La championne olympique de boxe Estelle Mossely, qui a fait ses armes au Red Star Club de Champigny-sur-Marne, était de retour dans sa ville ce vendredi 9 février pour lancer l’initiative, “Boxer les préjugés” au collège Lucie Aubrac. Objectif : faire du sport un vecteur d’égalité entre les femmes et les hommes.
Après quelques exercices d’étirement et de l’aéroboxe (porter des coups dans le vide), les élèves du collège Lucie Aubrac enfilent des gants et se placent dans un petit ring où les attend Estelly Mossely. La championne campinoise leur explique comment se débrouiller pour toucher l’adversaire sans s’exposer à la riposte. “Restez toujours en mouvement sur vos appuis, et gardez vos bras devant votre visage”, insiste-t-elle. De petits combats s’improvisent entre les collégiens, parfois en mixité. Une jeune femme tient en respect le garçon qui tentait de la désarçonner. Elle en sourit, sans trop se prendre au sérieux.
C’est à peu près au même âge que Estelle Mossely s’est présentée pour un essai au Red Star Club de Champigny. “C’était à la salle René Rousseau que nous occupions avant de venir aux Mordacs. Il y avait une part d’inné dans sa façon de boxer. Elle avait acquis de façon instinctive la technique et le contrôle de soi”, se souvient Daniel, son premier entraîneur en boxe éducative. “J’étais l’unique fille à m’entraîner dans ce club, il n’y avait pas de vestiaire pour moi mais je ne me suis pas arrêtée à cela. J’ai oublié que j’étais toute seule en me focalisant sur l’entraînement et la compétition”, explique la boxeuse qui a depuis empilé un impressionnant palmarès.
Le succès sur le ring de la jeune campinoise lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016 a mis des étoiles dans yeux de beaucoup d’autres jeunes qui se sont précipitées dans les clubs de boxe près de chez elles. “C’est une discipline qui a longtemps pâti d’une mauvaise réputation. Grâce à Estelle, les parents sont rassurés. Ils se rendent compte que l’on peut être boxeuse et rester féminine. Il m’arrive d’entraîner des jeunes femmes et des jeunes hommes mal dans leur peau et que la boxe métamorphose. Il y a tout un aspect mental dans ce sport qui fait parfois l’effet d’une thérapie”, explique Faima Slimani, professeur de boxe au Red Star qui travaille dans une structure sociale du quartier des Mordacs.
Malgré l’enthousiasme suscité par la championne campinoise, les jeunes femmes restent pourtant très minoritaires. “Dans les catégories de jeunes, la proportion de filles et de garçon est à peu près égale. C’est au moment de l’adolescence qu’un certain nombre de jeunes femmes arrêtent le sport, malgré une politique volontariste pour promouvoir cette pratique. Sur les 6300 licenciés du Red Star Club de Champigny, nous avons environ 30% d’adhérentes”, illustre Philippe Sudre, président de la section Judo du Red Star et maire-adjoint de Champigny.
C’est pour infléchir cette tendance qu’Estelle Mossely a lancé il y a deux ans l’observatoire européen du sport féminin qui met en place des actions pour déconstruire les stéréotypes de genre constituant des obstacles à la poursuite de la pratique sportive.
L’initiative Boxer les préjugés, portée par la championne et par le Conseil départemental du Val-de-Marne, prévoit plusieurs rencontres de ce type tout au long de l’année.
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