Reportage | | 22/11/2019
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A Créteil, une école sur-mesure pour réinsérer les jeunes qui ont dérapé

A Créteil, une école sur-mesure pour réinsérer les jeunes qui ont dérapé © Fb

Cette année, neuf collégiens du Val-de-Marne n’ont pas démarré l’année scolaire avec leurs camarades habituels. Depuis le mois de septembre, ils suivent des cours au sein de l’unité éducative d’activités de jour (UEAJ) de Créteil.

Pendant huit semaines, ces adolescents, qui ont écopé de mesures ou sanctions éducatives par un juge, bénéficient du dispositif des classes-relais. Une mini-école sur mesure visitée ce jeudi par la ministre de la Justice.

Située dans le bâtiment de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) près de Créteil-Village, au-dessus du restaurant d’application, cette petite école dispose d’un enseignant mis à disposition par l’Education nationale et d’un assistant d’éducation, épaulés par un éducateur de la PJJ. Objectif: re-scolariser et re-socialiser ces gamins qui sont sortis de la route par la délinquance.

Dans le studio d’enregistrement de l’unité, deux garçons griffonnent un texte et gardent à portée de main deux dictionnaires, un usuel, et un autre spécialisé dans les rimes. «C’est l’un de nos modules. Nous leur demandons d’écrire un texte dans lequel ils racontent leur vie pour les enregistrer ensuite sur un fond musical. Cela permet aussi de les faire travailler sur l’expression écrite et orale», explique l’éducateur.

Un autre exercice cathartique se déroule à quelques mètres de là dans une salle de classe. Les adolescents sont invités à élaborer une trame temporelle sur laquelle ils décrivent les événements qui ont marqué leur jeune existence. Sur le tableau, un jeune homme s’est prêté à l’expérience et décrit un parcours difficile. Il a perdu son père dans un accident à l’âge de cinq ans et a été vivre chez ses grands-parents. En difficulté dès le CP, il redouble le CE1, puis retourne vivre avec sa mère qui a refait sa vie et eu un autre enfant. Il s’adapte difficilement à son nouvel établissement, cumule les absences et les incidents. Au collège, l’ado est exclu temporairement puis définitivement. Ce matin, il dit qu’il a retrouvé la paix. Il écrit qu’il souhaite apprendre le métier de menuisier.

Grâce à ces cours mêlés à des activités plus ludiques, ces neuf jeunes devraient pouvoir réintégrer leur établissement scolaire de rattachement au retour des vacances de Noël. Selon l’Education nationale, ces dispositifs de classes relais qui s’adressent à tous les publics risquant le décrochage scolaire, permettent 90% de retour au collège.

Internet coupé en raison des méandres ministériels

A l’occasion des 30 ans de la Convention Internationale des droits de l’enfant, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet est venue visiter ce jeudi l’UEMO de Créteil avant de déjeuner au restaurant d’application de l’institution le midi. En discutant avec l’un des enseignant de la structure, la garde des Sceaux apprend que l’unité n’a plus d’accès à internet depuis septembre et doit donc se passer de cette ressource et trouver d’autres moyens de faire travailler les jeunes, comme avec de bon vieux cd-roms. «C’est le ministère qui bloque ?», demande la ministre. «Non, Orange nous a coupé la ligne pour un défaut de paiement. Nous devions renouveler le contrat mais la mise en place d’un nouveau service facturier à la demande du ministère des finances publiques a compliqué la procédure»,explique un représentant de la PJJ.

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