que l’accusation du communiqué n’était pas fondée, quatre anciennes fonctionnaires territoriales de la mairie de Villejuif se sont succédé en qualité de témoin devant les juges. Pour la présidente, l’appartenance ancienne de la plupart des témoins à la Cgt ne leur permettait pas de prêter serment. Elles ont donc été entendues pour de simples déclarations dont la valeur probante est considérée moindre.

“Tous les ans, les ressources humaines sortent un tableau des promouvables. Ils recueillent divers avis consultatifs des directeurs, chefs de service et représentants du personnel avant que les dossiers soient soumis à la CAP, un organisme paritaire objectif. Nous savions que si nous soumettions une vingtaine de dossiers, seulement 3 seraient sélectionnés par la commission parce que leurs critères sont très stricts. Un tri était donc réalisé pour ne proposer que les dossiers dont nous étions sûrs qu’ils soient recevables”, a expliqué une ancienne employée qui siégeait au comité d’hygiène et de surveillance de la collectivité.

“En matière de diffamation, il faut des faits précis et déterminés et là, la partie civile me sert sur un plateau des témoins qui indiquent que des avis consultatifs étaient émis par les délégués syndicaux”, a rétorqué l’avocate de l’informaticien de Villejuif ayant publié le communiqué, plaidant la relaxe de son client.

Considérant que ce litige n’avait pas d’intérêt public et n’intéressait que les deux parties au procès, le parquet n’a fait aucune réquisition, s’en remettant au jugement du tribunal qui a été mis en délibéré pour le 6 novembre.

 

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