D’ici quelques mois, début 2020, c’est dans le lumineux espace Aimé Césaire, face à la rivière, que se déploiera le Musée de la Résistance nationale (MRN) de Champigny-sur-Marne.
Sur 1 000 m2 d’exposition répartis en trois niveaux, le nouveau site incarnera la Résistance de manière la plus vivante possible pour relever le défi de la transmission de cette histoire et de cette mémoire aux futures générations.
« On veut montrer que la Résistance n’est pas quelque chose de théorique. C’était des hommes et des femmes vivant dans des conditions extrêmement difficiles. La Résistance, c’était la vie », résume Georges Duffau-Epstein (photo), fils du résistant Joseph Epstein et président de l’association des Amis du Musée de la Résistance nationale de Champigny.
« Le visiteur sera l’acteur de sa visite. Il y aura de nombreux dispositifs scénographiques qu’il faudra ouvrir pour découvrir ce qui est caché à l’intérieur. Il y aura quelques fac-similés mais aussi beaucoup d’originaux », indique Julie Baffet, chargée de la communication et des éditions du musée. « Dans les salles, il y aura des écrans tactiles et des projections sur les murs. Les gens seront en immersion », ajoute Georges Duffau-Epstein. L’auditorium de 120 places prolongera les espaces d’exposition d’un lieu pour les conférences.
Depuis que l’idée d’un musée de la Résistance a cheminé dès les années 1960, portée à l’époque par d’anciens résistants et amis de résistants comme l’Anacr (Association des anciens combattants et des amis de la résistance), la collection, d’abord constituée de pièces données par les cheminots d’Ivry-sur-Seine, s’est énormément enrichie, passant de 250 000 pièces en 1985, lors de son inauguration dans un ancien hôtel particulier des hauteurs de la ville, au 88 de l’avenue Marx Dormoy, à plus d’un million aujourd’hui, dont le manuscrit du poème Liberté de Paul Éluard ou la dernière lettre de Guy Môquet. Le musée de Champigny a aussi fait des émules, essaimant sur l’ensemble du pays pour constituer un réseau de 19 musées.
Une riche collection, comprenant notamment 300 000 photos, qui permettra une rotation active des pièces pour animer les espaces et proposer des expositions thématiques. Le site historique du musée, l’espace Crémieux-Brilhac, restera pour sa part consacré à la recherche et la conservation de ces collections.
La nouvelle exposition permanente se déroulera chronologiquement sur deux étages. Au rez-de-chaussée, la visite commencera par la défaite française de 1940 avant de mettre le projecteur sur trois acteurs : l’État français sous le régime de Vichy, les Allemands et la France libre.
Les pionniers de la Résistance seront à l’honneur avec trois salles dédiées aux différentes formes d’engagement dans la lutte jusqu’en novembre 1942. Le musée s’appuiera sur la presse pour décortiquer l’occupation de la zone libre menée par Hitler en réaction à l’invasion de l’Afrique du Nord : les premières actions armées, la dénonciation de travail forcé… Moitiés de carte-postales découpées afin que les résistants se reconnaissent lors de leur rencontre, journaux, photographies, armes, objets de la vie quotidienne… incarneront ces espaces.
L’unification de la Résistance sera présentée au premier étage, suivie d’un focus sur la répression des résistants (l’internement, la déportation, les fusillades…). A voir notamment, les aquarelles et dessins réalisés par le résistant et peindre Boris Taslitzky à Buchenwald et les pièces que Geneviève de Gaulle a rapportées de sa déportation à Ravensbrück, comme la petite poupée faite par Jacqueline Péry d’Alincourt à l’époque où la résistante et nièce du général de Gaulle était enfermée au bunker.
La grande salle qui se prolonge sur la Marne sera consacrée à la marche vers la libération française et, enfin, à la libération elle-même.
La visite s’achèvera par l’évocation artistique de cette période, avec des œuvres graphiques dans l’auditorium et des sculptures dans l’escalier. Les quatre portraits des résistants panthéonisés – Germaine Tillion, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay -, réalisés par Ernest Pignon Ernest, seront en bonne place. Le peintre a ajouté un cinquième portrait à la collection donnée au musée, celui du résistant arménien Missak Manouchian, symbole de la participation des étrangers à la Résistance française.
Jusqu’à l’inauguration du nouveau site, le musée ouvre de façon exceptionnelle et sur rendez-vous pour les groupes.
Plus d’infos : https://www.musee-resistance.com/
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J’avais visité l’ancien musée, méconnu et très intéressant, qui rendait bien compte de ce que fut la résistance.
Le nouveau musée est prometteur, le bâtiment très beau, et construit sur pilotis il sera protégé des inondations.
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